Patrimoine
religieux et funéraire
Cette page rassemble et
développe des informations sur le patrimoine
religieux et funéraire, parsemées dans les pages Histoire de ce
site.
À
l'époque romaine
Parmi les étymologies avancées pour le nom Harimala, sous lequel le
village de Hermalle-sous-Huy est cité en 779, on trouve le
nom de la déesse germanique de la guerre Harimella.
Harimella
Est
une
déesse germanique de la stratégie et de la
tactique, dont
subsiste pour unique
souvenir une Pierre
de consécration
(pierre
votive) trouvée dans la zone du temple du fort
romain de
Blatobulgium/Birrens, un fort
d’avant-poste du
mur d’Hadrien. Ce mur de ±
120 km,
construit en
122-127 après J.-C., a constitué jusqu'au V e
siècle la frontière nord de l’empire
romain en
Angleterre.
Ce fort fut construit par des légionnaires de la cohors II Tungroreum…
venant du pays des Tongres.
La pierre porte l'inscription
DEAE
HARIMELLAE SACRUM
GAMIDIAHUS
ARCHITECTUS
VOTUM
SOLVIT
LIBENS
MERITO
Traduction
:
Offrande
à la déesse Harimella.
Gamidiahus,
architecte / trésorier / gardien des armements (?),
s'est acquitté de
son vœu, de bon gré, comme il se doit.
Les scientifiques s’accordent à dire que le
donateur se
réfère à une déesse
qu’il a
adorée dans sa région
d’origine…
|
Haut Moyen Âge
Il est intéressant de noter que divers auteurs (dont
le
Baron de Reinsberg-Düringsfeld) citent un Jean de Hermalle,
né en 600 et devenu propriétaire de mille
hectares
à l'orée du bois de Tihange et le long de la
Meuse.
La tradition dit que ce
propriétaire-agriculteur aurait reçu la
visite, dans
son champ, d'un pèlerin lui annonçant
qu'il
deviendrait évêque.
Incrédule, Jean aurait
répondu, en fichant en terre un bâton qu'il tenait
«
Ce bois sec portera fruits plus tôt que ne s'accompliront tes
paroles. » Aussitôt le bâton
se serait couvert de feuilles, de fleurs qui se seraent
transformées en
fruits (les pommes de
Saint-Jean bien connues dans la région).
La
tradition indique aussi que la mère de Jean de Hermalle
aurait
fondé le monastère des Dames blanches
à
Maastricht.
La vie de Jean de Hermalle a
été
relatée par l'historien et mathématicien Hériger
de Lobbes (vers 925-1007) ; Hériger
précise qu'il emprunte
l'histoire du saint à la tradition : «
cujus
vitam et gesta, ut auditu tantum et relatione a majoribus et aetale
provectioribus accepimus, nos quoque perpaucis absolvamus
». (Gesta, chap. XXIX - traduction).
Dans la réalité, Jean fut nommé, par
le
roi Dagobert,
évêque de
Tongres (après Saint Ébrégise et avant
Saint
Amand) ; il fut appelé Dj'han
l'Ognê (Jean
l'Agneau) en raison de la
douceur
de son caractère et malgré sa grande taille (un
de ses
tibias de 53 cm de long constitue
une relique de l'église de Nassogne).
Il
mourut le 25
juillet 637 et son corps fut transféré en 1230
dans la
chapelle des saints Cosme et Damien qu'il avait fait construire au
château de Huy. Il est toujours
vénéré par
la
population hutoise qui le fête le 25 juillet.
Tableau représentant Saint Dj'han
l'Ognê
dans l'église Ste-Marguerite de Tihange © Freddy de Hosdent
Pour mémoire, le VIIe
siècle est nommé en Europe
le siècle
des saints, même si le culte de certains et
certaines fut promu par des membres de leur famille soucieux de
renforcer les droits d'un sang noble par la
légitimité d'un patronage spirituel.
Chrodoara en est un exemple : Issue d'un
célèbre lignage, probablement
grand-mère de la
célèbre abbesse d'Oeren, devenue veuve
après
avoir eu des enfants, elle se retira dans une fondation pieuse pour y
achever ses jours. Peut-être en fut-elle abbesse…
Elle
mourut en 634 et fut élevée au rang de sainte
sous l'appellation Ode au
VIIIe
siècle. On peut admirer son superbe sarcophage,
découvert en janvier 1977, dans la collégiale
Saint-Georges d'Amay,
ville que selon la
légende elle fonda sous le nom de Sainte-Ode.
Buste de Chrodoara (dite Ode) au pignon de son sarcophage,
dans la collégiale
Saint-Georges-et-Sainte-Ode d'Amay, © Okapi07
À
la colline du Thier d'Olne de Hermalle-sous-Huy
Les fouilles entreprises depuis 1985 par le cercle
archéologique Hesbaye-Condroz ont contribué au
classement de cette colline comme site historique. Elles ont
mis en évidence l'existence d'un habitat et de trois lieux
de culte en un même endroit, pour trois époques :

|
Du Ve au VIIIe siècle,
sous les Mérovingiens
Dans un enclos, un mausolée
comporte
- une trentaine de tombes
- deux
sarcophages monolithes
trapézoïdaux en pierre calcaire de Runelange
(près de Esch-sur-Alzette) à motifs
chrétiens qui devaient être
des sépultures
aristocratiques
À l'extérieur se trouvent d'autres
tombes.
Un autel y fut ajouté. |
D'autres
sépultures ont été mises en
évidence en
dehors de l'enceinte palissadée. Les squelettes subsistant
indiquent une population franque. La
présence de motifs chrétiens sur l'un des
sarcophages laisse penser
qu'une partie au moins de la population est déjà
christianisée.

|
Du VIIe au IXe
siècle,
sous les Carolingiens
Une chapelle
à chœur carré remplace le
mausolée.
Les murs sont peints.
Il existe un
vitrail de verres colorés. |
Dans
la seconde moitié du VIIIe
siècle, le mausolée est supplanté par
une chapelle
chrétienne à chœur carré
construite avec un
soin particulier : murs de pierre recouverts d'enduits peints, et
vitrail de verres colorés ce qui est exceptionnel dans nos
régions. Les tombes subsistantes contemporaines de cette
chapelle sont celles d'enfants et d'adolescents.

|
Aux IXe ou Xe siècle
Un palais
remplace l'habitat précédent.
Une église
de
21 m de long sur 6,50 de large remplace la chapelle.
Elle est séparée du palais
par une cour bordée d'un mur au sud-est.
Le site est
abandonné entre le Xe
et le XIe
siècle. |
Dans
le fossé qui borde le complexe palatial au nord-ouest, les
chercheurs ont trouvé, notamment, une croix pendentif en fer
haute de 7 cm, recouverte de plaques d'argent et qui fut sans doute
été ornée de pierres
précieuses.
La
fonction funéraire du mausolée et de la chapelle
antérieure devient secondaire pour l'église
carolingienne, répondant à
l'accroissement des fidèles avec le statut
d'église
paroissiale. Seules quatre tombes (soit des propriétaires
des
lieux, soit de membres du clergé) ont
été
retrouvées dans le fond de la nef.
Ce
centre domanial fut abandonné - sans traces de destruction
violente - aux environs de l'an mil au profit d'un autre lieu
élevé, le rocher d'Engihoul (à Clermont-sous-Huy),
sans doute plus propice à la construction d'un
bâtiment
fortifié qui permet aussi le contrôle de la Meuse
et
où l'existence d’un castrum est attesté
en 1062 :
il s'agit de celui qu'on appelle couramment le château des comtes
de Clermont dont descendent les seigneurs de Hermalle
(vous trouvez leur généalogie
ici).
Situation géographique du site du
Thier d'Olne, de Hermalle-sous-Huy et d'Engihoul où se
trouve le château des comtes de Clermont.
Le plan de ce château se base sur des documents des
Chercheurs de la Wallonie (1975).
Il
semble bien que le centre
paroissial du Thiers d'Olne ait été
transféré à
2 km de là, au
milieu du village de Hermalle-sous-Huy (qui, pour rappel, remonte
à l'an 779) car on n'a pas trouvé trace d'un
espace religieux sur la forteresse
d'Engihoul.
Celle-ci dut être édifiée par Widrich
Ier,
comte de Clermont mort vers 1062, un descendant de Charlemagne
à la 8e
génération.
De la fille de ce
Widrich Ier, Ermengarde,
descendent
les comtes de Montaigu et Clermont (par son premier mariage) ET les
seigneurs d'Hermalle (par ses secondes noces) qui ont joué
un grand rôle dans notre région – voir
notre liste des seigneurs de Hermalle.
Seigneurs puissants et riches, ils soutiendront de
différentes façons l'Église par des
donations ou des ventes, par leur soutien direct à la
fondation de
couvents ou monastères comme celui de Flône sis
sur la rive gauche de la Meuse (face à Hermalle), par leurs
conseils à d'autres nobles pour qu'ils fassent des dons ou
des legs, ou par leur
participation aux croisades qui débuteront en 1095.
Hermalle va devenir en tout cas le centre d'une paroisse fort
étendue, sur
la rive droite de la Meuse, allant de la limite d'Ombret et de Rausa
à l'ouest au rocher d'Engihoul et à Neuville
à
l'est, jusqu'au plateau du Condroz au sud.
D'Hermalle dépendaient :
- l'église
de
Villers-en-Condroz, actuellement Villers-le-Temple,
- la
chapelle de
Neuville-en-Condroz, actuelle église Sainte-Marie,
- la
chapelle de
Chantemerle à Halledet-sous-Clermont,
- la
chapelle de
Sainte-Barbe-sous-Clermont, devenue l'église Sainte-Barbe
aux Houx [Jansen].
Vers 1070, dans l'église de Saint-Martin de Hermalle,
trônait…
peut-être…
Pourquoi
écrire « trônait…
peut-être » ?
Parce que nous n'en
savons rien !
La Madone de
Hermalle-sous-Huy :
Sedes sapientiae de
Hermalle-sous-Huy, circa 1070
actuellement aux Musées royaux d'Art et d'Histoire du
Cinquantenaire à Bruxelles
© José Antonio Tolosa.
Le
Musée
royal d’Antiquités, d’armures et
d’artillerie
(devenu les
Musées d'Art
et d'Histoire du Cinquantenaire) l'a acquise en 1861 au collectionneur,
passionné d'Égypte ancienne, rentier
dès ses 21
ans, conservateur du musée de l'Institut
archéologique
liégeois en 1855-56 et homme
politique belge… Gustave Hagemans. Le catalogue de 1878
indique
simplement qu’elle a été
« Trouvée
au château d'Hermalle, près de Huy
», ce qui a justifié son nom : la Madone de Hermalle.
Sa taille modeste (58 cm de haut) devait être en rapport avec
celle du lieu qui lui servit d'écrin.
Même si on ne sait quand il l'a trouvé, ni
d'où elle venait…, cette statue fait rayonner le
nom de
notre village dans le monde entier car c'est l'une des plus anciennes
statues mosanes conservées en Belgique.
Les Sedes
ont provoqué sur les fidèles de leur
époque un
effet sans
commune mesure avec celui qu'elles provoquent aujourd'hui. Donnant
l'illusion de la présence du personnage
représenté, elles fascinaient
littéralement les
croyants – et d'autant plus lorsqu'elles constituaient des
reliquaires.
Pour comprendre cela, il faut se rappeler l'importance et l'influence
de la religion chrétienne à ses débuts
:
« Tu
ne te feras aucune image sculptée, rien qui ressemble
à
ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre,
ici-bas, ou
dans les eaux au-dessous de la terre »
Exode
20,4
Cela explique que la statuaire ne faisait
pas partie des arts ; d'autant plus pour les peuples
migrants comme les Germains qui privilégiaient un art
« utilitaire » ciblant les armes, les
outils, les
bijoux.
Les populations de nos régions n'ont donc pas eu d'exemples
de
statues sous les yeux avant le VIII e
siècle, où la
sculpture leur est d'ailleurs apparue d'abord sous forme de bas-reliefs
méplats sur les couvercles de
sarcophages (comme celui de Chrodoara, à Amay).
Au X e
siècle, à
l'époque dite préromane ou
« ottonienne », la sculpture en
ronde-bosse renait avec les Sedes
Sapientiae et les Christ en croix, qui constituent des
statues en trois dimensions détachées de tout
fond.
Ces Sedes sapientiae –
Trônes de la Sagesse, en latin – sont des
vierges à l'enfant de style hiératique, le Christ
étant représenté petit mais adulte,
bénissant d’une main et tenant un livre de
l’autre, incarnant la sagesse éternelle alors que
la
Vierge elle-même constitue
son trône.
La « nôtre », de proportion
élancée, les pieds en position verticale,
austère mais
ébauchant un sourire, est
caractéristique de la production mosane de la
deuxième moitié du XI e
siècle.
Haute de 58 cm, elle est en aulne polychromé et
doré, le
bois
ayant été « recouvert
d’une enveloppe de
toile enduite d’une couche de plâtre, peinte
à
l’encaustique et relevée d’Or
» [catalogue].
Quant
à la structure :
L'œuvre se compose de plusieurs pièces :
- La Vierge, le bas et l'avant du
siège sont taillés dans une seule
pièce de bois d'aulne ;
- L'enfant est sculpté dans une
autre pièce du même bois et fixé par
une cheville ;
- Les mains des personnages devaient
être
rapportées, de même que les pieds
arrière et le
dossier du fauteuil original ;
- Ce dernier fut remplacé par un
siège à quatre pieds.
D'après les photos de l'IRPA
: trône 1977, Vierge
et Christ isolés 1972, ensemble
1927.
Quant
aux symboles :
- Vierge
en majesté
: assise de face sur un trône, la statue décrit
Marie
comme la mère de Dieu, le temple du verbe
incarné, le
trône de Dieu depuis le concile de 431 ;
- Sedes
sapientiae
: Marie constitue en elle-même le siège de la
sagesse que
représente l'Enfant-Dieu, nouveau Salomon. Elle tenait
probablement de sa main droite un sceptre, symbole de la puissance de
la « reine des cieux » ;
- L'Enfant-Dieu
est proportionné comme un adulte miniature : c'est le Christ
et
non un bébé. De la main gauche il tient l'orbe,
symbole
du pouvoir, et de la droite il bénit les fidèles
comme
Luc l'indique (24,30) au moment de l'Ascension.
L'œuvre est donc une représentation postpascale.
Quant
aux couleurs :
- Depuis le XIe
siècle,
cette statue a reçu huit
polychromies qui ont été partiellement mises
à
jour par les restaurations de 1951-52 (paraffinage et
dégagement des couches ajoutées
après le XIIIe
siècle hormis pour le visage de la Vierge) et 1972 avant le
prêt de l'œuvre pour l'exposition Rhin-Meuse..
- À l'origine le
vêtement de
Marie était
probablement
jaune et son voile blanc ; le manteau du Christ bleu
parsemé
de
petits cercles rouges, sa robe jaune avec motifs rouges, ses cheveux
noirs. Le bleu indiquait l'humanité, le jaune (ou l'or) la
divinité.
- Telle qu'aujourd'hui, l'œuvre
présente le niveau original pour le visage de la vierge, le 3e
surpeint du XIIIe
siècle pour les vêtements, le 7e
surpeint (indatable) pour la carnation de l'Enfant-Dieu.
Les Hermalliens ont pu la voir exposée dans
l'église Saint-Mengold de Huy, en 2005, à
l'occasion de l'exposition Entre
Ciel et Terre. Les portes du Mystère - L'univers du
sacré.
|
À Hermalle-sous-Huy
En 1182,
l'arrière-petit-fils d'Ermengarde, Conon de
Montaigu et
Duras, offre aux religieux de Flône notre église
Saint-Martin, avec ses dépendances, et la chapelle
Saint-Nicolas
de Clermont à condition de célébrer
chaque jour
une messe en l'honneur de la Vierge. Cinq ans plus tard, il y ajoute la
dime (l'impôt qu'il prélève sur les
récoltes) de Hottine. Il est à la veille de
partir pour
la 3e croisade
(1189-1192)… dont il ne reviendra pas.
Il
avait pourtant eu l'intention d'être enterré dans
l'église de Flône.
Dalles
funéraires
Les dalles funéraires ne constituent pas, en
elles-mêmes,
un patrimoine religieux, mais durant des siècles elles ont
fait
partie du décor des églises et
témoignent du
rapport étroit existant entre le temporel et le spirituel.
D'autres nobles de l'époque lointaine de Conon de Montaigu
et
Duras, ayant offerts à Flône qui une dime
[impôt sur
les récoltes ou un cens [impôt féodal],
qui l'usage
d'un bois ou même une forêt entière, qui
un hameau
et ses terres (comme Hottine en 1262)…, émirent
le
même désir d'être inhumés
à
Flône mais la
réalité des sépultures est
incontrôlable :
l'édifice d'alors disparut au profit
d'une deuxième construction qui existait encore vers 1650
lorsqu'Henri
van den Berck fit le relevé des épitaphes.
La plus ancienne d'entre elles est celle de Ruscela née en
1264,
petite-fille de ce Renard de Hermalle, porte-étendard de la
milice de Liège, dont descend la lignée des
chevaliers
bannerets de notre village :
- Ruscela
de Hermalle : ANNO
AB INCARNATIONE DNI MCC°LX°IIIJ OBIIT RUSSULA DNA DE
HERMALLE IN VIGILIA CONVERSIONIS SANCTI PAULI APOSTOLI ANIMA EJUS
REQUISCAT IN PACE AMEN [En l'an 1264 de l'Incarnation du
Seigneur, Ruscela,
Dame d'Hermalle, est décédée
à la veille de
la Conversion de Saint Paul Apôtre. Que son âme
repose en
paix. Amen.]
On trouve aussi les traces de
- Jacques
de Clermont : HIC
JACET JACOBUS, FILIUS DNI JACOIBI DE CLERMONT, MILITIS, QUI OBIIT ANNO
DNI MCCLXXVII - XIII KL. NOVEMBRIS. ORATE PRO ANOMA EJUS.
[Ici
repose Jacques, fils de Jacques de Clermont, soldat,
décédé en 1277 - 13 Novembre. Priez
pour son
âme.]
- Henri
II de Hermalle : CHI
GIST MESSIR HENRI DE HERMALLE, CHRL, QVI TRESPASSA LAN MCCLXXV LE JOUR
ST GILES. [Ci-git Messire Henri de Hermalle, chevalier,
qui trépassa 1275
le jour de Saint-Gilles]
- Louis
de Hermalle : ANNO
DOMINI MCC OCTUAGESIMO OCTAVO OBIIT DOMINUS LODOVICUS, DOMINUS DE
HERMALLE ANIMA EJUS PER MISERICORDIAM DEI REQUIESCAT IN PACE. AMEN.
ORATE PRO EO. [L'an de grâce 1288, mourut le
seigneur
Louis, seigneur d'Hermalle. Que son âme, par la
miséricorde de Dieu, repose en paix. Amen. Priez pour lui.]
- Henri
III de Hermalle, son épouse Julienne de Haneffe et leur
fille Alix : CHI GIST NOBLE SGR MESSIRE HENRI
DE HERMALLE QUI TRESPASSAT L'AN MCCC XXV, XXV JORS ELLE MOYS DAOUST.
CHY GIST DEMOISELLE JEHENNE FILLE LE PERSANT DE HANEFFE, SA FEME, KI
TRESPASSAT L'AN MCCC XVIIII. CHI GIST AILID LEUR FILHE KI FU FEME A
MONSIGNOR ARNULF HAUT VOET DE HESBAING, SIGNOR DE LUMAIN, KI TRESPASSAT
L'AN MCCCLVI
[Ci-git noble seigneur messire Henri de Hermalle qui
trépassa en l'an 1325, le 25e
jour du mois d'aout – Ci-git demoiselle Julienne fille du
Persant de Haneffe, sa femme, qui trépassa en l'an 1319
– Ci-git
Alix leur fille qui fut la femme de monseigneur Arnould haut
voué de Hesbaye, seigneur de Lummen, qui trépassa
en
l'an 1356].
D'autres nobles sont enterrés dans l'église de
Hermalle comme le prouvent les plates-tombes que nous reproduisons
ci-dessous – la plate-tombe, lame de pierre simplement
gravée,
sans présenter de relief, servait à la fois de
pavement dans l'église et de pierre tombale indiquant
l'emplacement de l'inhumation du cadavre cousu dans un linceul de toile
- rarement de cuir –, donc sans cercueil.
- Marie
de
Wavre, son époux et leur fils – XVe siècle :
CHI GIEST MESIRE ENGLEBIER DE
HACOUR CHEVALIER JADIS SIRE DE HARMALE KI TREPASAT LAN M CCCC ET XV ....
CHI GIST DAME MARIE DE WAVERI SON ESPEUSE IADIT DAME DE HERMALLE KI
TREPASAT LAN M CCCC ET XIX .... CHI GIST JOHANS LEUS FIES KI TREPASSAT
LAN M CCCC ET V LE JOUR S LULZE
[Ci-git
messire Englebert de Hacourt chevalier jadis sire de Hermalle qui
trépassa en l'an 1415. Ci-git
dame Marie de Wavre son épouse jadis dame de Hermalle qui
trépassa en l'an 1419. Ci-git
leur fils qui trépassa en l'an 1405 le jour de saint Jules]
À
g. Le décor recréé par travail
graphique.
À dr. La dalle dressée
verticalement sur le mur nord de la tour de l'église,
à l'entrée du vieux cimetière.
La dalle, en pierre bleue, comportait des incrustations en laiton qui
ont disparu : écussons, mains de dieu, visages, mains
jointes, accessoires vestimentaires, quadrilobes des angles. Ils ont
été recréés symboliquement
au début du XXIe
siècle par le Centre de créativité
engissois.
Les personnages s'inscrivent dans trois portiques – celui de
l'enfant étant moins haut et plus étroit
– composés d'une arcade avec arc
polylobé, reposant sur de fines colonnettes que l'on
retrouve dans la partie supérieure de la dalle
décorée de six écussons.
Au centre, Marie est représentée portant une
guimpe (coiffe descendant le long du cou) et une barbette
(pièce
de lin passant sous le menton pour couvrir oreilles, cou et parfois
menton), une
cotte (visible aux poignets) et un manteau, un chapelet et une
aumônière (bourse portée à
la ceinture,
contenant l'argent pour l'aumône).
Son fils et son mari, aux pieds de
chacun desquels est couché un chien, portent les cheveux
courts et sont armés : le fils d'un poignard, le
père, en armure, manteau et éperons, d'une
épée.
Chaque personne est surmontée d'une
« main de Dieu » bénissante.
L'épitaphe, qui était déjà
difficilement lisible au XVIIe
siècle, était inscrite en minuscules gothiques
sur le pourtour de la dalle pourvue, aux quatre angles, de quadrilobes
incrustés présentant probablement les symboles
des évangélistes.
Cette dalle funéraire, qui a pu être
commandée par Marie entre 1415 et 1419, se trouvait dans
l'église. Elle a été
déplacée à l'extérieur lors
du renouvèlement du carrelage de la nef, sans doute
à
l'époque de cette photo :
© Universiteitsbibliotheek Gent
- Marie
de
Haccourt et Charles de la Rivière – XVe siècle :
À
g. Ce qui reste, en 2025, de la plate-tombe de Marie de Haccourt et
Charles de la Rivière dans l'église de Hermalle.
À dr. Que l'auteur du dessin m'accorde ses excuses : j'ai
omis, il y a longtemps, de noter son nom...
L'épitaphe gravée tout autour de la pierre est :
NOUBLE
HOMME DAMOISEA CHARLE DE LA RIVIÈRE, SAINGOUR DE HEERS, DE
HERMALLE, & DE HORPALLE, QUI TREPASSAT L'AN M. CCCC…[date laissée
incomplète]
CHY GIST DAMOISELLE MARIE DE HACCOUR SON ÉPOUSE QUI
TREPASSAT L'AN M.CCCC.XVII. MOIS DE JANVIER XXIX… [Noble homme damoiseau Charles
de la Rivière, seigneur de Heers, de Hermalle & de
Horpalle qui trépassa l'an 14... Ci-Git demoiselle Marie de
Haccourt son épouse qui trépassa en l'an 1417 au
mois de janvier 29]
Un texte complémentaire entoure l'effigie du jeune homme :
MEMOIRE
DE MESSIRE ENGLEBIER DE LA RIVIERE CHEVALIER LEUR FIS QUI
TRÉPASSAT EN REVENANT DE SAINT SEPULCHRE ENS LE YELLE DE
ROODE & FUT ENSEVELIS EN L'ENGLISE DE ST. ANTOINE L'AN
M.CCCC.XL. LE JOUR SAINS LAMBIER [En mémoire de
messire Englebert de la Rivière chevalier leur fils qui
trépassa en revenant du Saint Sépulcre dans la
ville de Rhodes et fut enseveli en l'église de Saint-Antoine
en l'an 1440 le jour de Saint-Lambert]
DIEUX
AIJET DE SON ARME MERCHIS
CAR
MOULT ESTOIT PROIS ET HARDIS
SI
FUT CORTOIS ET DEBONNAIR
GRACOIS
EN TOUT SON AFFAIRE
PARTANT
EST ILH CHI FIGUREIS
QUI
JAMAIS NE SOIT OBLIES
PRIJES
A
VRAIJE ROI JHESU CRISTE
QUI
MET NOZ ARME EN PARADI. AMEN |
[Que Dieu ait
pitié de
son âme
Car il était fort preux et hardi
S'il fut courtois et débonnaire
gracieux en toutes ses affaires
Partant-passant est-il qu'il
figurait [?]
qui jamais ne soit oublié
Priez le vrai roi Jésus-Christ
qu'il mette nos âmes au paradis. Amen] |
Ces mentions sont trompeuses pour qui ne connait pas l'histoire de
cette époque :
Seule
Marie fut enterrée dans l'église.
Son époux, dont la date de décès
incomplète laisse penser qu'il devait avoir prévu
son inhumation à Hermalle, fut enterré et
représenté en armes, au
monastère de Saint-Jacques à
Liège en 1460.
Leur fils Englebert, décédé une petite
vingtaine d'années avant, en revenant du Saint
Sépulcre, fut enterré à Rhodes
– son nom n'est donc gravé que pour
mémoire [Borman] sur
une dalle qui dut être commandée entre
1457 et 1460.
Dans la rubrique « infos cachées », il
faut ajouter que cette plate-tombe, déjà connue
et décrite en 1913, est toujours inconnue de l'IRPA
(Institut Royal du Patrimoine Artistique) car, alors
cachée par les bancs des fidèles, elle a
échappé à la vigilance des
fonctionnaires qui firent dans les années 1940 l'inventaire
du mobilier de l'église !
Le décor de la dalle est complexe :
- 3 petites figures aux mains jointes,
bénies par 3 mains de Dieu, représentent Marie
avec guimpe, barbette et voile, entourée de son mari et de
son fils,
coiffés court avec raie centrale. Elles s'inscrivent dans
- 3 portiques semblables placés sous 3
dais à 3 étages, à l'architecture
complexe figurant 3 tours accolées et donnant une impression
de 3 dimensions ; ils sont ornés notamment au 2e
niveau d'écus portant les armoiries de Rivière
à droite et gauche, de Rivière-Haccourt au
centre), le 3e
étage figurant une balustrade d'où
émergent des toitures ardoisées.
- L'épitaphe des adultes est inscrite
dans le cadre de la dalle. Celle de l'enfant s'arrondit en arcade
autour du personnage.
Plusieurs techniques interviennent comme le semi-méplat pour
les figures taillées avec modelé aux contours
arrondis, et la taille en champlevé pour les ouvertures.
« L’architecture
est mise ici au service d’une présentation
héraldique, là où son symbolisme
eschatologique avait placé Abraham accueillant
l’âme du défunt au paradis. On peut y
voir une impertinence, voire un geste
répréhensible. Le fait que ces
débordements de genre sont rares serait le signe
qu’ils auraient été
critiqués et tenus pour
dévoyés. »
Victor
Kockerols, Salut de
l’âme et mémoire du corps.
Typologie et iconographie du mémorial
médiéval dans l’ancien
diocèse de Liège,
thèse de doctorat en histoire, Université de
Namur, 2014, p.108-9 et 140-42.
- Marie
de
Momalle et son époux Arnoul de Bierset – XVIe siècle :
CHI GIST VENERAHE DISCRETTE
PERSONNE ANJOUL DE BIERSET QUI TRESPASSAT LAN DE NOSTRE SEIGNEUR M VE
ET XXIII EN MOIS DE DECEMBRE LE XXIII JOUR PRIEZ POVR SON AME [Ci-git la
vénérable et discrète personne
d'Arnold de bierset qui trépassa en l'an de notre seigneur
1543 le 23 décembre. Priez pour son âme]
CHI GIST DAMOISELLE MARIE DE
MOMALLE ESPEUSE AU DIT ARNOUL [Ci-git demoiselle Marie de
Momalle épouse du dit Arnold]
Dalle funéraire des
époux… et sa situation dans l'église
(années 1970, © IRPA)
Pour de la discrétion, elle fut complète !
Leur
plate-tombe
fut
longtemps cachée sous un banc
– mais elle a quand même
été repérée et figure dans
l'inventaire de l'iRPA.
D'autre part, nous n'avons pas trouvé d'auteur qui en traite
et nous n'avons encore pu établir le lien de ces personnes
avec
Hermalle…
Cernés par le cadre qui comporte l'épitaphe, le
couple, mains jointes, est représenté en pied,
chacun sous son portique, joints par un blason et un armet (casque
articulé).
Le mari, moustachu et barbu, cheveux courts, pointe des pieds
tournée vers l'extérieur, porte armure
et épée, la femme portant guimpe et
barbette,
pieds joints parallèles, est enveloppée d'un long
voile qui cache presque complètement sa robe.
- Gérard
Wailley –
XVIIe siècle :
ICY GIST VENERABLE SIRE GERARD
WAILLEY CHANOINE DE FLONNE ET CVRE DE HERMAL QVI TRESPASSA LE 25 DE
FEBVRIER 1632
PRIEZ DIEV POVR SON AME [Ci-git le
vénérable sire Gérard Wailley chanoine
de Flône et curé de Hermalle qui
trépassa le 25 février 1632 Priez Dieu pour son
âme]
Stop !
Ne remontez
pas si loin dans le temps.
Arrêtez-vous en 1992. Imaginez-vous que, venant de la
capitale,
vous arrivez à Hermalle pour y rester alors que vous
n'en
connaissez rien. Que vous êtes curieux de
découvrir
cet endroit où vous comptez bien vivre.
Passé les tout premiers mois d'installation, vous commencez
à chercher activement des informations et vous trouvez, le
hasard faisant bien les choses, un article qui concerne le village dans
la
Chronique
archéologique du Pays de Liège, 5e
année, n° 7, juillet 1910, p. 75 :
« Le fief de Cassal à Hermalle-sous-Huy
», signé par M. Jules Pety de Thozee
«
Originaires d'Italie, les Cassal portent le nom de la capitale du
Montferrat, marquisat gouverné de 967 à 1305, par
une
famille illustre. Casale, résidence de ces petits
souverains, se
dit aussi en français Cassal. De la ville de ce nom en
Lombardie, sur la rive droite du Pô, venait le premier de
Cassal,
qui pendit la crémaillère dans la Famenne, car il
est
qualifié « du
Montferat » (…)
Héritiers
d'Anne de Wallay [sic],
leur aïeule, les de Cassal et leurs descendants
possèdent depuis le XVIIe
siècle, la ferme, partie censale, partie fief, qui relevait
de
la terre de Hermalle devant Flône et prit le nom de Cense
Cassal.
(…) »
Suit une assez courte
description des bâtiments où on lit d'ailleurs
« au fond, le logis édifié
l'an 1610,
œuvre minuscule peut-être de l'architecte qui
construisit
la maison Curtius à Liège et le château
de Grune,
non loin de Marche. (…) Les écussons
géminés du Wailley, qui la bâtit, et de
sa femme,
une Welroux, sont sculptés sur l'attique de la porte. C'est
là, sans doute, que mourut, en 1632, le chanoine
Gérard
de Wailley, qui vint reposer dans le chœur de
l'église
paroissiale. (…) »
Suit l'annonce d'« un
long différent, qui n'était pas encore
apaisé l'an 1779 » qui provoqua
l'apparition d'un document judiciaire donnant des renseignements sur la
famille de Cassal, et le fait que
« les
de Merode recueillirent cette fortune opulente, qui fut
partagée
entre sept enfants : mille hectares en Hollande et huit cents en
Belgique, notamment la ferme dite de Cassal, échurent de la
sorte aux ducs d'Aoste, princes de Savoie, qui sont encore
propriétaires de ces biens-fonds. »
Rappelez-vous : vous
ne connaissez rien à l'histoire de cette région.
Vous avez évidemment lié quelques
relations avec
des villageois mais quand on vous parle de la cense Cassal, c'est pour
citer les personnes qui y habitaient – des Flamands, qui
s'étaient installés là, qui font le
commerce des
pommes de terre, qui ont déménagé pour
s'installer
maintenant près du nouveau
cimetière…– mais
de l'histoire du bâtiment… personne ne vous
raconte rien.
Des mois se passeront avant que quelqu'un ne vous dise, finalement, que
la ferme appartient au château, à la famille de
Potesta.
Ah ! Vous ne voyez pas le rapport entre les princes d'Aoste et les
Potesta…mais, bon, ce sont leurs affaires.
Et le temps passe…
La cense Cassal est à vendre ! Vous apprenez ainsi
que les
Potesta ont cédé ce bâtiment
à un
néerlandophone.
Flamand ou Hollandais ? On ne sait pas.
Juste qu'il en a transformé la
façade... et qu'il revend.
Vous allez donc avoir de nouveaux voisins, mais le
bâtiment n'est plus habitable : il n'y a plus que la carcasse
extérieure des murs, plus d'étage à
l'intérieur du corps de logis, pas d'eau, pas
d'électricité, pas de chauffage, pas de toilette.
Les nouveaux venus doivent tout refaire et, par solidarité,
vous
les aidez en fournissant l'eau et l'électricité
indispensable pour les travaux. Peu à peu un nouvel habitat
se
recrée.
Le temps passe, de longues années, et puis – une
nuit
– vous êtes réveillé par le
bruit du feu : la cense Cassal flambe !
Pas de blessés heureusement. Mais désormais un
chancre en face de chez vous.
Et à cause de cela, vous cherchez à savoir !
À connaitre l'histoire de ce patrimoine disparu.
Le Patrimoine monumental de la Belgique, édité
chez Mardaga, ne vous aide pas. Mais vous aviez
photographié la
pierre armoriée qui surmontait la porte d'entrée :
L'écusson
d'un Wailley…
Wailley comme le nom inscrit sur la pierre tombale encastrée
dans le mur de l’église au XXe
siècle, lors du remplacement du pavage en carreaux de
grès du sol de l'église par des dalles de marbre ?
C'est
un point de départ pour découvrir enfin qu'on
n'aurait
jamais dû
parler de cette « cense Cassal »
que les
Italiens n'ont jamais habitée, ni de la « ferme
aux deux
tours » (comme on l'appelle aussi à cause de la
configuration architecturale de sa façade nord), mais
bien de la cense Wailley, du nom de ce Libert de Wailley qui la
construisit avec son épouse.
L'ascendance agnatique de celle-ci, durant 7
générations,
vous conduit à Ide de Bombaye, l'épouse de Louis
Marteau
de Milmort de la Neuville…un arrière-petit-fils
de Henri Ier de
Hermalle, le seigneur du village… au XIIe
siècle !
Gérard
de Wailley :
Cet
homme nait en
1623 de Libert de Wailley et de Hellewy de Bombaye.
Les seules informations que nous ayons sur lui
viennent de la pierre
sépulcrale en pierre calcaire à veines jaunes,
sculptée en haut-relief, qui porte l'épitaphe
indiquée plus haut et qui resta dans l'église
Saint-Martin de Hermalle jusqu'au début du XX e
siècle :
Il y est représenté agenouillé au pied
de la
croix, mains jointes, portant barbe et moustache, vêtu
d'un court manteau doublé de fourrure. Une aumusse
(sorte de large capuchon de fourrure) pend
à son bras gauche (sa place normale lorsqu'on ne s'en
protège pas la tête).
Deux femmes l'entourent dont on peut supposer qu'elles sont ses
grands-mères. Aux quatre angles de
la pierre se trouvent en effet des écussons qui
représentent au-dessus les familles de son père
(à g.) et de sa mère (à dr.) et
en-dessous celles
de sa grand-mère paternelle Marie de Bincken (à
g.) et de
sa grand-mère maternelle Marguerite de Verleumont (à dr.).
Le chanoine Gérard de Wailley semble bien avoir
vécu dans la ferme qui faisait face
à la façade nord de l'église et qui a
été bâtie en 1610. Il s'y serait
trouvé en
famille avec son frère Jean et sa belle-sœur
née
Anne de
Velroux.
Il était ainsi proche de l'abbaye de Flône et de
l'église de Hermalle, les lieux où il
exerçait son
ministère.
|
Entre nobles et puissance ecclésiastique, les
liens sont étroits durant des siècles –
pour des
raisons de foi, de politique ou d'intérêt
financier.
Ces liens furent particulièrement forts entre les seigneurs
de
Hermalle et l'abbaye de Flône jusqu'au XVIIe
siècle inclus où se fait une importante donation
disparue dans les oubliettes de l'Histoire :
La donation
d'un comte d'Ursel
Transmis de génération
en
génération, généralement
par les filles, la
seigneurie de Hermalle finit par être vendue à un
« étranger », grand seigneur
dans les Flandres
et à Bruxelles, devenu bourgeois de Liège :
Conrard II
d'Ursel – lire sa biographie dans notre page Histoire
XVIIe s.
Son cinquième enfant, Pierre-Albert
d'Ursel, Comte du Saint-Empire et Comte de Hermalle, offre à
Flône
les autels latéraux de l'église, ornés
de colonnes
corinthiennes qui soutiennent des frontons
découpés
portant en leur centre les médaillons en relief des
donateurs :
le comte et son épouse Chrestienne. [Jansen]
De g. à dr. Les
médaillons représentant Chrestienne de Bernest et
Pierre-Albert d'Ursel
La nef centrale de l'église de
Flône et les autels latéraux, partiellement
visibles. 2016
L'église
Saint-Martin de Tours
De Tours ?
Pourquoi, il y a plusieurs Saint Martin ?
Oui, une quinzaine !
Mais celui-ci fut le premier et le plus connu.
Celui qui partagea, avec
un pauvre homme frigorifié, sa chlamyde –
une sorte
de cape en laine (d'où viendrait d'ailleurs le mot chapelle…).
Celui qui, à 40 ans, quitte son métier de
légionnaire (imposé par son père) pour
rejoindre
l'évêque de Poitiers Hilaire et
s'instruire
auprès de lui. Celui qui crée ensuite une
communauté de moines, la première en Gaule. Celui
que les
habitants de Tours enlèvent pour le proclamer
évêque, sans son consentement, en 371. Celui qui
s'en va
prêcher dans les campagnes gauloises et celui qui
côtoie
les empereurs. Celui qui est choisi comme saint patron du royaume des
Francs et de la dynastie des Mérovingiens. Celui auquel on a
consacré, rien qu'en Wallonie, …quelques 500
églises et chapelles.
La toute première église de Hermalle a-t-elle
porté son
nom ? On ne le sait. par contre il existe toujours, derrière
l'autel, une pierre commémorative de la
consécration du
grand autel, de l'agrandissement du chœur et de la
consécration à ce saint,
datée du 9 novembre
1597, le curé étant alors Jean Streelle :
1.
NRE avec tiret suscrit = abréviation de Notre / 2. SR
= abréviation de Seigneur
/ 3. MONS = abréviation de Monseigneur /
4. SCT avec tiret suscrit =
abréviation de Saint
/ 5. Souloir = avoir coutume → que l'on
célébrait habituellement /
6. PREDICT = précité
/ 7. Le liégeois carmélite André
Strengnart
(†17-03-1615) fut nommé le 28 juin 1578
évêque
auxiliaire de Liège et
évêque
titulaire de Thagaste, ville natale de St
Augustin en Numidie (actuelle
Algérie) /
8. EVESQ avec tiret suscrit
= abréviation de évêque
/ 9. SEEL = sceau
/ 10. DUD = du dit.
Cette pierre, dont on connaissait l'existence mais que l'on ne situait
plus, a été redécouverte lors
du nettoyage
du plancher aménagé derrière l'autel
majeur
à l'occasion d'une ouverture pour les Journées du
Patrimoine, en 1991, puis placée dans le mur de l'abside.
Nous
ne connaissons rien de la toute première église
construite à Hermalle et, étant donné
la petite
importance que ce bâtiment représente dans le
patrimoine
belge, il n'y a vraiment que très peu de chances pour que
des
fouilles y soient menées.
D'autre part et pour mémoire, nous faisons des recherches
avec
les moyens du bord : le bénévolat, qui ne nous
offre ni
le temps ni les moyens financiers d'aller fouiller dans des archives
difficilement
accessibles…
On peut cependant rappeler que, selon les fouilles du Cercle
archéologique Hesbaye-Condroz, la chapelle
du IXe
siècle au Thier d'Olne mesurait
approximativement 12 m de long sur 6 de large, le chœur
étant un peu plus étroit que la partie
réservée aux fidèles. Il est probable
que
l'édifice villageois a correspondu à ces
dimensions,
puis qu'il a été progressivement agrandi.
Aucune information sur la taille de la structure en 1182, lorsque Cono
de Montaigu et Duras donne l'église de Hermalle à
l'abbaye de Flône. Rien non plus en 1315 lorsque le
château
des seigneurs de Hermalle – sis à 50 m du lieu de
culte !
– est détruit par les Hutois et les
Liégeois
réunis…
XVIe siècle
L'église existant à Hermalle est
rebâtie partiellement en 1597 (et non
1600 comme noté au verso d'une carte postale
imprimée par
Roger Brose, instituteur en chef à Hermalle au milieu du XXe
siècle).
Le pasteur de l'époque était Nicolas
Périlheux, qui deviendra abbé de Flône
de 1606
à son décès en 1608 comme l'indique
son gisant
taillé en bas-relief, actuellement encastré dans
les murs
du transept de l'église de Flône.
Une
statue de Sainte-Marguerite
d'Antioche piétinant
le dragon, actuellement sous le jubé, est
datée entre
1501 et 1510.
De 93 cm de haut, elle est de style gothique, en chêne
sculpté et peint (ci-contre).
Léon-Ernest
Halkin, dans son Histoire
religieuse des règnes de Corneille de Berghes et de Georges
d'Autriche, princes-évêques de Liège
(1538-1557).
Réforme protestante et réforme catholique au
diocèsde de Liège,
affirme que le
9 mars 1545, le curé de Hermalle fut «
condamné par l'official [un juge
ecclésiastique] pour
s'être introduit dans le monastère de
Flône à
la faveur de la nuit, et avoir blessé grièvement
l'orfèvre Collin Zutman. »
Ce n'est pas parce qu'on est prêtre qu'on ne
pêche pas... |
 |
XVIIe siècle
Comment
? Vous ne connaissez pas Guillaume Renard, dit Wilhelmus Renardi ?
Né en 1651 et décédé en
1731 ?
Nous ne résistons pas au plaisir de vous faire
découvrir
ce Hermallien qui a quitté le village pour aller
à
Louvain étudier la philosophie dans la Pédagogie
du Porc.
Du Porc ?
Oui,
l'université à l'époque – et
celle de
Louvain fut la première, fondée en 1425, dans nos
territoires – était un grand centre
culturel et de
transmission du savoir. Elle se composait de collèges et de
pédagogies, des lieux où on instruisait les
jeunes. Chaque
« département » avait
son nom. Par
exemple, il y avait la Pédagogie du Lys, celle du
Château, celle du Faucon et celle du Porc ! Parce
qu'elle
était située en face de la taverne du Sanglier ou
Porc
Sauvage (Wildverken) au coin de la Kraekhovenstraat (un bistro que les
étudiants devaient fréquenter… comme
ils le font
aujourd'hui. Les bonnes habitudes ne se perdent pas, n'est-ce pas ?).
Donc Guillaume y étudie et dès l'âge de
20 ans y
enseigne la philosophie tout en étudiant la
théologie.
Reçu Docteur en 1691, à quarante ans, il devient
recteur
deux ans plus tard et va diriger pendant quarante ans le
célèbre collège de Baïus, le
troisième
plus riche collège louvaniste. Il sera élu
chanoine de St-Martin
à Liège, mourra à Louvain et son
épitaphe a
été placée dans l'église
liégeoise St-Michel
qui a été démolie en 1824.
On a dit de lui :
« Il
avait un esprit vif et prompt, la parole élégante
et
facile, le discours grave et sentencieux ; et les leçons qui
lui
valurent les applaudissements généraux dans les
cours
publics et privés, témoignent de son profond
savoir.
Homme du meilleur conseil, dont la vie se résuma
dans la
prière et l'étude, défenseur convaincu
et
sincère des constitutions apostoliques et de
l'infaillibilité des papes en matière de foi et
d'usages,
il sut, par sa docte persuasion, ramener à
l'obéissance
due plus d'un esprit chancelant. »
Pas
mal, ma foi… Il faut pourtant aussi savoir que
Guillaume a
participé activement au procès d'un autre
professeur de
Louvain : Martin Étienne Van Velden, admirateur de
Descartes,
qui a osé en 1691 traiter de la constitution de la
matière, et expliquer le système
héliocentrique de
Nicolas Copernic !
Avec l'aide de ses
collègues, Guillaume Renard a réduit
au silence un homme qui voulait expliquer, pour la première
fois
dans l'université de Louvain, que, oui, … la
terre tourne
autour du soleil…
À l'époque de Guillaume Renard,
l'église de Hermalle devait être pourvue d'un
clocher car une
cloche de ce temps subsiste :
Dédiée
à St Martin, de 70 cm de diamètre et 58 de
hauteur, elle fut l'œuvre du
fondeur Claude Plumère. Son décor
présente au centre un lion avec
panache rabattu vers l'avant et, surplombant le tout, l'inscription Sancte
Martine Ora pro nobis Anno 1670. L'IRPA la mentionne mais n'en a pas de photographie.
En voici la photo réalisée par Pascale
Boudart, de
l'Association campanaire wallonne, à notre demande en 2016 :
La cloche de 1670 est à droite.
Mais ce ne fut
apparemment pas la première :
Dans L'Aguesse,
journal local de Hermalle-sous-Huy, Roger Brose et Albert Delay ont
écrit en février 1988 :
«
J. de Sotre, sous le sacerdoce de l'abbé Nollet, convainc
alors les
habitants de casser la cloche plus ancienne pour en faire couler, avec
les débris et l'argent qu'ils récoltent entre
eux, une nouvelle, plus
petite mais plus forte en tonalité. »
Nous n'avons
pas encore pu retrouver leurs sources.
Au XVIIIe siècle,
nous trouvons les noms de trois prêtres nommés
à la paroisse de Hermalle :
- Jean
Audace, le 1.2.1709,
- Henri
Gerardin (1689-1725),
le 13.1.1725 – il fut curé de Hermalle,
prêtre à Liège et chanoine de
Flône
- Gonzague
Ignace de Kessel (†1756), en 1725
Nous
sommes en 1734.
Ce révérend Gonzalès Ignace de Kessel,
chanoine
régulier de l'abbaye de Flône et curé
de
l'église Saint-Martin de Hermalle, acte un
évènement dans le registre des baptêmes
hermalliens
: un bébé du village, mort, est
ressuscité !
Car le 21 mai, Marie Anne Firket a malheureusement accouché,
de son
époux hermallien Jean Henry Rasquin, d'un fils
mort-né.
Le couple, profondément
croyant, à l'instar
de la quasi totalité de la population de ce temps,
ne se résoud pas à ce que ce petit innocent ne
puisse vivre – où à ce qu'il ne puisse
aller au
paradis mais seulement dans les limbes, cet «
espèce d'enfer mitigé, et proprement bord
d'enfer,
faubourg d'enfer, où vont les petits enfants morts sans
baptême » comme écrivit
Voltaire… et qu'il ne puisse donc être
enterré dans le cimetière paroissial.
L'enfant est
donc aussitôt transporté à
l'église Notre-Dame de
la Sarte de Huy, à
quelque 25 kilomètre de distance ! À cheval ou en
charriot…
Là se trouve un des sanctuaires à répit
de Wallonie. Henri-Joseph Du Laurens écrit en 1763 que
l'autel y «
est continuellement infecté de la corruption de la terre par
les
enfans morts nés qu'on y apporte de tout
côté
»…
Vierge
noire de l'église de notre-Dame de la Sarte
Le cadavre reste exposé devant la statue de la Vierge noire
pendant neuf jours… au bout desquels se manifeste le signe
de
vie qui permet au prêtre recteur de l'église de la
Sarte, M. Bayart,
de le baptiser, le 30 mai, du nom de Jean Henry en présence
du
grand-père (Léonard Rasquin) et de l'oncle
(Nicolas
Minet) du bébé, de deux femmes de Hermalle
(Élisabeth Mignolet et Marie Agnès Dumont) et de
plus de
vingt autres témoins hutois ou des environs.
Ce que le prêtre
Bayard atteste en signant la déclaration «
Die
trigesima Maii, Dominus Bayart presbiter Rector ecclesiæ
vulgo de
la Sarte, prop. Huum baptisavit nona die expositionis in supradicta
Capella Joannem Henricum Rasquin, parochianum nostrum, filium legitimum
Joannis Henrici Rasquin et Mariæ Anna Firket, conjugum, coram
Leonardo Rasquin avo hujus infantis ex pago d'Ouffet, Micolao Minet,
ejusdem pagi etiam avunculo dictæ prolis, Elisabetha Mignolet
;
Maria-Agnete Dumont ex hermalle, et plusquam viginti aliis Huensibus et
extraneis. Hic jungo quod mihi fuit sciptum gallice a Domino Bayart,
sacerdote fide digno. » [Traduction]
Cette résurrection est le dernier miracle
authentifié de
la Vierge de la Sarte, le précédent
étant vieux de
cent ans, écrit Th. Halflants dans son Histoire de Notre-Dame de la
Sarte-lez-Huy
[Liège, H. Dessain, 1864, p. 198-200] ; cet auteur affirme
avoir
reçu, quelque 30 ans après les faits, copie des
actes
dument authentifiés par le curé Otto et
l'échevin L. Muraille, tous deux vivant à
Hermalle-sous-Huy.
Un an après ce miracle, en 1735, le
dessinateur spadois Remacle Le Loup
représente l'église, à
côté du
château, dans une de ses gravures (reproduite dans le premier
tome
des Délices
du Païs de Liége
édité par Pierre-Lambert de Saumery en
1738) :
Comme le
montre l'agrandissement à droite ci-dessus,
l'édifice est en forme de croix latine avec des nefs transversales,
la toiture de sa nef centrale est à
deux niveaux
et son clocher est
surmonté d'une très haute
flèche.
Tracé
bleu :
en se basant sur l'emplacement des plate-tombes (rectangles bleu-gris
foncé) et sur
le dessin de Remacle le Loup
essai
de plan de l'église en croix latine,
avec 4 fenêtres de chaque côté,
superposé à
l'espace (en gris) occupé par l'église
Saint-Martin au XXIe
siècle .
L'église est remaniée de 1741 à 1760
par le
Hermallien Jean-Gille Jacob (l'un des principaux architecte de la
Principauté de Liège – lire sa biographie), notamment en
ce qui concerne la tour clocher qui prend quasiment son aspect actuel.
La
tour-clocher
présente en façade principale (ouest) plusieurs
baies et
une entrée dont le linteau en tas-de-charge repose sur des
piédroits non chainés.
La porte d'accès comporte deux battants dont les panneaux
ornés de
sculptures de style Régence constituent une remarquable
menuiserie.
Alors que
la gravure
de Remacle Le Loup indiquait une flèche
pointue et fort élevée, la nouvelle toiture forme
une
courte flèche d'ardoises, hexagonale, terminée
par un
petit bulbe soutenant une croix. Cette dernière sera
remplacée par une structure plus
élaborée avec
croix rayonnante au monogramme IHS et coq au XIX e
siècle, dans un style semblable à celui des
girouettes placées par
la famille de Potesta tant au château qu'à la
Ferme
castrale :
|
 |

Le clocher est aussi pourvu d'une horloge
dont les cadrans,
situés sur les
murs nord et sud, dits « à quatre
d'horloge » ne
comportent qu'une seule aiguille.
Mécanisme : ©
Pascale Boudart, de l'Association Campanaire Wallonne
À l'intérieur de la tour, le mécanisme
est placé plus haut que les cadrans et
comporte une sonnerie à râteau : une roue de
compte
originale à doubles encoches permet la sonnerie des heures
et
demi-heures sur deux cloches.
Jusqu'à ce que la maladie l'en empêche en 1980, le
parrain
d'une des cloches, Félicien Riga, remontait le
mécanisme
de l'horloge une fois par semaine. il semble que personne ne
prit
sa relève.
L'abbé Maurice Aerts examina le mécanisme
à la toute fin des années 1980 et le remit
partiellement
en ordre. Mais l'horloge ne fut pas relancée…
Quant aux cloches : il y en a trois – mais l'IRPA attribue
à Hermalle une 4e
cloche que nous ne connaissons pas et dont aucun villageois ne se
souvient - et il n'y a pas de place, dans la tour, pour une cloche
supplémentaire….
Position des cloches dans le campanile et sens du balancement. Photos Pascale
Boudart.
Voici un montage réalisé à
partir des
3 photos (datées 1943 et 1944) des cloches
attribuées
à Hermalle par l'IRPA avec, en arrière plan, le
détail du
décor de la cloche de 1855, fondue par Joseph Michel, natif
d'Anhée, dans la fonderie du baron de
Rosée… qui
possédait la carrière d'Engihoul où
fut
découverte la grotte qui porte son nom (classée
patrimoine exceptionnel de Wallonie) :
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, en 1943-44,
l'armée
allemande s'emparera effectivement de deux de nos trois cloches
pour en faire de la chair
fonte à canon – ce qui correspond d'ailleurs
à la
moyenne des deux tiers volées par les nazis en Belgique.
Il faudra attendre 1948 pour qu'une décision de remplacement
soit prise :

Et attendre 1950 pour que les villageois puissent accueillir sur le
parvis de
l'église les deux nouvelles campanes –
réalisées pour 50 000 frs par Georges II Slegers,
de
Tellin.
En 1950. La présence d'un
enfant permet l'estimation de la taille des cloches.
Les nouvelles venues seront, évidemment, placées
de part et d'autre du chœur de l'église
pour être bénies, le 1er
octobre 1950, par Mgr
Leroux, avec les abbés Julien Dehalleux de
Hermalle, Sterkendries d'Ombret et Stanislas Salmon de Notre-Dame de la
Sarte avant que de trouver leur place dans le clocher.
|
Ci-contre la plus grande des 2 cloches
suspendues dans le chœur pour la
bénédiction. Il y est inscrit :
Patrinus
baro Renatus de Potesta, matrina barona Isabella de potesta [sa
mère] Laudo Deum Verum, plebem voco, dissipo ventum
[Parrain René de Potesta,
marraine Isabelle de Potesta (sa mère)
Je loue le Dieu véritable, appelle le peuple, abats le vent.]
Ø 90 cm x H 88 cm
L'autre cloche portait comme texte :
Patrinus
Felicianus Riga, matrina Constantia Plumier
Ploro
defunctos, pestem fugo, festa docoro
[Parrain Félicien Riga,
marraine Constance Plumier
Je pleure les défunts, chasse le malheur, embellit les
fêtes.]
Ø 80 cm x H 77 cm |
 |
Cloches
du clocher de Hermalle,
Sonnez des heures joyeuses,
des
naissances, des jours fastes, des mariages, des Noëls vibrants.
Faites que les hommes modernes ne vous enlèvent pas encore,
pour,
avec vous, forger
de la mitraille mortelle.
Sonnez jusqu'à la fin de votre vie l'histoire paisible d'un
village au bord de l'eau.
Auteur inconnu.
Documentation
de Léon Verdin (1936-2024), sacristain. |
L'église est décorée de plusieurs
statues d'un
artiste de l'École liégeoise, en bois
sculpté,
peint et doré.
Vierge à l'enfant, hauteur 130 cm.
De
g. à dr. St
François d'Assise, St
Hubert, St Roch, St
Éloi de Noyon.
Statues de 120 cm de haut placées au sommet des piliers de
la nef et lui faisant face.
S t Ange
Gardien, 120 cm
de haut, entre les deux Anges
adorateurs de 114 cm de haut.
La statue de Ste-Barbe, sous le
jubé, sculptée entre 1701 et 1750, en
bois peint et doré, tenant une palme dans les bras
et placée à côté d'une tour
plus petite qu'elle, est moins haute (seulement 82,5 cm).
Les fonts baptismaux taillés en pierre bleue,
reçoivent leur couvercle en 1760, la date
gravée dans la charnière en faisant foi
(même si
l'IRPA donne comme datation « circa 1760-1770
»).
Fonts baptismaux avec couvercle en laiton.
Ils auraient été déplacés
en 1867 dans la
chapelle située à droite de l'entrée,
en fin de
collatéral, où se trouve aussi un petit autel
pour une
Vierge de Lourdes avec un antependium
de la 2e
moitié du XVIIIe
siècle, de style Louis XV, en chêne joliment
sculpté, doré, de 99 cm de haut sur 176 de large,
placé en oblique dans l'angle sud-ouest.
Antependium
(devant d'autel décoratif)
Et pourtant les temps sont durs pour l'Église dans nos
régions comme en France…
Paroisse de Hermalle-sous-Huy. Extrait de la
Carte
du diocèse de Liège en 1789, établie
par
l'Abbé André Deblon, © A.Ev.L.
La Révolution française de 1789 a
modifié l'état clérical en France mais
elle a eu des conséquences aussi dans nos régions
qui ont d'abord connu leur révolution
(la liégeoise) puis leur conquête par les
armées de
la République française qui les soumet
à un
nouveau pouvoir gouvernemental.
En résumé, pour que la religion ne soit
plus
liée à l'État, la politique
française est
simple :
- la liberté de culte est
accordée mais
- les cérémonies doivent
être
privées, célébrées par des
personnes
privées, dans des édifices privés.
Il y a en 1795 deux catégories de prêtres :
les « jureurs », qui ont
prêté serment
à l'État entre 1791 et 1795 mais qui n'ont plus
beaucoup
de paroissiens et doivent trouver un nouvel emploi (instituteurs,
fonctionnaire, employés administratifs…)
et les
« non-jureurs » qui sont restés
fidèles
à l'Église romaine et qui – pour
beaucoup sans
évêque, sans subsides, sans salaires –
dépendent donc totalement des laïcs qui les
entretiennent.
On va exiger de tous un nouveau serment ; en cas de refus, le
prêtre sera considéré comme
réfractaire et
condamné à la déportation (temporaire
ou
définitive selon les cas)… en Guyane !
Mais cela vaut aussi pour les ecclésiastiques
qui simplement troublent la tranquillité publique
ou…
font sonner une cloche ! (loi du 12 avril 1796)
Le
4 novembre 1798, deux religieux officiant à Hermalle sont
déportés : le vicaire Michel-Joseph
Nizet et le
prêtre Richard Piron – cités dans le
tome VI des
procès-verbaux du Directoire (aux archives nationales
françaises).
Et qu'est-il devenu
de l'Abbaye de Flône, si chère aux
seigneurs d'Hermalle ?
En
1795, L'Assemblée nationale française,
à bout de
liquidités, glissait vers la faillite. Elle a donc
décrété la mise en vente des biens du
clergé.
Parmi
ceux-ci, l'Abbaye de Flône qui
fut adjugée au dernier abbé,
devenu simple citoyen,
Joseph Paquô le 12 floréal an V – 1er mai
1797 – pour 68 000 francs, un montant à
relativiser
étant donné la valeur réelle du
papier-monnaie de
l'époque.
Joseph Paquô, né en 1742 dans une famille
d'avocats
liégeois, est curé à Engis avant de
devenir en
1779 le dernier abbé de l'Abbaye de Flône
où il
fait construire une orangerie en 1784.
Adepte des idées du siècle des
Lumières, il est
considéré comme « le bon citoyen Paquot
» par
l'envoyé de la Première République
française, et sa loyauté reconnue permet
d'éviter
dans un premier temps la mise sous scellé de la
bibliothèque.
Confisqués par les Français, les biens de
l'abbaye sont
mis en vente – hormis l'église, la
prélature,
l'orangerie et quelques annexes. Paquô les achète
lui-même pour 15 587,5 livres et obtient aussi les
concessions
minières, perpétuant ainsi l'exploitation des
collines
par les moines.
Selon [Jansen],
il
fait racheter par cinq de ses chanoines la ferme de Hottine et plus de
98 hectares de terres
– champs,
houblonnière, prairies, bois,
étang, qui
avaient été donnés
à l'abbaye en
1262 par les ancêtres des seigneurs de Hermalle.
Un de ces lots, ensuite vendu au baron de Warzée
d'Hermalle, passera aux barons de Potesta.
L'ex-abbé ne peut rétablir l'ancien
monastère de
Flône mais pratique toujours l'esprit de charité :
en
1802, il nourrit à ses frais 300 pauvres dans le vieil
hospice.
Il a été le dernier seigneur de Flône,
petit
état féodal où l'abbé avait
droit de
justice, un fief de l'Église de Liège mais qui
relevait
du pape au spirituel.
Hottine
était ainsi revenue dans le giron de
Hermalle…
Le baron de
Warzée ? Qui est-ce donc ?
Le
20 janvier
1846, son fils Charles
Eugène Joseph Baron De Warzée d'Hermalle,
décède à Liège. Ses
obsèques se
déroulent 7 jours plus tard à Hermalle-sous-Huy
et il
semble bien qu'il ait été enterré face
au porche
de l'église St-Martin,
dans une
parcelle de terrain toujours encore considérée
comme
cimetière par l'administration du Cadastre mais qui a acquis
une
aura particulière grâce à une autre
construction
consacrée dont nous parlerons de suite.
À la fin du XIXe siècle et au
début du XXe,
l'église St-Martin
de
Hermalle-sous-Huy connait un nouvel âge
d'or
Cela se passe sous le ministère du curé Joseph
Otto et le
règne de nouveaux seigneurs : les Potesta. Ils sont
devenus
le centre de la vie villageoise par l'achat en
1856 de la seigneurie de Hermalle, terres et château
qu'ils
transforment, agrandissent et dans lequel ils
s'installent.
Charles Marie Louis de Potesta fait faire d'importants travaux
à la ferme castrale, commençant
d'ailleurs par doubler le volume de l'aile est de celle-ci, englobant
de la sorte la parcelle
où se trouve le tombeau du baron Charles Eugène
Joseph
de Warzée d'Hermalle. Ils vont ensuite édifier
à cette endroit une grotte
de Lourdes.
Fort
croyants, les Potesta soutiennent évidemment
l'œuvre
du curé Joseph Otto (Seny, 8 octobre 1804-Hermalle 2
novembre 1880).
De g. à dr. le baron
Édouard de Potesta, le
curé Joseph Otto, la baronne Isabelle de
Potesta-Géradon, un
évêque.
Plaque photographique, Hermalle, sd [entre 1894 et 1911]
Ordonné prêtre à Liège,
nommé vicaire
à Nandrin en 1834, curé à Burdinne en
1839, Joseph Otto arrive en 1841 à
Hermalle –
qui dépend alors, comme Clermont, du doyenné de
Nandrin
alors qu'Engis dépend de celui de Saint-Georges.
Le 9 mai 1842, il comparait chez le notaire Dieudonné
Guénair, avec Guillaume S.J. Piette (bourgmestre), Jacques
Longrée et Hubert Muraille (cultivateurs), Lambert
Dieudonné (potier) et Hubert Dessart (négociant),
tous
membres de la fabrique d'église, car l'importante
propriété située à la
Héna (actuelle
rue Lecrenier) dont les bâtiments datés de 1641
servent de
presbytère et école a été
mise en
adjudication avec autorisation par arrêté royal.
La vente doit permettre l'acquisition au prix de 10 500 fr d'un bien
appartenant au sieur Gaspard Hilgerz : la maison natale du maitre-maçon
Jean-Gille Jacob,
sise près de l'église de Hermalle et qui servira
de
nouveau presbytère. L'acquéreur de la
propriété de la Héna est un monsieur
Alexandre-Florent De Resteau habitant Loncin qui déboursera
14
000 fr.
« C'est
à son zèle persévérant que
l'on doit la
reconstruction des petites nefs, l'agrandissement du sanctuaire et le
riche mobilier de cette église »
peut-on lire
sur la pierre funéraire du curé Otto, dans le
cimetière
accolé
à l'église.
Il se dévoue
effectivement sans
compter à sa nouvelle paroisse, allant jusqu'à
payer
certaines belles pièces du mobilier liturgique sur sa propre
cassette – le révérend avait le
goût des
belles choses et fit graver son nom, voire une date, sur certaines
d'entre elles.
Exemples
ci-dessous : base d'un ostensoir portant son nom, fermoirs de son
missel daté 1867 dont nous reproduisons aussi quelques pages.
On lui doit donc un ostensoir-soleil en argent doré, outre
un
calice et un encensoir de l'orfèvre F. Drion.
Un drame a marqué son sacerdoce chez nous.
Un drame ?
L'assassinat de sa
bonne par une Hermalienne !
Non ?! La bonne du
curé, celle que le diable qu'est un bon diable la
tirait par les pieds ?
«
L'histoire est simple, le mari de l'habitante criminelle avait
courtisé dans sa jeunesse la servante du curé.
Il
ne manquait pas une occasion de dire à sa femme qu'au cas
où un malheur la frapperait, il trouverait une autre
personne
à aimer.
Folle
de rage et de jalousie rétrospective, elle alla prendre le
goûter avec sa victime. Prétextant la visite de la
cave du
presbytère, elle tua la servante à l'aide d'un
couteau de
cuisine. »
Cela dut évidemment marquer les esprits...
Autre fait marquant de l'époque : Hermalle a eu son
miraculé – le deuxième donc que nous
citons.
Un Hermallien
miraculé ?
Grâce
à l'eau de Lourdes !
Il y est
allé ?
Non, il en a bu.
L'évêque Louis-Gaston de Ségur, fils de
la
célèbre comtesse de Ségur Sophie
Rostopchine dont
les livres ont bercé l'enfance de certains d'entre
nous, relate dans ses Œuvres
(Paris, Lib. Tolra, Tome IX, chapitre XXXIX,
p. 390)
l'expérience du jeune séminasriste sous-diacre
hermallien
Henri-Joseph Grenier, malade depuis janvier, en un constant
affaiblissement dont les drogues du médecin ne pouvaient
venir
à bout.
Il cite Henri-Joseph : « M.
le curé – donc
nécessairement notre Joseph Otto – disait
le 13 avril, entre sept et huit heures du soir, que j'étais
« un oiseau pour le chat » ; la
persuasion commune
était, qu'après avoir langui quelque temps, je
passerais
doucement à l'éternité. À
huit heures et
part, la famille était réunie pour commencer la
neuvaine
(…) Les prières terminées, je pris
quelques
gouttes d'eau de Lourdes dans une cuillère à
café.
Aussitôt, sans crise ni douleur, je sentis en moi un
bien-être parfait ; au lieu de la lassitude mortelle de tout
à l'heure, c'est une fraîcheur, c'est une
agilité
nouvelle que je me sens aussitôt le besoin
d'éprouver ; je
ne pouvais pas croire encore : je laisse mes parents en
prières,
et je descends lentement l'escalier de ma chambre ; mais je sens que je
suis tout changé, que j'ai descendu facilement. Je remonte,
je
vole comme un trait, et je tombe dans les bras de ma famille
foudroyée et comme anéantie. (…)
»
Le 19 avril, le jeune homme entreprend à pied le
pèlerinage de Montaigu et en revient «
frais et dispos comme au départ »
– 56 lieues aller-retour, soit 280 km !
Pour
l'église Saint-Martin, dans la deuxième
moitié du XIXe
siècle, c'est le grand chambardement !
Sur le plan immobilier comme mobilier.
En juin 1863, le projet d'agrandissement de
l'église par l'édification de
bas-côtés, qui
implique le remaniement de la nef, est admis par la Commission royale
d'archéologie qui a cependant signalé que
l'inclinaison
de la toiture des bas-côtés n'était pas
suffisante
et ne se trouvait pas en rapport avec celle de la toiture principale ;
le devis estimatif est de 15 004 francs.
L'agrandissement est autorisé par
arrêté royal du 26 aout 1863 et un subside de 600
frs
lui alloué selon le Moniteur belge n° 177 du 25 juin
1864.
En 1869, comme l'indique ce chronogramme, un accès
latéral en façade
nord offre
l'accès à une sacristie et au clotêt,
espace
réservé à la famille de Potesta
d'où elle
peut assister aux offices (la nef accueillant les « simples
» fidèles) :
Puis c'est le chœur, à son tour, qui est
modifié : on lui ajoute une
abside, à trois pans aveuges avec chaines harpées
aux angles.
En témoigne une
pierre triangulaire inscrustée à mi-hauteur du
pan
central, avec l'inscription «
BENEDICTA / SIT SANCTA
TRINITAS / 1870 » [Bénie soit la
Sainte Trinité 1870].
L'édifice est enfin tel qu'aujourd'hui :
Plan
de l'église au XIXe
siècle, après son agrandissement.
L'entrée des servants se fait par la sacristie nord.
Dimension au sol : 17 m de long x 15,75 m de large. Hauteur de la voute
du vaisseau principal et du chœur : 15 m, des
collatéraux
: 8 m.
La superficie (540 m2) a doublé depuis le XVIIe
siècle.
À
g. vue du collatéral sud,
photographié du sud-ouest © Ludovic
Péron 2012.
À dr. vue du chevet
photographié du sud-est, carte postale ca 1960.
On a édifié à
l'extrémitié ouest de
la nef un jubé saillant, accroché à la
tour-clocher, soutenu au rez-de-chaussée par deux larges
piliers, avec en face avant un cartel encadrant des instruments de
musique. L'accès au jubé se fait par un
étroit
escalier sis dans le clocher, emprunté par l'organiste et
les
choristes – et même, en période
d'affluence, les
fidèles qui n'ont pas trouvé de place au
rez-de-chaussée de la nef.
Communions solennelles, 2002.
Cela permet l'installation d'un orgue :
Selon Luc
Lannoo (Collaborateur scientifique, Conservateur de
la
collection des claviers historiques) que nous avons
consulté,
cet instrument a été construit vers les
années
1870 par Jean-Mathias
Molinghen (qui abandonna son métier de facteur d'orgue en
1875
pour redevenir cultivateur). La signature sur la barre
d’adresse
au-dessus du clavier : « Molinghen et
frères à
MORTIER » indique qu'il a dû travailler avec son
frère François-Joseph.
Cet orgue est composé de Bourdon 8, Flute 8,
Gambe 8 Basse et supérieure (à partir de cis 3),
Prestant
4, Doublette 2, Fourniture III-II (3e
rang manque), Cornet III
(à partir de cis3), Trompette 8 Basse et
supérieure
(à partir de cis3), d'un clavier de 56 touches et d'un
pédalier, cet orgue est mieux adapté pour
l'interprétation de la musique baroque que pour celle de son
époque.
Si l'instrument est fort moyen sur le plan technique, son
esthétique a été
particulièrement
soignée et offre un fort beau buffet à trois
tourelles,
surmonté d'une statue de Sainte-Cécile, patronne
des
musiciens.
La restauration de l'orgue, commencée en 1989 par le facteur
d’orgues Thomas, n'était pas encore
terminée en
2014 ; cela n'a pas empêché la Fabrique
d'église
d'en faire faire toujours un entretien bisannuel.
|
En 1869, l'abbé Christophe Grenade, curé de la
paroisse
Sainte-Véronique de Liège, offre à
l'église
de Hermalle une série de peintures d'Isidore Lecrenier
(1823-1889, d'origine hutoise) représentant les 14 stations
du chemin de croix ; la 4e
station porte la mention « Qui
pourrait retenir ses pleurs / À voir la Mère du
Seigneur / Endurer un tel calvaire ? » et la 12e
le texte « Pour
que je pleure avec toi / Mère, source d'amour, fais-moi /
Ressentir ta peine amère ! »
Le peintre a réalisé
le même travail mais en de plus grandes dimensions pour
l'église Saint-Antoine de Liège.
Chaque tableau hermallien mesure 110 cm de haut x 80 de large.
L'ensemble a beaucoup souffert au fil du temps : en 1912, la
crèche installée pour fêter la
Noël a
brulé, abimant tant cette œuvre que la
peinture de
l'autel et la robe de la Vierge – l'assurance intervint
à
hauteur de 900 frs. Le froid, l'humidité, ont atteint la
majorité des autres tableaux de cette série dont
trois
seulement peuvent encore être exposés, les frais
de restauration étant
trop importants pour la fabrique d'église. Le vernis rend la
photographie très difficile avec nos moyens...
À g. L'une des trois
chutes de Jésus sous le poids de la croix. À dr.
La mise au tombeau.
Qui
dit nouvelles nefs, dit nouveau mobilier réalisé
par
des artisans de l'époque qui nous sont restés
inconnus :

D'abord
une imposante armoire de sacristie en deux-corps portant sur ses portes
diverses inscriptions pour le rangement des objets liturgiques :
- Dans
la partie inférieure à g. Canons
d'autels (3 petits panneaux servant
d'aide-mémoire, disposés sur l’autel),
à dr. Vins,
burettes (paire de flacons
contenant le vin et l’eau) et lavabos
(vasques pour le lavage des
mains)
- Dans la partie
supérieure de g. à dr.
- Missels (livres donnant
les chants, lectures, prières, etc. nécessaires
pour la célébration de la messe),
rituels (livres donnant
la succession des prières, actions rituelles, etc.)
romain et
liégeois (différence),
antiphonaires
(recueils de partitions musicales),
graduels
(recueils des chants
grégoriens) et autres livres liturgiques ;
- Aubes
(longs vêtements de lin blanc
à manches portés sous la chasuble),
amicts
(rectangles de toile blanche
à deux cordons porté autour du cou sous l'aube),
purificatoires
(rectangles de 50 x 40 cm en tissu blanc
brodé d'une croix au centre) ;
- Corporaux
(linges
blancs carrés pour poser patène, calice et
ciboire durant
la messe et faciliter la récupération des miettes
de pain), pales (tissus blancs
très rigides posés sur le calice durant la messe),
hosties
(fragments de pain sans levain
utilisés pendant la messe) ;
- Actes
pastoraux, mandements et lettres pastorales année 1801 et la
suite, bonnets
carrés (barrettes, chapeaux
portés par les prêtres).
Puis…
 |
- adossée
au pilier, une chaire de vérité
élevée à
laquelle on accède par un escalier, en chêne
sculpté, surmontée d'un abat-voix dont le dessous
est agrémenté d'une
colombe symbolisant le Saint-Esprit et dont le dessus porte trois
anges tenant qui un instrument de musique, qui des clefs, qui un
livre ;
- 2 confessionnaux
également
en
chêne ;
 |
- 18
bancs d'église avec portillon.
 |
Les
fenêtres des collatéraux, à
linteau calcaire bombé à clé sur
piédroits de
briques, offrent l'éclairage aux autels latéraux
réalisés en
chêne et marbre rouge :
Autels latéraux : Saint Martin en
collatéral nord, Vierge à l'enfant en
collatéral sud.
Le plus important est évidemment l'aménagement du
chœur et de l'abside.
Le résumé des procès-verbaux de la
Commission
royale des monuments, séances de septembre et octobre 1871
indique qu'un avis favorable est donné pour l'installation de
stalles. Ce sont les sculpteurs Michel Hoeken et Gerard
Jansen de Saint-Trond qui ont signé ce mobilier en 1873.
Stalles en chêne sculpté
avec miséricordes,
placées le long des murs nord et sud du chœur.
À g. : les 4 Évangélistes (Jean, Luc,
Marc,
Mathieu). À dr. : les Pères de
l'Église (auteurs)
et Docteurs (théologiens)
Ambroise de Milan et Augustin d'Hippone, & les Docteurs
Léon Ier
et Grégoire Ier
qui furent papes.
Et surtout…
En 1893, on place un nouvel autel en marbre blanc dans le
chœur.
Les
boiseries du tabernacle sont peintes en blanc et or par l'antheitois
Adolphe Tassin, l'un des principaux représentants du style
néogothique dans la peinture belge de la fin du XIXe
siècle et du début du XXe
siècle.
L'autel
majeur
– autel-sarcophage en marbre – encadré
par les deux
anges adorateurs, de l'école de Del Cour, sur
socles de
marbre.
Le
tabernacle, au centre de l'autel, est flanqué de marches
disposées sur trois
ordres.
L'armoire eucharistique, ici
fermée, pour pyxide –
boite contenant la réserve d'hosties – et ciboire
– coupe généralement sur pied
où sont
conservées les hosties à distribuer aux
fidèles– est surmontée d'un second
compartiment
(ici
ouvert)
où se place l'ostensoir
lors de certaines
cérémonies.
Les candélabres (circa 1860-70), sur les
côtés, sont en laiton coulé. Juillet
2016.
L'ensemble
est d'une
grande élégance et le raffinement va jusque dans
les
détails. L'intérieur de l'armoire
supérieure
du tabernacle, par exemple, où l'on range l'ostensoir (qui
permet, depuis le XIIIe
siècle,
d'exposer l'hostie consacrée, dans sa lunule –
récipient, en verre transparent, en deux parties
cerclées
de métal et reliées par une charnière
–, à l'adoration
des fidèles) est délicatement
décoré, ce
que le public stationné dans la nef ne peut
évidemment
apercevoir :
Partie supérieure du tabernacle,
posé à l'arrière de l'autel, avec et
sans ostensoir..
L'autel est
posé
sur un socle de pierre bleue comportant quatre marches, au fond du
chœur, lui-même surélevé par
rapport au sol
de la nef et séparé d'elle par le banc de
communion en
forme de balustrade. Celui-ci délimitait
précisément l'espace
réservé aux
célébrants et celui du public :
Séparation des officiants et du
public par le banc de communion, fragment de carte postale, XXe
siècle (avant 1962).
Les officiants, pendant une grande partie de la messe dite en
latin, tournent le dos aux fidèles qui lisent les
prières
dans le missel rédigé dans la langue de leur
pays. La
réforme liturgique de 1962, pour faciliter la participation
des
fidèles à la célébration,
va rapprocher l'autel
de l'assemblée et permettre aux prêtres de parler
dans
l'idiome local, face au public.
À Hermalle, la partie centrale
du banc de communion, en marbre et laiton, qui porte la date 1864 sous
l'Œil
de la Providence sculpté sur le
panneau central, deviendra le nouvel autel.
Emplacement du nouvel autel formé
avec une partie du banc de communion.
Les deux niches de l'abside accueillent la statue de Marie en Vierge
à l'enfant que nous
avons présentée ci-dessus et une nouvelle, celle
de Saint
Joseph avec son lys (auteur inconnu, en terre cuite, de 130 cm
de haut, peinte en blanc
et or, circa 1841-1860) :
L'aigle-lutrin placé sur le côté du
chœur,
formé d'un pied en marbre noir et d'un aigle en bronze (le
tout
donnant 162 cm de hauteur), a une double fonction : rappeler
symbolique l'évangéliste
Jean dont ce rapace est l'attribut (car il lui aurait servi de pupitre
pour la rédaction de son Apocalypse, dernier
livre du Nouveau
Testament), et offrir un support pratique aux livres
ouverts pour la lecture, reposant sur les ailes de l'oiseau.
D'autres objets liturgiques existent évidemment, certains
étant utilisés encore
régulièrement au XXIe
siècle, d'autres étant soigneusement
gardés à l'abri.
On peut presque dire qu'ils y furent habitués car en
temps de guerre, on tentait de les soustraire à l'occupant.
Marie Ladry, gouvernante du jeune baron René de Potesta,
restée seule responsable au château en 1914, donne
une
indication de leur cachette à cette époque, dans
son
carnet à la date du 31 octobre (veille de
la Toussaint où l'on fleurit traditionnellement les tombes
dans
les cimetières) :
« Samedi,
31 8bre
(…) — Journée superbe. Le
cimetière est fort
beau. Le caveau est bien garni, mais toute la parade est
extérieure. Je m’aperçois que
je n’ai
pas encore dit que les loges renferment le précieux
trésor de l’Église. Les vases
sacrés y ont
été déposés le 7
Août. Il ne
pourrait donc être question d’ouvrir la chapelle.
Le
décorum consiste en un joli gradin de
chrysanthèmes sur
les marches. Trois fleurs mauves terminent la garniture devant. Les
bords du pavé et du parterre sont également
garnis. De
toutes parts, on me dit que l’effet est plus
marqué.— »
Chapelle funéraire de la famille de
Potesta, de style néo-gothique, à l'angle
nord-ouest du vieux cimetière
de Hermalle.
Elle abrite une Pietà [Vierge de pitié] et six obiits,
panneaux quadrangulaires
posés sur pointe représentant les armoiries des
défunts avec l'année de leur
décès.
Les prêtres en charge de la paroisse, le curé
Joseph Otto puis le curé Mons, sont des plus actifs !
Le prêtre est en effet un membre essentiel de la
société – l'occupant allemand, en 1914,
ne s'y
trompera d'ailleurs pas dans
son recours systématique à la prise
d’otages : le
bourgmestre et le prêtre séculier figurent
toujours dans
la liste
de ses premiers captifs. Il le restera jusque dans les
années 1950 car :
- Il
dit les messes (chaque jour une messe, plus les vêpres
à 15 ou 16 h et le salut à 18 h, et deux le
dimanche : la
petite messe tôt le matin puis la grand-messe
agrémentée de chants religieux et de musique
sacrée) ;
- il
célèbre les baptêmes, petites et
grandes communions, confirmations, mariages et enterrements ;
- il
écoute les pénitents en confession, pratique la
catéchèse et enseigne le catéchisme ;
- il
visite ses
paroissiens
pour s'informer, réconforter les malades, leur donner la
communion voire l'extrême onction ;
- il
veille à l'horaire des adorations perpétuelles ;
- il
transmet évidemment les directives de ses
supérieurs et
lit publiquement les Intentions (prières dans un but
particulier) – comme celle de septembre
1944
à l'égard des femmes au travail ;

- Il conseille la famille seigneuriale tant sur
le plan de la religion que de la politique ;
- il
invite et accueille les missionnaires qui viennent prêcher
– comme les Révérends Pères
rédemptoristes en 1894 (le curé étant
M. Mons), dominicains
Roppe et Jérôme en 1935 (le curé
étant Jules Sacré), franciscains
Égide et Solano en 1937 (le curé étant
l'abbé Julien Dehalleux) ;
- il
gère les affaires administratives et financières
de l'église paroissiale avec les autres membres de la fabrique d'église ;
- il supervise les écoles ! Depuis le
règne de Guillaume Ier
des Pays-Bas, chaque Commune doit disposer d’une
école
primaire dépendant de l’État et non
plus de la
hiérarchie ecclésiastique mais la naissance de
l'État belge en 1830 a modifié la donne : la
liberté d’enseignement a été
instituée et, avec elle, est née la
rivalité entre
le réseau « officiel »
organisé par la
Communes, et le « libre » d'un pouvoir
organisateur
privé. À Hermalle-sous-Huy, des religieuses ont
donné cours de 1832 à 1912 dans
l’ancienne maison
vicariale, au n° 1 de l’actuelle rue du Pont. En
1867,
Charles de Potesta d’Engismont, par philanthropie de
châtelain paternaliste, a fait bâtir une
école
située 50 mètres plus au nord où,
formée
à l’éducation des enfants, la
congrégation
des sœurs de Saint-Paul de Chartres a prodigué
l’enseignement élémentaire de 1887
à 1919.
Les curés appuient évidemment de leurs conseils,
voire de
leurs directives, le travail des maitresses d'école.

- il
distribue les imprimés qui permettent de gagner des
indulgences ;
- il
organise des pèlerinages dans des sanctuaires mariaux
(à
Foy-Notre-Dame, près de Dinant, ou à Lourdes, en
France,
par exemple) ;
- et
il s'occupe aussi de divers groupements comme
- la
Confrérie de Sainte-Barbe
– fondée,
dans l'église de Hermalle, le 21 novembre 1836, ce qui
donnait à ses membres indulgences
plénières et quarantaines – ;
- la
Confrérie de Notre-Dame
auxiliatrice établie dans l'église de
Hermalle le 8 septembre 1842 ;
- la
Confrérie des Saints Anges gardiens ;
- le
Denier de Saint-Pierre, érigée
à Hermalle en 1861 ;
- la
Congrégation de l'Assomption de la Très sainte
Vierge
Marie, établie à Hermalle le 27 mars 1893, dont
préfète, assistantes et congréganistes
sont
uniquement des femmes ;
- l'Association de Saint François de
Sâles
(sic), soit comme associé (0,60 fr/personne) soit
par
abonnement au « petit Courrier ».
« L'inscription
dans chaque confrérie coute 0,50 fr, l'annuité
est de 0,16 fr.
Chaque
confrère a droit, après sa mort, à une
messe
chantée à 1 prêtre, à 8 h.
(célébrant 3 frs, sacristain 1 fr,
organiste 1 fr). Les inscriptions et annuités se
payent au
mois d'octobre en main du curé, lorsqu'il fait le tour de la
paroisse pour recueillir le Denier de Saint-Pierre. Après la 1ère communion (ordin. [ordinairement] le jour même
après l'office de l'après-midi, on inscrit dans
la confrérie de la Ste Vierge, les enfants qui ont
fait leur première communion. »
Louis Mons, curé,
octobre 1885, dans un registre de la paroisse.
L'inscription
dans une confrérie donne d'autres avantages…
Ainsi, par exemple :
La population a
tellement apprécié le curé Joseph Otto
qu'elle l'a
surnommé « le Bienfaiteur ».
Elle a
manifestement aussi aimé son successeur, Louis Mons,
puisqu'elle
lui a offert en 1911 une belle bannière pour ses 50 ans de
pastorat…
Bannière
en velours, soie et broderie représentant Saint-Martin au
recto
et un texte d'hommage « Jubilé du
pastorat de Mr. L. Mons (…) » au verso, 1911.
Voici le plan de l'église et de ses principaux meubles :
1.
Autel majeur – 2.
Nouvel autel formé d'une partie du banc de communion
– 3.
Restes du banc de communion – 4.
Autel St-Martin
5.
Autel de la Vierge – 6.
Bénitiers suspendus aux piliers de soutien du
jubé – 7.
Fonts baptismaux – 8.
Antependium – 9.
Vierge à l'enfant
10.
St
Joseph – 11.
Anges adorateurs – 12.
St
Ange Gardien – 13.
St
François d'Assise – 14.
St
Hubert – 15.
Ste
Barbe – 16.
Ste
Marguerite d'Antioche – 17.
St
Éloi – 18.
St
Roch
- 19. Ange gardien – 20.
Christ du Calvaire – 21.
Angelots du Calvaire – 22.
Partie du chemin de croix
23.
Plate-tombe dressée verticalement – 24.
Tombe remarquable par son inscription
25.
Tombe de l'Abbé Wagelmans (date de
décès 2004 manquante) – 26.
Épitaphe du chanoine Gérard Wailley
27.
Tombe du curé Joseph Otto.
Outre l'église, le village offre d'autres lieux de
dévotion dont s'occupe aussi le prêtre : les
chapelles. Nous ne citons que pour mémoire, car
privée, la petite du XIXe
siècle sise dans l'enceinte de la
maison de La Héna.
Commençons donc par
celle du Calvaire, adossée au mur du cimetière
ancien,
sur le terrain de la ferme castrale. Son Christ en croix a connu de
petites aventures :
Haut de 150 cm, en bois sculpté, il était encore
flanqué de deux angelots lorsque l'IRPA le photographie en
1970.
Vingt ans plus tard, il reste seul, badigeonné de blanc, le
cartouche INRI disparu, dans la chapelle de briques et pierre calcaire.
Le sacristain, Léon Verdin, ayant appris
par Charles-Xavier
Ménage, habitant de la Ferme castrale, que l'objet est
intéressant, décide le le nettoyer et de le
vernir. Puis,
craignant qu'on ne le vole, il lui trouve (en accord avec le
curé Maurice Aerts) un emplacement au bout du
collatéral
sud de l'église,
laissant la chapelle démunie de tout objet religieux.
De g. à dr. Photo de l'IRPA 1970,
badigeon 1990, dans l'église ca 1993.
Charles-Xavier Ménage comble ce vide par la pose d'un Christ
en bronze du XIXe
siècle que boulonnent solidement au mur deux ouvriers, l'un
chrétien et l'autre musulman. Et tous assistent en bonne
entente, sous une pluie
battante, à la bénédiction du nouveau
Christ par
le curé Maurice Aerts et deux jeunes acolytes.
De g. à dr.
Bénédiction du nouveau Christ, et la chapelle du
Calvaire telle qu'en 2024.
Mais… les
angelots ?
Retrouvés
dans une réserve, ils ont été
accrochés
verticalement à des piliers de la nef, bien loin du Seigneur
sur
lequel ils veillaient dans la chapelle…
Le
vaisseau central avec le jubé et l'orgue au fond.
Les angelots sont accrochés aux deuxièmes
piliers, de part et d'autre de la nef.
Le baron Édouard de Potesta est fortement affecté
par le
décès de sa fille Emma, âgée
d'à
peine 15 ans lorsqu'elle meurt d'une pneumonie, le 12 avril 1910, «
munie des Saints Sacrements, qu'elle a demandés et
reçus plusieurs fois, avec les sentiments de la
piété la plus vive. »
indique la carte souvenir qui fut distribuée à la
famille, aux amis et aux Hermalliens.
Édouard décède un an plus tard
à Hermalle, le
28 avril
1911 – de chagrin dit-on –, après avoir
fait dresser
en souvenir une chapelle de calvaire placée dans le mur de
clôture du parc du château, quasiment face au
carrefour de
la chaussée Terwagne et du Ronheu.
Marie
et Joseph
étaient placés de part et d'autre du Christ en
croix
dressé sur un socle de pierre portant l'inscription
«
Piam memoriam Emma de Potesta quae obiit 12 aprilis 1910
».
Détruite dans la 2e partie du XXe
s. pour cause de modification de la voirie.
Le petit édifice
néo-gothique en briques et
calcaire de la seconde moitié du XIXe
siècle, légèrement
déplacé au XXe
siècle sur le côté du square Lepage,
est dénommé Chapelle
de l'Ange gardien
mais n'abrite plus celui qui lui a donné son nom. L'objet,
en
effet, a été placé dans le
collatéral sud
de l'église près de l'autel de la Vierge, sur une
crédence en marbre de ca 1865 (n° 19 dans le plan
ci-dessus) :
La Chapelle
du Sacré-Cœur
constituant un petit édifice en briques, de plan
carré et surmonté
d'une croix, datée 1864, se trouve quant
à elle le long de la rue Chaumont, au nord-est du village.
D'autres chapelles et calvaires ont dû exister dont Hermalle
n'a
pas gardé le souvenir, à l'exception d'un
Crucifix qui
figure sur la carte de Ferraris (juste en bordure de la voie rapide
à la pointe nord-ouest du triangle schématique
ci-dessous) et a
donné son nom à un terrain situé le
long de la
N90. Cet espace est devenu
à la fin du XXe
siècle l'écoquartier de la Fontaine St-Jean (car
traversé par le ruisseau… St-Jean).
Capture
d'écran du Portail cartographique de la Région
wallonne.
Chapelles, calvaires… ces lieux offraient un moment de repos
aux passants, de dévotion
pour ceux les habitants éloignés du centre
villageois et
constituaient les étapes obligées des
processionnaires.
Car il y a encore une dernière (si l'on ose dire)
tâche à charge du curé :
l'organisation de processions qui concernent autant croyants que
(rares)
non-croyants par la fête qu'elles constituent.
Tous se retrouvent dans un parcours de plusieurs kilomètres
dans la campagne et le village :
Le
garde-champêtre en grande tenue
précède, avec des
enfants en habit de page
suivis de garçonnets en tunique de
pénitent,
de
communiantes de l'année qui portent les bannières,
heureuses de revêtir à nouveau l'aube
traditionnelle
transmise familialement de génération en
génération,
de fillettes vêtues de blanc, portant des
paniers de pétales de roses ou de pivoines,
Suivent les
scouts en uniforme, des femmes dans leur plus belle robe, et…
des jeunes
hommes qui portent la statue de la vierge sur le brancard de
procession,
des hommes
faits portent
le dais sous lequel le prêtre tient
l'ostensoir sans le toucher, par l'entremise du voile
huméral
(l'étole qui couvre ses épaules) – la
lunule de la
pièce d'orfèvrerie donne à voir
l'hostie
consacrée, comme diffusant des rayons d'or ou d'argent.
Fanfare
Sainte-Cécile locale,
associations
avec leurs drapeaux et autorités
communales terminent le cortège qui chante les Litanies des
Saints pour attirer la bénédiction
divine sur les travaux
agricoles.
On fait halte aux chapelles mais aussi à tous les endroits
où l'on a dressé un reposoir pour que le
prêtre y
expose le Saint-Sacrement. Bien entendu, le château est de
ceux-là : son portail,
tendu de draperies, forme le décor idéal pour la
cérémonie.
Non, pas de salut nazi ! Simplement le salut
traditionnel des scouts : main droite élevée,
index, majeur et annulaire pointés vers
le haut,
pouce replié sur l'auriculaire pour rappeler les trois
promesses
(être loyal, aider les autres, observer la loi scoute) et
symboliser
les trois vertus scoutes (franchise, dévouement,
pureté),
le pouce représentant le fort qui protège le
faible
(l'auriculaire).
Ces processions ont disparu peu à peu. Celle de la
Fête-Dieu qui se déroulait 60 jours
après
Pâques fut organisée à Hermalle
jusqu'au tout
début des années 1960.
Nos
remerciements à Victor Dardenne et Jules Hastir pour les
photos de procession.
XXe
siècle
Au début de ce siècle, il est
décidé de
placer des vitraux colorés aux baies des
collatéraux et
un appel est lancé à la communauté des
fidèles.
La famille de Potesta, le curé Mons, des paroissiens et la
Congrégation de la Vierge offrent ces panneaux de verre
datés de 1903, portant le nom des donateurs, aux motifs
végétaux et floraux semblables, mais
différents
par leur forme et par l'encadré soit turquoise soit rose.
Ceux de l'aile sud mentionnent la famille de Potesta par les
armoiries : les vitraux de la
façade sud (ci-dessous) comportent dans le bas
l'écusson des Potesta, soit simple, soit double.
tandis que le vitrail de la façade ouest présente
dans le haut
l'écusson du
couple Édouard de Potesta-Isabelle de Géradon qui
occupe le château à cette époque.
Les autres vitraux mentionnent les donateurs dans le bas
…sauf pour le vitrail partiellement
caché par le
confessionnal, dans chaque aile…, où la mention
des
donateurs est placée dans le haut pour être bien
visible !
À
g. Don
de Rosalie et François Polard, 1903, dans le
collatéral sud.
À dr. Don
de la famille Lepage-Renard, 1903, dans le
collatéral nord.
En 1950, sous le curé Julien Dehalleux, nefs,
chœur et
abside sont réparés et repeints par l'entreprise
Caponetto de Hermalle-sous-Huy, obligée,
évidemment, de bâcher
tout le mobilier intransportable avant de boucher des trous,
de refaire de la maçonnerie et de peindre.
Albert Wagelmans, né en 1915 et ordonné
prêtre en 1942, devient le responsable de la paroisse en
1963. Voici des images de son installation, communiquées par
le Hermallien Benoît Louis que nous remercions.
Très apprécié par les
fidèles, l'abbé reste en poste jusqu'en 1982.
Il a choisi d'être enterré à Hermalle
et y fait placer une pierre tombale où la date de son
décès, très logiquement, ne figure
pas. Personne, ensuite, n'y ajoutera de mention. Sachez que
décédé le 13 janvier 2004, il fut
enterré à Hermalle le 17 du même mois.
En 1982, l'abbé Maurice Aerts lui succède
jusqu'en 1991 où il est remplacé par le
Vietnamien Fernand Nguyen Huu.
À la fin du XXe
siècle, quelques concerts sont organisés dans
l'église.
XXIe siècle
L'abbé Fernand Nguyen Huu, étant nommé
à Amay en 2013, laisse sa place au Congolais Fulbert
Mujiké qui quittera le village pour Loncin en aout 2019. Le
poste vacant à Hermalle sera alors octroyé
à Étienne Barusanze.
À partir de 2016, les prêtres habitent une toute
nouvelle construction sise rue du Pont, une centaine de
mètres plus loin de l'église que le
bâtiment du XVIIIe
siècle qui leur servait de presbytère et que la
fabrique d'église a préféré
revendre étant donné les importants travaux de
rénovation que cet immeuble, classé, devait subir.
La
majorité des informations données dans cette page
ont
été précidément
rassemblées en 2016, à
l'occasion de l'exposition Patrimoine
religieux et culinaire montée
par Nicole Hanot à la Ferme castrale de
Hermalle-sous-Huy – pour évoquer les rapports
entre la
gastronomie et les options philosophiques, tant de libre examen que
religieuses (juive,
catholique,
protestante, antoiniste, orthodoxe, bouddhiste, musulmane) –,
Natacha Aucuit étant la guide tant à la Ferme
qu'à
l'église Saint-Martin.

Nos remerciements à Gilles
Ménage pour
ses reportages photographiques dont vous ne pouvez apprécier
la
qualité car nous publions volontairement quelques photos en
petit format et mauvaise qualité afin de protéger
la vie
privée des personnes photographiées.
En 2024, de nouvelles corniches sont installées en
façade sud de l'église.
Pour la façade nord, ce sera en 2025...
À
Clermont-sous-Huy
Le
territoire de Clermont-sous-Huy (dite Clermont-sur-Meuse
au XIX e
siècle) forme une sorte de triangle dont la base rejoint le
plateau du Condroz et les pointes nord et est touchent la Meuse
à Engihoul
sur 30 mètres et Ombret sur… 3 mètres,
enfermant le village de
Hermalle-sous-Huy dans une plaine d'alluvions favorables aux cultures
le long d'un
fleuve traditionnellement utile à la pêche, aux
transports
et au commerce – ce qui explique
un habitat dès le Haut Moyen Âge et le
développement de la culture religieuse.
Pour Clermont, le relief est
marqué, passant du creux de la
vallée mosane par des pentes de ± 50 %
à travers les bois de l'Ardenne condruzienne dont
l'exploitation était difficilement réalisable,
jusqu'au début du plateau du Condroz où peuvent
se développer à nouveau des cultures.
Cela explique un
faible peuplement – moins de 400 habitants selon le
recensement établi par les Français en 1795
–
réparti sur plusieurs petits hameaux, et donc…
moins de lieux
de cultes.
Un document de 1362 ou 64 mentionne une donation à une
chapelle
Sainte-Barbe à Parfondry (actuel hameau de Sainte-Barbe) qui
dépendait de l'Abbaye du Val-Saint-Lambert ; elle passe sous
la
juridiction des Awirs puis sous celle de Chokier lorsque celle-ci
devint autonome.
Au XVIII e
siècle, c'est
l'église de Neuville-en-Condroz qui en assure la gestion, de
1790 à 1835 où elle dépend de
l'église de
Saint-Séverin. Mais le curé de
Saint-Séverin
a bien du mal à se déplacer… et la
messe se
célèbre dans l'école d'Aux-Houx,
hameau assez
central de Clermont-sur-Meuse comme on disait à
l'époque…
C'est Aux Houx, justement, qu'on décide en 1847 de
construire
une église. Près de deux grosses fermes, de
quelques
jolies maisons et… de l'école communale.
L'église, qui est désormais le seul
monument
d'importance sur le plan du patrimoine religieux de Clermont-sous Huy,
est inaugurée le 14 septembre 1851 mais consacrée
par
l'évêque de Liège le 8 octobre 1855.
Nous remercions Jean Flagothier, auteur de Si Clermont m'était
conté (imprimé
à Herstal, Imprimerie provinciale des Hauts-Sarts, 1995,
encore disponible en 2025 chez l'auteur) pour son accueil
et ses informations, en 2016.
La particularité de l'église Sainte-Barbe
réside
dans l'histoire des ses agrandissements et le changement de place du
chœur : trois fois en 78 ans !
- En 1853, son chœur se trouve au
nord-est
– alors qu'il est traditionnellement
érigé à
l'est, vers l'Orient. Les fidèles
pénètrent par la tour-clocher.
- En 1868, le chœur change de place
pour
être
orienté au nord-ouest. La raison en est la construction
d'une
nef perpendiculaire à l'ancienne sous la direction de
l'architecte Émile Deshayes ; les fidèles entrent
par
l'extrémité de la nouvelle construction. Cette
«
nouvelle » église n'est pas reconsacrée
!
- En 1929, enfin, le chœur
déménage au
sud-ouest, dans l'agrandissement de la nef qu'on pare d'un
revêtement intérieur en moellons et à
laquelle
on accole une sacristie. L'accès se fait par le percement de
la
façade nord-ouest, rue Aux Houx. L'ancienne
entrée de la
tour est dissimulée derrière un parement de
moellons qui
enrobe tout le clocher.
De
gauche à droite : l'église en 1851, en 1868 et en
1929 (état encore actuel en 2025.)
Vue
de la nef et du chœur depuis 1929.
L'architecture est simple et la nef lumineuse grâce aux six
baies
latérales et aux trois situées à
l'arrière du
chœur.
Les photos qui suivent datent de 2016.
Vitraux
signés du peintre verrier Jules Vosch, ca 1919,
représentant de g. à dr. l'Annonciation, le
Pouvoir de la
Messe, la Nativité
(avec, dans le bas de ce vitrail, les outils du
bucheron,
du mineur, du moissonneur et des ménagères).
Comme
souvent les vitraux ont été offerts par des
paroissiens, collectivement ou en noms propres.
On note particulièrement ceux de Sainte Anne offert par la
baronne de Moffarts de Hemricourt, qui habitait le château de
Magnery assez proche,
À g. Sainte Anne, à dr.
Sainte Barbe
et celui de Sainte Barbe offert par MM. Hilgers, Ernts-Hilgers et la
Société des explosifs de Clermont –
quoi de plus normal d'ailleurs
comme lien étant donné la passion reconnue de
Barbe pour les
explosifs et la présence de la société
Hilgers à Clermont-sous-Huy
depuis 1850 ! Lire nos informations sur les Poudreries de Clermont…
À l'autre extrémité de la nef qui a
gardé ses bancs de la première moitié
du XIX e
siècle, un vitrail
éclaire aussi le jubé où se trouve un
petit orgue
moderne.
Au fond, le narthex et le jubé.
Depuis 1929,
le choeur est donc devenu le narthex, le vestibule par
lequel on pénétre dans l'édifice qui
comporte la
tribune d'orgue (que nous appelons aussi jubé en Belgique)
elle
aussi éclairée par un vitrail portant dans un
cartouche
la mention « Voici ce cœur qui a tant
aimé les
hommes ».
Le narthex
donne accès à une petite chapelle sise
à droite. Il est garni de deux confessionnaux du milieu du
XIXe
siècle placés le long des murs
latéraux, d'un Christ du XVIe
siècle sur une croix
tréflée…
Ce Christ polychromé
était précédemment accroché
au-dessus de l'autel majeur.
et d'un
bénitier sur pied du XVIIIe
siècle :
Le
chœur est meublé de deux stalles et de deux
autels.
Les stalles du XVIIIe
siècle placées sur le côté
du chœur proviennent d'un édifice
désaffecté.
L'autel portant le tabernacle,
placé au fond du chœur sur trois pieds de pierre
et deux colonnes de marbre.
L'autel du premier plan, qui rapproche l'officiant des
fidèles, avec le poisson symbole du Christ
(car le mot poisson, en grec, s'écrit ichthus et chacune
de ses lettres est l'initiale d'un mot dans l'appellation
« Ἰησοῦς
Χριστὸς
Θεοῦ
Υἱός, Σωτήρ
» /
Jésus-Christ, Fils de Dieu, [notre] Sauveur.)
Portant au dos la mention «
Magdalenae Riga accidentaliter defunctae hoc parentes
Riga-Vincent erexerunt 9-3-27, † 16-10-37 »,
il constitue un mémorial pour une fillette
décédée accidentellement à
l'âge de 10 ans.
L'église
est dotée de deux cloches.
- La petite haute de 59 cm, fabriquée
aux usines
du baron Alphonse de Rosée à Moulins, fut offerte
par le
baron de Moffarts de Rosen à l'église en 1851 et
provenait peut-être de la chapelle Sainte-Barbe. La cloche de
celle-ci, de 670 kg, fut volée par l'occupant allemand en
1943 ;
- La grosse de 83 cm de haut,
fabriquée à Tellin (LE lieu belge de
création de cloches) date de 1950.
Sans être une riche paroisse,
Clermont est évidemment
attachée à ses objets liturgiques dont certains
remontent au XVIe
siècle. L'émotion est donc vive
lorsque…
Dans la nuit du 6 au 7 avril 2014, des voleurs s'introduisent par la
sacristie et emportent près de 40 objets. La
découverte en est faite par Marie
Louise Marsin, épouse du sacristain, venue reprendre une
plante
dans l'église. La police est prévenue,
l'évêché aussi, le vol noté
dans le livre de
l'église, et la presse en parle.
Le sacristain, Jean Flagothier, montrant au
journaliste de L'Avenir
le bloc de pierre utilisé pour briser la
fenêtre de la sacristie.
Il faut
malheureusement compter parmi les objets disparus,
principalement en laiton, une vierge du
XVIe
siècle et deux peintures
de la toute fin du XVIIIe
d'un
artiste inconnu, représentant une Vierge en buste
vêtue de noir et le martyre
de Sainte-Barbe – heureusement photographiées par
l'IRPA
en 1971 :
Mais les
malfrats ont laissé sur place la grande statue de
celle
qui se trouve dans une niche d'angle, à gauche en entrant,
et
qui a donné son nom à l'édifice.
La
dénomination de l'église montre l'attachement
réel de la population à
cette sainte
que l'on fête le 4 décembre.
Sainte Barbe fut pour les
uns une vierge baptisée contre la volonté de son
père et condamnée au martyre (torture par le feu,
arrachage des seins et décapitation).
Pour les autres, ce fut une
vierge passionnée d'explosifs : pour
défendre sa ville (Hippone au nord-est de
l'Algérie) pendant 14 mois, elle catapulta
feux de Bengale et autres boules de feu, avant de
se
faire exploser pour détruire, en même
temps que son
couvent, la horde de Vandales qui l'assiégeaient…
Elle est donc devenue la patronne des mineurs, des architectes, des
métallurgistes, des carillonneurs et des
égoutiers comme
de toutes les corporations liées au feu et aux travaux
souterrains.
On la vénère dans toute notre région,
et ce depuis le XIIe
siècle. Il existe en effet à Clermont un lieu-dit
«
Sainte-Barbe » car une chapelle dédiée
à la
sainte y fut construite en 1182.
L'imposte de porte d'une ferme de cet endroit porte le chronogramme
« DIeV
soIt La garDe De Ce LIeV / Ie Change
DonC MaIs poVr Vn bIen » (soit 1713).
On note ainsi
- dans
l'église Sainte-Barbe de Clermont, en plus des
effigies que nous avons citées plus haut :
-
une statue
en terre cuite polychromée (entre 1501 et 1850)
- dans
l'église Saint-Martin de Hermalle-sous-Huy :
-
une statue
en bois sculpté peint en blanc et or (1ère
moitié du XVIIIe
siècle)
-
la création d'une Confrérie de Sainte-Barbe
à Hermalle-sous-Huy le 15 janvier 1843
- une monstrance-reliquaire en métal repoussé
argenté (entre 1851 et 1900), contenant au centre une
relique de
Sainte Barbe, entourée de reliques de Sainte Christine
l'Admirable (1150 St-Trond-1224),
d'Étienne le
Promartyr, de Harlindis et Relindis deux sœurs originaires de
Maaseik (Limbourg belge) au VIIIe
siècle.
- dans
l'église Saint-Pierre d'Engis :
une statue
en bois sculpté polychromé ( circa 1850)
|
- au jubé de
la petite église paroissiale
nommée… Sainte-Barbe
(néo-gothique, 1884),
à la Mallieue
une statue
en bois sculpté polychromé ( circa 1882)
|
©
Kik-Irpa
Cette
dévotion a longtemps perduré : une procession se
déroulait en son honneur chaque 4 décembre
(jusqu'aux années 2000), de
cette petite église
de la Mallieue jusqu'aux carrières Dumont-Wautier.
Procession à la Mallieue vers 1940.
Remerciement à M. Mathy.
Carte postale, circa 1903. La chapelle est
désacralisée au XXIe
siècle
Dites, c'est une
église ou une chapelle ?
Parce que pour une chapelle…elle est grande, quand
même !
Ce
n'est pas une question taille – une chapelle EST
une église puisque c'est un lieu de culte
–, c'est
une question de pouvoir : une chapelle, petite église secondaire,
n'est pas elle-même le centre d'une paroisse, elle
dépend d'un autre centre ecclésiastique.
Cette petite église Sainte-Barbe date des années
1900 et fut construite par la Société
de la Nouvelle Montagne
pour éviter aux ouvriers, et à leur familles, habitant la Mallieue de devoir se
déplacer jusqu'à Flône pour assister
à la
messe et s'acquitter de leurs devoirs de chrétiens – comme la communion.
1897 Certificat de Première Communion de Camille, enfant de la famille Feron
dont plusieurs membres vécurent longtemps à Hermalle. 31 x 23,3 cm, imrpimé à Paris.
Quant aux
chapelles de Clermont :
1.
Outre celle de 1182, disparue, on en répertorie une dans le
parc
du château de Magnery, le long d’un chemin jadis
utilisé par les
Clermontois et Saint-Séverinois voulant se rendre dans
l'un ou l'autre de ces villages.
Ancien lieu renommé de pèlerinage, encore
utilisée
de nos jours (quoique moins) par les habitants de
Saint-Séverin
ou de Clermont, cette chapelle dédiée
à Notre-Dame de Lourdes a été tant
bien que mal
rénovée par des scouts au début des
années
2000.
Ce site privé appartient à la famille Visart de
Bocarmé qui a très aimablement répondu
à
nos questions.
Autel de la chapelle avant
rénovation. © J.-M.
Willems.
2. Au
croisement du chemin allant du moulin de Falogne à Haponry
et de
lui qui débute face à la pointe ouest du
cimetière
de Clermont pour joindre un chemin parallèle à
celui de
Falogne-Haponry, une chapelle et un arbre sont signalés sur
la
carte du dépôt de guerre de 1865-1880. Nous
n'en avons pas
trouvé d'autre mention.
3.
À
mi-chemin entre Aux Houx et le centre de Hermalle-sous-Huy,
là
où se joignent les
hameau de Haponry et des Fontaines se trouve également une
chapelle construite en 1954 pour marquer le centenaire de la paroisse Ste-Barbe.
4.Tout
au nord de Clermont, juste à l'ouest du
carrefour route des Poudreries-ancienne route vers Liège, un
petit édifice construit en 1950 ou 1951, pendant le
sacerdoce de
l'abbé Mairlot (curé d'Aux Houx), dessert les
habitants du
hameau de Clermont-Bas, détaché de Hermalle et
rattaché à Clermont -Sainte-Barbe en
1863 par ordre de l'évêque de Liège
Théodore-Alexis-Joseph de
Montpellier car « le
chemin vient d'être construit mettant en communication avec
celui d'Aux-Houx celui de
Clermont ». Source : Albert Delay
in L'Aguesse,
journal du centre culturel,12/87-01/88.
À
Engis-village
Engissois ou
simples passants, s'ils ne sont pas
âgés, ne
peuvent savoir que cet édifice bâti en 1974 et
consacré à Saint Pierre en 1978 par
l'évêque
de Liège Guillaume-Marie van Zuylen, a remplacé
une
église du XVI e
siècle, classée par la commission royale des
monuments et des Sites…
détruite par la volonté des pouvoirs publics
– et le
bourgmestre local, M. Debaty, prévoyant sans doute la
possible
désacralisation des édifices religieux, laissa
entendre
que le nouveau bâtiment pourrait un jour être
transformé en salle de fêtes
communale… [Dardenne]
Les raisons du changement sont officiellement urbanistiques et
sécuritaires : il s'agit
- d'une part
d'élargir à 12 m la rue Reine Astrid
avec aménagement d'un carrefour
pour
faciliter la circulation automobile
et « aérer
» l'environnement (comme l'a écrit Lucien
Dardenne), et
donc faire un choix entre la destruction de maisons ou de
l'église ;
- et
d'éviter d'autre part de devoir
faire des réparations à
l'édifice ancien,
vétuste et dont l'accès est devenu
dangereux.
Deux
vues de l'église au début du XIXe
siècle avec pour différence, sur celle de droite,
la présence d'un monument aux morts
sous la fenêtre du rez-de-chaussée de la tour
romane
– cette carte postale est donc postérieure
à 1918.
En effet, l'effondrement du plafond de l'église, le
13
décembre 1961, a écrasé une centaine
de chaises
à un moment où l'église
était
heureusement vide, obligeant les autorités à
aménager une chapelle dans une salle de fêtes
proche : la Concorde.
Mais pourquoi ne pas
conserver la tour romane ? Ce témoignage du
passé ? D'abord tour communale
de défense, au XIVe
siècle sur une base du XIe,
à l'emplacement d'un ancien cimetière
mérovingien. Sa cloche servait de tocsin. Et au XVIIe,
avec l'adjonction successive de deux chapelles et l'ajout d'une
deuxième cloche, elle caractérisait
l'église…
Le sujet partage la population engissoise en deux camps. Celui de la
démolition va l'emporter.
Plus de dix projets sont présentés à
l'évêché pour la nouvelle
église. Huit ans
s'écoulent avant la mise en adjudication des travaux. Les
offices sont célébrés par
l'abbé Stouten dans un pavillon
provisoire :
Nos remerciements à Francine
Wéry pour cette photo et d'autres de cette page.
La
destruction du bâtiment ancien permet le travail de fouilles
menées pendant quinze jours par les services de
l'État,
l'archéologue
Bourgeois – qui en est à sa 15 e
fouille d'église – et certains habitants comme Jean-Pierre Dardenne.
Ils confirment l'ancienneté du site.
On
découvre
notamment des vestiges remontant au Haut Moyen Âge :
sépultures du VII e
ou VIII e
siècle (sous le mur actuel de clôture du parvis),
mais
aussi de religieux dont une dalle funéraire d'un chanoine de
S t-Barthélemy
de Liège, et surtout les traces de la chapelle primitive
carolingienne, de 7 m de long sur 5 de large, qui fut ensuite
reliée à une tour carrée de
défense par des colonnes gothiques soutenant des
ogives au XI e
siècle.

Il faut rappeler Engis était encore un petit
village ne
comportant que 31 feux (familles ou ménages) à la
fin du
XV e
siècle. L'église sera agrandie de 3 m. et le
chœur recevra
ensuite une forme polygonale qu'il conservera jusqu'en 1889
où
il sera allongé par une travée et
modernisé.
Enfin la démolition commence dans des nuages de
poussières qui n'ont pas l'air de gêner les
badauds :
Les matériaux récupérables sont
revendus au profit
des démolisseurs. Des moellons de calcaire sont
utilisés,
en 1969-1970, pour la construction d'une maison au 28,
Vallée du
Hoyoux à Barse.
Et la nouvelle église, de facture contemporaine, se
construit d'après les plans de l'architecte Dehasque
d'Ampsin, sans clocher pour réduire les couts.
Comment
ça, sans clocher ?
Et les cloches alors ?
L'installation d'un carillon
extérieur sur
beffroi métallique, le long du mur du cimetière
(du côté gauche de
l'église quand on la regarde de face), résout le
problème en 1981.
Enfin… le
résout partiellement car l'objet se trouve malgré
tout à portée des personnes mal
intentionnées, et donc :
- le 26 mai 2012, le câblage
électrique est volontairement dégradé ;
- le
30 mai 2012, le même câblage se voit
davantage dégradé et le marteau de
la petite cloche est volé – montant des frais :
7505,38 €
- le 6
septembre 2013, à la veille des Journées du
Patrimoine, le carillon est
mis hors d'usage : des gens ont, vers 5 heures du matin,
déboulonné la
plus basse des trois cloches, d'une centaine de kilos de bronze et
pourtant accrochée à quelque 3 m de haut,
probablement pour la voler.
Ils n'ont pu l'emporter ! Et la cloche est restée au
sol. La police
enquête… La presse annonce une estimation de 50
000 € pour la
réparation des dégâts. Cela ne coutera
que 7361,15 €. Quand même…
Conseil
: Vérifiez
l'heure avant d'aller photographier l'engin pour ne pas risquer la
crise cardiaque lorsque retentiront les coups de cloche ! Cela
sonne… très très très fort !
Photo
prise en 2010
|
 |
Les cloches sont récentes :
La plus grosse, de 1100 kg et tonalité en mi,
porte une inscription qui témoigne de sa raison
d'être
puisqu'elle a remplacé la cloche confisquée par
les
Allemands pendant la Deuxième Guerre mondiale et dont le
parrain
était René Likin : « Après
la guerre, une nouvelle voix claire chante dans le ciel l'action de
grâce de la victoire. J'ai été fondue
en 1951 par
Michiels de Tournai. » Le parrain
actuel est M. Streel.
La deuxième, en la,
de
490 kg a remplacé la cloche fêlée
d'Henri Michel,
faite 130 ans plus tôt aux usines du baron Alphonse de
Rosée, à Moulin – selon l'inscription
qui y
figurait et la dédiait à la Vierge et
aux apôtres Pierre et Paul.
Elle indique « après
l'érection de la nouvelle église, à la
place de
l'ancienne cloche datant de 1849, je chante en l'an 1981, la gloire de
Dieu et de Marie » et son parrain
est Georges Dardenne.
La troisième et plus petite, en si et de 325 kg, a
pour marraine Mme Bernard et proclame « Dédiée
à saint Pierre, je convoque le peuple de Dieu à
la table
eucharistique ».
Quant à la nef… autre architecture
égale autre décor.
Il a peut-être été difficile, pour
certains, de passer de ceci...
à cela :
La
partie non vitrée du fond de la nef, devant laquelle sont
les confessionnaux, constitue une petite chapelle.
Si de nouveaux bancs fabriqués par Henri Wilkin accueillent
les
fidèles, du mobilier de l'ancienne église garnit
encore
la nef et la sacristie, comme les confessionnaux, un meuble avec
inscription et blasons de 1655, une
Assomption du XVII e
siècle, une mise en croix du XVIII e,
l'orgue du XIX e
siècle de style Louis XV :
et les fonts baptismaux du XVI e
siècle
coiffés de leur couvercle en laiton gravé d'une
croix
rayonnante tréflée et surmonté d'une
croix grecque
aux extrémités lobées :
Les
fonts baptismaux du XVIe
siècle, encore de style gothique.
D'anciennes pierres tombales ont été
placées dans
le mur du cimetière à quelque trois
mètres de
distance de l'église, du côté du
carillon :
La plus grande (± 110 cm de haut) présente une
Vierge
à l'enfant de style gothique, couronnée et
rayonnante,
encadrée par
deux colonnes supportant un arc en plein cintre et reposant sur un
cartouche. À ses pieds un couple est agenouillé,
l'homme
à gauche et la femme à droite. Le texte est
difficilement
déchiffrable : CY
GIST (…) DONNEZ (…)
1573 LE JOUR
DE NO (…)
PRIEZ DIEU POUR EUX.
À quelques mètres de là, deux
pierres
portant
blasons sont superposées en ± 90 cm de haut,
celle du
dessus datée de 1722, celle du dessous de 1670.
Encore un peu plus loin, une pierre en forme de croix (± 50
cm de haut) porte un texte également peu lisible, ICI GIS (…) PRIE
DIEU POUR (…)
AME,
daté de 1619 (ou 1669 ?).
On connait peu de choses sur les prêtres qui ont
exercé
à Engis.
Mais il faut noter Jean-Hérard
Janssens,
né à Maeseyck le 7 décembre 1783, qui
a eu une
vie… sulfureuse selon les critères de
l'époque :
Enseignant au collège de Fribourg de 1809 à 1816,
il rédige un traité critiquant l' herméneutique
sacrée, examinant les doctrines condamnées par
l'Église et les fausses interprétations qui les
fondent.
L'ouvrage est publié en 1818 alors qu'il est professeur
d'Écriture sainte et de théologie dogmatique au
Séminaire de Liège et son opinion,
contestée, est
considérée comme hérétique.
Cinq ans plus tard, forcé
d'abandonner le professorat, il
devient curé à Engis et le reste jusqu'en 1828
où
il accepte, malgré l'interdiction de ses
supérieurs,
d'assurer la chaire de logique, anthropologie et
métaphysique au
Collège philosophique de Louvain –
créé en
juin 1825 par Guillaume Ier
des Pays-Bas pour
instaurer un enseignement de qualité en philosophie et
belles-lettres… pour le clergé qu'il veut
éclairé et instruit, ce que les catholiques
comprennent
comme une « atteinte sacrilège aux droits de
l'Église » [in Collectif, Nouvelle Biographie nationale,
Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-arts
de
Belgique, vol. 7, 2003, entrée Jean-Hérard
Janssens, p.
147-48.]
En 1830, le Collège
philosophique ayant disparu à la
suite de la Révolution belge, J.-H. Janssens est mis en
non-activité et revient à Engis où il
rédige une Histoire
des Pays-Bas,
fort fouillée, référencée,
témoignant d'une grande hardiesse pour un prêtre
catholique. Le livre fait aussitôt l'objet d'une critique
violente rédigée par Pierre Kersten, dans le Journal
historique et littéraire publié
à Liège.
Jean-Hérard Janssens meurt à Engis le 23
mai 1853. |
|
Engis compte évidemment elle aussi des chapelles :
La chapelle
du Crucifix, aussi appelée Chapelle des Kessales
et jadis chapelle du
Thier des Ardentes.
Sise à l'angle de la rue Reine Astrid et de celle du Thier
Ardent,
elle présentait un décor rayonnant pour mettre en
évidence le vieux Christ.
Le décor est aujourd'hui des plus réduits comme
vous pouvez en juger
sur la seconde photo…Le texte inscrit au-dessus et
à l'avant de
l'édifice est identique dans ces photos.
Purée ! Le
beau parking que ça offre !
Chapelle des Kessales dite aussi
du Thier des Ardentes avant 1982 à g. et en 2011
à dr.
N.B. Quelque soit l'angle de prise de vue, il fut impossible de
photographier la face de la chapelle en 2011…
Des Kessales ?
Qu'est-ce que ça veut dire ?
Nous n'en savons rien
! Nous cherchons…
Et « des Ardentes » ? pourquoi ?
parce que des femmes y ont brulé ?
Ah ça,
m'fi… J'n'en sais rien ! tu
comprends, j'étais pas née à c'
temps-là !
Mais cela n'empêche pas d'émettre une hypothèse
:
Dès l'Antiquité, on a appelé ignis sacer [en
latin : le feu sacré] les maladies qui provoquaient de
fortes sensations de brulure.
Or nos ancêtres, Celtes et Germains, cultivaient le seigle et
le
millet, l'épeautre, le blé amidonnier, l'orge,
l'avoine,
l'engrain. Le seigle était la principale
céréale
utilisée pour faire le pain, base de l'alimentation, et
Hildegarde de Bingen en parle élogieusement dans son ouvrage
Physica.
Et il se fait qu'un parasite du seigle est un champignon joliment
appelé « ergot du seigle » mais
drôlement
dangereux ; en ingérer provoque une intoxication, chez
l'homme
comme chez les animaux herbivores, dont les conséquences
peuvent
être gravissimes : l'ergotisme gangréneux.
Au Moyen Âge, on ne possédait pas les
connaissances scientifiques permettant de comprendre l'action des alcaloïdes
ni les moyens de soigner ces personnes qui commençaient par
souffrir de démangeaisons, de fourmillements, d'une
alternance
de sensations de chaleur brulante et de froid intense, puis voyaient se
former des ulcères sur leur corps, leur peau se noircir car
la
gangrène s'installait… Ce qu'on appela le mal des ardents.
Que pouvait-on faire, à part espérer et prier ?
Peut-être y-a-t-il eu un épisode de ce
type à Engis ?
De femmes seraient-elles allées près du vieux
Christ pour y demander leur guérison ?
D'habitude on invoquait plutôt Saint Antoine pour cette
maladie,
mais comme on dit qu'il vaut mieux s'adresser au Bon Dieu
qu'à
ses saints…
Oufti ! Merci.
…Et le vieux Christ ? Il est si vieux
que ça ?
Ben… non
et oui !
Non parce que ce
n'est pas le Christ que vous voyez aujourd'hui, aux jambes
fléchies et parallèles, n'est pas le Christ
original.
Et oui parce que ce
dernier, aux jambes allongées, pied
droit croisé sur le pied gauche, date du XIVe
siècle !
Regardez
attentivement les photos de la
chapelle...
En février 2014, la presse fait état d'un examen
par
imagerie médicale sur un patient vraiment peu courant : le
Christ d'Engis qui souffre de deux fractures, à la hanche et
à la cuisse) et de deux clous fichés à
l'intérieur de la statue.
Le
Christ entrant dans le scanner © L'Avenir.
Et le quotidien L'Avenir
s'interroge sur cette œuvre d'art :
« On le
nomme « Christ d’Engis ».
Mais
à
Engis, on ne semble avoir entendu parler de cette statue religieuse, au
centre de toutes les attentions, hier, à Liège.
Parmi la dizaine de «
locaux » contactés (échevin,
spécialistes du patrimoine local et du
tourisme…), personne ne sait [sic] confirmer s’il a
fait partie du patrimoine
religieux local.
Sur le site du syndicat
d’initiative de
Hermalle-sous-Huy, on trouve toutefois une
référence à la chapelle du
Crucifix (ou des Kessales), celle à l’angle du
Thier Ardent. « Elle
abritait un christ en croix en bois polychrome du XIVe siècle,
entreposé au Musée d’Art religieux et
d’Art mosan de Liège (devenu une
section du Grand Curtius). »
M.-A.P.,
« Quand le Christ passe un scanner à
Liège » in Lavenir.net 18
février 2014
Les photos du Christ prises à l'hôpital ne
concordent pas
avec la statue exposée dans la chapelle… Le
journal
enquête donc auprès de Philippe Joris,
conservateur au
département art religieux et art mosan du Grand Curtius
à
Liège, qui confirme les données de notre site :
- Le Christ d’Engis (confié
aux
médecins de la Citadelle, à Liège) est
bien la
statue de la chapelle du Crucifix ;
- Elle est entrée en
dépôt au musée d’art
religieux en 1982 ;
- Le Christ d’Engis est une statue de
bois du XIVe
siècle.
et explique
« (…) une œuvre de
l’art mosan. Une statue en bois telle que
celle-là,
« ça ne court pas
les rues ». « Elle a une valeur
patrimoniale,
historique aussi. C’est une
belle pièce », même si elle est
en mauvais
état. Car elle a été
réparée
au fil des siècles, enduite de plusieurs couches de peinture
aussi.
L’objectif aujourd’hui est de lui rendre son aspect
originel. L’examen
au scanner a permis de détecter certains
dégâts.
« On a ainsi vu que le
bois avait été évidé. Et le
détail
de la polychromie, on ne l’a plus. La
restauratrice doit faire aujourd’hui le tri dans les milliers
d’images
qu’on a eues pour faire un rapport sur
l’état de la
statue » en vue
d’éventuels travaux de restauration.
Restauration qui dépendra de son
état actuel et de la faisabilité de pareils
travaux. « S’il faut refaire
tout millimètre carré par millimètre
carré sur une statue qui fait 1,70
mètre… Il faut désormais voir ce
qu’il y a sous les couches de
peintures. On sera peut-être obligé de garder la
dernière couche car en
dessous, ce sera trop abîmé. Ce sont les examens
au microscope qui
permettront de savoir. »
Catherine Duchâteau, « Le Christ trop
abîmé pour être
réparé » in Lavenir.net 20
février 2014
Mis à l’abri, le vieux Christ a donc
reçu un
remplaçant dans la chapelle dont les deux colonnes de pierre
datent du XIX e
siècle et qui offrait, probablement jusqu'en 1982, un
décor rayonnant à la statue.
La
chapelle-Calvaire du Val d'Awirs
À la limite de Basse Awirs et d'Engis, au tournant de la rue
Nicolas Lhomme et de la rue du Val d'Awirs, voici la
deuxième
chapelle engissoise,
lumineuse, dont la restauration et l'entretien sont assuré
par
ses riverains.
Le fronton découpé de rinceaux peints et
dorés de
ce petit édifice a pour support, nous dit
l'IRPA, le « remploi en façade de deux
colonnes en
bois du milieu du XVII e
siècle »… oui sans doute
au XVII e.
La chapelle porte sur le mur du fond un chronogramme bicolore donnant
sa date : « O VOUS
TO US
Q UI
PASSEZ PAR LA
RO UTE
VOYEZ
S' IL
EST DO ULE UR
TE LLE
Q UE
LA
MIENNE
», soit 1853.
Elle était ornée d'un Christ
polychromé du XVI e siècle
(1,20 m de haut) restauré par l'IRPA et
réinstallé
un vendredi saint mais… qui a été
volé.
L'IRPA indique aussi la présence d'une autre chapelle, de
type
chapelle routière et dite chapelle du Crucifix.
Elle
portait encore la mention « Tout passe Hormis Dieu
» en
1972, date de la photographie, lieu non indqué.
Nous pensons qu'elle se situait sur la droite (à
hauteur du premier tournant) du chemin qui va des Fagnes vers les Awirs
et dont la toute première partie est carrossable sous le nom
de rue des Fagnes
n° 60 à 70. Elle a
été
détruite après la construction de la
cité
ouvrière car les nouveaux habitants la
dégradaient et en
volaient les aumônes.
Nos
très sincères remerciements à notre
amie engissoise Lise Dubreucq
pour la relecture de ce long chapitre.
Cette
page a été créée le 6
février 2025 et complétée les 14
février et 10 mars suivants.
Commentaires
:
Sur la page Facebook Hermalle
sous Huy mon village :
Quentin Dupont, d'Engis, 13-02-2025
: À
quand un livre ? 🙂
Albert Untereisenbach, d'Engis,
13-02-2025 : Superbe
reportage. Des photos inédites, comme l'église
d'origine de Engis, etc. Merci beaucoup.
Par Messenger :
Benoît Louis, d'Engis,
14-02-2025 : J'ai lu
avec intérêt ton excellent travail sur la vie
religieuse.
Sur le web :
Doalex, intervenant sur la page de l'Oracle de Wikipédia,
14-2-2025 : Bonjour,
je profite de cette occasion pour te féliciter pour ce site
que
j'avais déjà eu le plaisir de consulter.
Par courriel :
Christian Dury, Archiviste diocésain, 15-02-2025 : J'ai
bien reçu votre lien et vous en remercie infiniment. La page
sur
Hermalle-sous-Huy est bien faite. J'y ai appris beaucoup de choses. Sur
les rituels liégeois, il existe une étude:
Malherbe (G.),
Les rituels liégeois, dans Bulletin de la
Société d'art et d'histoire du diocèse
de Liège, t. 37,
1951, pp. 27-81, disponible dans toute bonne bibliothèque.
Michel Thomas, d'Engis,
28-02-2025 : C'est
un travail formidable, bien documenté, fruit de recherches
approfondies, alliant rigueur et richesse d'informations. Les
illustrations présentent un aspect visuel soigné
et
attrayant.
La valeur éducative de ce travail mériterait une
publication et une diffusion dans les écoles afin de
sensibiliser à l'histoire locale et au patrimoine.
Notes

[Traduction]
: « dont la vie et les actes, tels que nous les avons
reçus par ouï-dire et par le rapport de nos
ainés et de ceux qui étaient plus
avancés en
âge, nous ne pouvons que les décrire
brièvement.
» 
[Catalogue]
: Catalogue de 1878 du Musée royal
d’Antiquités, d’Armures et
d’Artillerie de Bruxelles, p.10. 
[Traduction
Halflants]
: « Le 30e
jour de mai. M. Bayart prètre [sic] et recteur de
l'église appelée communément la Sarte
proche de
Huy, baptisa le neuvième jour de son exposition dans ladite
chapelle, Jean Henri Rasquin notre paroissien, fils légitime
de
Jean Henri Rasquin, et de Marie Anne firket, conjoints, en
présence de Leonard Rasquin, d'Ouffet, grand-père
de
l'enfant, de Nicolas Minet, son oncle du même lieu,
d'Elisabeth
Mignolet, Marie Agnes Dumont, d'Hermalle, et de plus de vingt autres
témoins de Huy et des environs. »

[Différence]:
L'expression « rituels romain et liégeois
»
renvoie à des versions ou éditions
différentes
dans l'Église universelle (romaine) et dans le
diocèse de
Liège auquel on a accordé de continuer ses
pratiques
locales (remontant à l'Ancien régime). Nos
remerciements
à Christian Dury, archiviste du diocèse de
Liège,
pour cette précision. 
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