Remacle Le Loup, Le château de Hermal, gravure, 1735 – détail.
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Et au XVIIIe siècle...



Une nuit de juin 1717, des bateaux s'arrêtent à Hermalle : il faut bien que le tsar Pierre le Grand passe la nuit en paix avant de rejoindre Liège puis Spa où il doit prendre les eaux, mais il n'y a aucune raison pour qu'il débarque chez nous et visite le domaine de Hermalle...


Celui-ci appartient à la famille de Moreau qui a acheté la propriété mise en vente par le comte Philippe-Albert d’Ursel.

peinture représentant le château au XVIIIe s.

Le château du XVIIIe siècle (avant 1741) - collection privée, reproduction strictement interdite.

Il s'agit d'un domaine de grande importance car la terre d’Hermalle consiste en :

haute, moyenne et basse justice
droit de chasse et de pêche
une cour féodale dont relèvent de nombreux fiefs « entre lesquels plusieurs cavailliers relèvent leurs seigneuries hautes et principales, comme aussy plusieurs abbez en tiennent quantité de beaux fiefs », qui rapporte bon an mal an de 800 à 1.000 florins
un château en carré ; « environné d’un grand vivier, défendu par des tours, une grande bassecourt, aussi défendue par des tours, avec une maison pouvant loger un censier, tenir trois cents moutons et quantité d’autres bestiaux »
un beau jardin
un verger de 32 hectares
22 hectares de prairies pour lesquels on offre 58 florins par bonnier et par an
105 hectares de terres labourables loués 4 muids l’épeautre par bonnier et par an
un moulin banal rendant deux setiers de froment par semaine
une brasserie banale
des cens qui rapportent 200 florins par an
deux chauffours (fours à chaux) rapportant chacun 12 florins d’or par an
182 hectares de  « bois à taille où il y a de beaux chênes »


Philippe-Albert d'Ursel dit le comte de Milan (Bruxelles 1668-Bruxelles 1746) a donc fait sortir le domaine d’Hermalle des biens de la famille d’Ursel en le vendant pour 40 000 écus ou 96 000 florins, le 20.05.1704, voulant racheter les terres (Avelghem, Heestert et Tiltenhove) de la succession de son oncle le prince de Steenhuyze.
À l'époque, Hermalle est vinculé (n'est possédé que sous certaines obligations) de fidéicommis (disposition par laquelle un testateur lègue des biens à une personne – le grevé de restitution–, à charge pour ce dernier de les transmettre sous certaines conditions de temps ou de circonstances à un tiers) ; ce qui signifie que l’argent provenant de la vente doit être réemployé dans des biens de même nature et avec l’accord des proches du vendeur et du roi.
Le nouvel acheteur de Hermalle est

Guillaume de Moreau, baron du Saint-Empire, seigneur et vicomte de Neuville-en-Famenne et trésorier général du prince-évêque de Liège (Liège 17.03.1642-Liège 05.08.1710) + Marie-Pentecôte de Crassier => Jean Guillaume de Moreau

Jean Guillaume Baron de Moreau, du Saint-Empire et de Hermalle, conseiller et trésorier général de S.A.S.E. Cologne (Liège 05.05.1685-Liège 29.11.1747) qui fait relief le 18.2.1729 + Marie Élisabeth (De ?) Coenen => Marie Catherine de Moreau


Le château, son parc à la française et son jardin fruitier sont dans toute leur splendeur.

Remacle Le Loup les représente en 1735 dans l'un de ses dessins :

lithographie

Et Pierre-Lambert de Saumery en fait l'éloge dans le premier tome des Délices du Païs de Liége paru en 1738. [11]


Le début de ce siècle voit la reconstruction de la ferme de Hottine, au pied du Thier d'Olne, qui existe au moins depuis 1262, date à laquelle l’abbaye de Flône l’acquit.
Il connait aussi la construction de la maison natale de Jean-Gille Jacob (aujourd'hui presbytère) au chevet de l'église Saint-Martin et, juste à côté, à front de chaussée, celle du relai de poste .
     
La religion catholique empreint la société, depuis 10 siècles, dans chaque fait de la vie ; elle commence à la naissance par le baptême donné au nouveau-né - pour autant qu'il soit en vie - les parents ayant généralement, depuis le Moyen Âge, une peur atroce du destin d'un enfant non baptisé, même si, dans le cas d'un enfant mort-né, il est réputé aller directement dans les limbes, un lieu indéterminé entre enfer et paradis.

Le 21 mai 1734, Marie Anne Firket met malheureusement au monde, de son époux hermallien Jean Henry Rasquin, un fils mort-né.
L'enfant est transporté à Notre-Dame de la Sarte de Huy, soit à quelque 25 kilomètre de distance, où se trouve un des « sanctuaires à répit » de Wallonie.

photo de la vierge noire

Vierge noire de Notre-Dame de la Sarte - Crédit : Freddy de Hosdent.

Le corps reste exposé devant la statue de la Vierge pendant neuf jours au bout desquels il manifeste le signe de vie qui permet au prêtre recteur de l'église de la Sarte de le baptiser, le 30 mai, du nom de Jean Henry en présence du grand-père (Léonard Rasquin) et de l'oncle (Nicolas Minet) du bébé, de deux femmes de Hermalle (Élisabeth Mignolet et Marie Agnès Dumont) et de plus de vingt autres témoins hutois ou des environs.

Ceci est le dernier miracle authentifié de la Vierge de la Sarte, le précédent étant vieux de cent ans. Le fait est acté dans le registre des baptêmes de Hermalle par le révérend Gonzalès Ignace de Kessel, chanoine régulier de l'abbaye de Flône et curé de l'église Saint-Martin de Hermalle depuis 1725 [Halflants].


Quant au château, le pont actuel permettant le passage entre l’avant-cour et la cour d’honneur daté 1733, et le bassin circulaire dans l’avant-cour daté 1741 ont dû être édifiés par la volonté de la famille de Moreau, alors propriétaire des biens.

Jean-Gille Jacob aurait-il participé aux travaux ?

Jean-Gille Jacob 12 :


Jean-Gille(s) Jacob dit Bastin, nait le 13 juillet 1714 à Hermalle-sous-Huy de Catherine Troquay, fille d’un menuisier d’Engis et qui décède quand l’enfant est encore en bas-âge, et de Sébastien Jacob maitre-maçon, auteur notamment du refuge de l’abbaye d’Orval à Huy et du presbytère d’Amay mais aussi sacristain.

On suppose que Jean-Gille a été formé sur les chantiers de son père auquel il succède comme maître-maçon (architecte-entrepreneur).

En 1745, il est chargé de la modification du chœur de l'église de Hermalle.

À l’âge de 39 ans, en 1753, il épouse une jeune femme plus jeune de 15 ans, Marie-Anne-Angélique Mataigne, fille de Jean, également maitre-maçon à Hermalle et bourgmestre du village.  Ils vont avoir 7 enfants :
  1. Anne-Catherine née le 8.5.1753 ;
  2. Jean-Sébastien né le 16.2.1755 ;
  3. Marie-Josèphe-Thérèse née le 1.2.1757 ;
  4. Joseph né le 16.8.1758 ;
  5. Marie-Josèphe-Florence née le 21.6.1760, † 29 juillet 1849 ;
  6. Pierre-Joseph né le 5.2.1762 ;
  7. Jean-Laurent né le 25.4.1765.

L’année de son mariage, il rénove et réaménage sa maison natale construite par son père vers 1712-1717 sur une prairie achetée au chevet de l’église et près du cimetière villageois.

façade avant de l'immeuble


Il renouvèle la décoration intérieure, et y fait réaliser des peintures murales uniques en Europe. [12]

photo du salon

Salon aux peintures murales, devenu bureau du presbytère dans les années 1995.

Le décor mural peint des angles du salon, aux instruments de la profession de maitre-maçon, représente les activités des quatre métiers de la construction : charpentier, maçon, « bricqteur » et tailleur de pierres.

Parmi les outils représentés figure la bisaigüe, un outil de charpentier typique de France et de Wallonie (bizawe en wallon), constituée d'une lame droite, longue de 120 à 130 cm sur 3 à 4 cm, taillée en biseau simple à l'une de ses extrémités, en bédane à l'autre, et utilisée pour dégauchir tenons, mortaises ou même  poutres, et à couper les angles des mortaises.  Cet outil, et surtout sa représentation, intéresse les historiens de l'architecture.

une des peintures

Le plafond est orné de stucs et d'un médaillon portant équerre, compas, règle coulissante, truelle, marteau d'épinceur, fil à plomb et un chronogramme. 

photographie noir et blanc du chronogramme

Le chronogramme :

EXTRVCTVM LEVITER FVIT EX STVDIO TQVE LABORE
Fut construit aisément par l'étude et le travail = 1753



L’année suivante, en 1754, Jean-Gille Jacob reçoit commande de Florent d’Oultremont pour réaménager le château de Warfusée ; à la place de l’ancien donjon, il construit un château de style Louis XV dont les principaux salons donnent sur le parc vallonné, vers la Meuse.

le château vu de la rue

Le château de Warfusée tel que vu de l'allée d'accès -
Auteur : Siebot ;
la construction de Jacob ne se découvre qu'après être passé sous le porche à clocher :


carte postale représentant le château

Le 2 juin 1757, il est présenté comme échevin de la cour de justice de Hermalle et, l’année suivante, comme tenant de l’église paroissiale Saint-Martin.

En 1762, l’abbé commendataire Simon-Joseph de Harlez, ami et conseiller personnel de Charles-Nicolas d'Oultremont - qui va être prince-évêque de 1763 à 1771 -,  lui demande de participer aux travaux de modification du monastère médiéval de l'Ordre de Citeaux, fondé en l'an 1200, qui constitue la base de l’abbaye du Val Saint-Lambert.
Jacob conçoit un palais abbatial de conception néoclassique tourné vers le fleuve, digne résidence pour un abbé artiste (qui a écrit les livrets du Voyage de Chaudfontaine (1757), un opéra-bouffe en wallon liégeois, et des Hypocondriaques (1758) qui traite des bourgeois souffrant de maladies imaginaires et se rendant aux thermes de Spa), protecteur des artistes dont, notamment, Jean-Noël Hamal et André Grétry, et tenant un salon littéraire hebdomadaire qui commente aussi d’autres arts que la littérature.

façade principale

Façade principale du palais abbatial de Jacob.
Auteur : Velvet


Mais Jean-Gille Jacob ne travaille pas toujours pour les plus notables.  Ainsi reconstruit-il la chapelle Saint-Firmin de Rotheux, qui était dans un état de délabrement dangereux, dans des conditions difficiles (1765-1766) : les habitants n'ont obtenu l’ordre de reconstruction de la part des responsables du lieu (la cathédrale de Liège et l’abbaye du Val Saint-Lambert) qu'en échange de l’engagement de leur part de fournir pour la construction « deux cents journées de corvée de manœuvre », d’aller « chercher les charbons pour cuire les briques, de mener la chaux (…) à portée de la chapelle à bâtir, de transporter à Rotheux les ardoises livrées à Yvoz »… [Neupré]

porche et clocher de l'église

Chapelle de Rotheux - Auteur : Jean-Paul Grandmont

À Huy, le conseil de la commune et les métiers tenaient séance à la maison du Coq, à l'angle de la rue des Chevaliers et de la rue du Coq, maison qui devait remonter au XIVe s. et se trouvait en piteux état. Un certain Masson, de Statte, marchand de bois et entrepreneur en bâtiment, élu bourgmestre de Huy en 1756, avait proposé la construction d'un hôtel-de-ville sur la place du marché, ce qui ne fut pas du gout de tous. 
L'idée cependant fut conservée et par la vente de divers bâtiments dont l'ancien beffroi de la ville situé près du couvent des Pères mineurs, la somme nécessaire de quarante mille florins du pays fut réunie, et l'adjudication accordée à Jean-Gille Jacob.
C'est au cours des travaux qu'on s'avisa que rien n'avait été prévu pour le placement d'un carillon et de la nouvelle cloche d'alarme qui devait remplacer celle du beffroi.  Jacob imagina alors la construction, au centre de l'escalier, d'une colonne supportant un clocher pour la cloche et le carillon de 36 cloches  [Gorrissen].

façade principale de l'hôtel-de-ville

Hôtel-de-ville de Huy - Auteur : Lycaon


Arpenteur, expert juré pour la cour censale, échevin de la cour de justice, tenant de l'église paroissiale et échevin de Hermalle, il a acquis un statut social supérieur à la moyenne, ce qui lui vaut d’être appelé lors de son décès - à Hermalle-sous-Huy, le 12 avril 1781 -, dans les registres de la cour censale, Monsieur de Jacob.

Outre les bâtiments déjà cités, Jean-Gille Jacob a réalisé ou complété, notamment :
  • le presbytère de Seny (1743)
  • l'église d'Ougrée (1753)
  • l'église abbatiale du Val-Saint-Lambert (1751-1752)
  • l'hôtel-de-ville de Huy (1765-1770)
  • l'église de Pair (1767)
  • l'église paroissiale Saint-Pierre et Paul (Flémalle/Ramet 1767)
  • l'église paroissiale Saint-Joseph (Sprimont/Dolembreux 1769)
  • le château de Bormenville (1775-1781 - achevé ensuite par son fils)
  • le château de Plainevaux (Neupré-Plainevaux) dont la construction s'étend du XVIIe au XIXe siècle avec la participation de Jean-Gille Jacob au XVIIIe siècle
  • le pont Saint-Nicolas formant voute sur le Hoyoux à son confluent avec la Meuse, à Huy ; ce pont, qui permettait l'accès direct au vieux pont sur la Meuse et à la Collégiale, a disparu lors de la rectification des berges du fleuve avec la création du quai Dautrebande12.
On lui doit vraisemblablement un autre bâtiment de son village natal,  la maison Sacré, où a habité le bourgmestre Lepage, et des modifications apportées à la façade est du château.  On doute en effet que la famille de Moreau eut pu faire appel à un autre architecte que lui, d'autant que :
 
Le style de ses constructions témoigne d'usages et de types architecturaux traditionnnels au pays de Liège, voire même parfois attardés : la toiture à coyau, par exemple, y est encore d'un usage général. Il manifeste un attachement particulier pour les fenêtres tripartites à linteau bombé, la clé cantonnée de deux volutes. [Lemeunier]


Son œuvre a été continuée par son fils ainé, Jean-Sébastien, qui figura sur la 2e liste des révolutionnaires liégeois dont on ordonna en 1791 la prise de corps, la saisie des biens, meubles et immeubles.  Il faut dire que le 28 avril de l'année précédente, alors que le tocsin avait sonné et qu'une foule d'hommes venant du village et de Clermont était rassemblée sur la place de l'église et devant la maison de Jacob, certains avaient obligé Jean-Sébastien à les accompagner dans le tour des cences où l'on savait qu'il restait du grain pour le réquisitionner...  Le fils Jacob ne put que s'exécuter et réussit à empêcher que cette opération se fit dans le désordre.

La maison natale du maitre-maçon, restée dans la patrimoine familial pendant quelques générations, a été vendue à M.  Hilgers, un des responsables des Poudreries de Clermont, puis - en 1842 - à la Fabrique d'église de Hermalle qui s'en est servi comme presbytère jusqu'en 2016, année où elle l'a cédée à des particuliers pour rénovation.
Elle est classée monument historique au patrimoine de la Région wallonne depuis le 13 janvier 1977.

En 2013, notre association La Rawète a proposé au collège communal de rendre à la voirie qui longe la maison natale du maitre-maçon hermallien le nom qu'elle portait en 1829, comme l'atteste un plan du cadastre : ruelle Jacob – une façon de rendre hommage au natif hermallien inconnu du grand public et de compléter le travail entrepris pour sa reconnaissance par Albert Lemeunier, Docteur en histoire de l’art, professeur à l’Université de Liège et conservateur principal honoraire du Grand Curtius.  Après enquête publique et consultation de la Commission de toponymie, le conseil communal a décidé, le 28 mai 2013, de renommer cette partie de la rue Gerée en Ruelle Jean-Gille Jacob.

Jean-Gille Jacob est en effet l’un des quelques grands architectes de son temps en Principauté de Liège, les autres étant les liégeois Barthélemy Digneffe et Jacques-Barthélemy Renoz qui œuvrèrent principalement dans l'aire de Liège, Aix-le-Chapelle, et Maestricht alors que Jacob travailla dans le val mosan et le Condroz.

Il a dirigé un grand nombre de chantiers qu’ils relèvent du domaine ecclésiastique, public ou du privé.  Il est aussi connu comme expert, intervenant en de nombreux endroits.
Il a de plus exercé avec son épouse Marie-Anne-Angélique Mataigne une importante activité commerciale  : opérations hypothécaires et transactions immobilières.

Comment un homme si important13, et dont les constructions sont toujours parcourues par le grand public 250 ans plus tard, a-t-il pu disparaitre de la mémoire de nos contemporains ?

À défaut de célébrer l'architecte, on aurait pu au moins le citer comme grand-père d'un de nos premiers Ministres de la justice et Présidents de la Chambre des représentants...

Car Jean-Gille, par sa fille Marie Josèphe Florence qui épousa l'avocat liégeois Antoine Joseph Raikem14, est le grand-père du célèbre juriste Jean Joseph Raikem (28.04.1787-24.01.1875), qui fut
  • Représentant aux états généraux du royaume des pas-Bas ;
  • Vice-président du Congrès national en 1830 ;
  • membre élu de la Chambre des Représentants par l'arrondissement de Liège en 1831 ;
  • Ministre de la Justice en 1831-32 puis en 1839-40 ;
  • Président de la Chambre de 1832 à 1839 ;
  • Procureur général de la Cour d'appel de Liège de 1848 à 1867 ;
  • auteur d'écrits qui ont fait date et le font encore, tant sur le plan du droit et de la langue française que sur les us et coutumes du Pays de Liège durant l'Ancien Régime.
Les biographes de M. Raikem ont choisi de citer son ascendance paternelle et de passer sous silence la maternelle :

« L'enfance et l'adolescence de Jean-Joseph Raikem eurent pour cadre la vieille cité de Saint-Lambert. Son grand-père, jean Raikem, originaire d'Engis, exerçait la profession de boulanger, quai de la Goffe, à l'enseigne du « Roi d'Angleterre » et son père, Antoine-Joseph Raikem, qui avait embrassé la carrière du droit, était avocat au barreau de Liège. »

Jean Constant, Procureur général près la Cour d'appel de Liège, « Jean-Joseph Raikem »
dans Revue de Droit pénal et de Criminologie, Organe de l'Union Belge et Luxembourgeoise de Droit Pénal,
Bruxelles, novembre 1969.


« Le Procureur général Joseph Raikem naquit à Liège le 28 avril 1787, d'une famille essentiellement liégeoise. Il descendait de ce Jean Raikem que nous voyons au début du XVIIIe siècle, quitter Engis, pays de ses ancê­tres, et s'installer en notre bonne ville, quai de la Goffe, à l'enseigne du Roi d'Angleterre, où il exerce la profession de boulanger. Antoine-Joseph Raikem, père de Joseph, fut le premier de la famille à s'adonner à la carrière du droit, et devint très rapidement l'un des jurisconsultes les plus écoutés du barreau liégeois. »

P. Hanquet, « Jean-Joseph Raikem » dans Les Gens de robe liégeois et la révolution belge,
Liège, G. Thone, 1930, pp. 159-191


On se demande encore pourquoi…



L'église paroissiale est dotée d'une nouvelle tour pourvue de deux cadrans d'horloge à une aiguille et d'une porte à deux battants dont les panneaux ornés de sculptures de style Régence constituent une remarquable menuiserie ; le chantier se déroule de 1741 à 1760[kikirpa]. Le clocher, surmonté d'une courte flèche octogonale soutenant une croix et un coq, contient trois cloches. À l'autre extrémité du bâtiment, le chœur est modifié par Jean-Gille Jacob (1745).

photo  photo



Hermalle se sépare d'Éhein le 15 février 1748.

Reprenons la succession des propriétaires du domaine seigneurial :

Marie Catherine de Moreau (fille ainée de Jean Guillaume Baron de Moreau) + Charles Louis Joseph Augustin de Louvrex (écuyer, échevin de Liège, (décédé en 1754 ?)) qui fait relief le 11.6.1753 => Mathias Guillaume II de Louvrex

Mathias Guilleaume II de Louvrex, Seigneur de Ramelot et baron de Hermalle qui fait relief les 17.7.1765, 8.5.1772 et 2.5.1785  
Ce Mathias Guillaume II est un petit-fils issu du second mariage du fort célèbre Mathias-Guillaume I de Louvrex (Liège 15.11.1665-Liège 13.09.1734) connu pour ses brillantes qualité de juriste et d'historien apprécié tant en Principauté qu'à l'étranger - on dit qu'un de ses mémoires de défense a convaincu l'archevêque de Cambrai Fénelon d'abandonner un procès, certain qu'il était de le perdre face à Louvrex...-, pour sa bibliothèque de 1228 volumes et de manuscrits de grande valeur,et pour les charges publiques acceptées par dévouement pour son pays : bourgmestre de Liège en 1702 et négociant habilement pour garder à la ville ses privilèges et une relative tranquillité dans une époque excessivement précaire, puis membre du Conseil privé du Prince-Évêque, diplomate à la conférence d'Utrecht, juge au Tribunal des Échevins.

De Mathias Guillaume II baron de Hermalle, nous savons à ce jour peu de choses :
Il eut un tuteur, son oncle Jean Louis Joseph de Louvrex, chanoine à Saint-Denis (Liège) qui fit relief le 19 juillet 1754.
Il fut le dernier porteur du titre de seigneur de Ramelot.
Il a épousé en 1766 Marie Isabelle Cornélie de Grady, puis devenu veuf, Marie-Josèphe Hougardy.  Il décède sans postérité.



Blason de Louvrex-de Grady gravé dans la façade sud.

Blason de Louvrex-de Grady en façade sud du château de Hermalle.


En 1764 s'est déroulé un procès devant les échevins de Liège : Mathias Guillaume II de Louvrex y était opposé au monastère du Val-Saint-Lambert pour le droit de pêche ou de faire pêcher dans les eaux de la Meuse placées sous la juridiction de Hermalle. [AE T30/14 - 766].  

En 1772, Jean-Joseph Hanson, peintre, graveur et poète, est comme Jean-Gille Jacob échevin de Hermalle-sous-Huy.

Jean-Joseph Hanson :

Cet Hermallien est nommé professeur à l'Académie de peinture, de sculpture et de gravure par le prince-évêque Velbrück - l'un des huit premiers académiciens de cette importante institution.

Comme peintre héraldiste de la Ville de Liège, il succède à François-Bernard Racle [Kairis] et, en date du 2 septembre 1776 [Van Lokeren] il est nommé peintre officiel de la cathédrale Saint-Lambert, titre décerné par le chapitre par commission spéciale mais… qui n'était pas toujours décerné à un artiste.

On lui doit, notamment, le tableau de l'autel majeur représentant l'Assomption de l'église Saint-Lambert de la Gleixhe (classée, en contrebas du château de Hautepenne dont le premier seigneur fut l'allié malheureux de Henri III de Hermalle)  :

Tableau L'Assomption par Hanson dans l'église


Hanson est aussi connu comme poète dialectal.

Outre des adaptations d'œuvres en wallon - dont La Henriade travestie de Fougeret de Monbron et les Lusiades de Camoëns, il a écrit une pasquille dialoguée à la gloire du prince-évêque François-Charles de Velbrück, sur l'air de la Botteresse de Montegnée, qui commence par l'interpellation d'une femme à son mari [Piron]:

D'où vins-s ? èst-ce li diâle qui [t’] kirôle ?
Volà treûs djoûs qui t'ès èvôye !
Ti t' moques bin dès bièsses èt dès djins
qwand t'ès-st-ine fèye mètou è trin,
ca ti n'as nole sogne dè manèdje,
tot l'monde èl sét bin dîre è viyèdje.
Ti f'reûs mîs dè d'morer è t' mohon,
ca Lîdje, ç'a stu ti pèrdicion.

- Ho ! tês'-tu, feume, ni d'vise nin tant !
Brês vîvât avou tès-èfants.
Dji creû, si t'eûhes situ è m' plèce,
qui ti t'eûhes moqué dès manèdje ;
li djôye t'eûhe fêt beûre tot come mi
dè savu l' prince qu'on a tchûzi,
ca si l'ârdjint m'eûhe mây mâqué,
dj'eûhe vindou m' cou-d'-tchâsses po 'nnè fé.

Ho ! ti n'as mây vèyou téle djôye
qu'in-y-a d'vins [Lîdje], avâ lès vôyes,
tot l' monde brêt vîvât tot costé.
Ho! nos-avans nosse binamé,
qui Dièw èl rinde è paradis
âs trèfoncîrs qui l'ont tchûzi.
I nos faléve on prince diner
ou nos-eûhîs tos stu bruber.

Tot l'monde brêt, totes lès clokes sonèt.
Lès trompètes, tabeûrs èt hâbwès,
ci n'èst [qu'] vîvât d'vins tot leû son,
on n' s'ôt nin pârler po l' canon.
Lès taviènes sont si plintes di djins
qu'on n'a nin à beûre po si-ârdjint.
Qwâtes èt hènas, tot sâte è l'êr,
dji n'a mây vèyou téle afêre.

Qwand on a fêt l' prince d'Outrèmont,
on vèyéve bin d'ôtes carilions.
C'esteût come Tchirous èt Grignous,
on s'eûhe câzî hagnî è cou,
on s' kibatéve po tot costé
di fwèce qu'on èsteût animé,
li djôye èsteût mèlêye d'arèdje
qu'on vèyéve lûre so lès visèdjes.

Po ci-cial, i n' va nin insi,
ca tot l' monde èst dè minme pârti,
on s' divèrtike come tos frés
èt si nom [n'èst] nin disputé.
Il èst si inmé dès Lîdjwès
qu'i 'nnè f'rè tot çou qu'i vwèrè ;
i-n-y-a nouk qui n' li risk'reût s' v^èye
â fisike tot come à l'èpèye.

- Dji creû qu' t'ès sô ou bin qu' t'ès sot,
ca ti n' m'as nin co loumé s'no.
Ti n' dis nin s' c'èst-on trèfoncîr
ou bin si c'èst-in-ètrindjîr.
Dji vou Fèlbrouck ou dji [n'] vou nouk,
si c'èst-in-ôte, passe vite à l'ouk.
Por lu, dji [n'] rigrète nin l' manôye
qui t'as dispârdou so tès vôyes.

- Feume, ti sohêt èst-acompli,
c'èst lu qu'èst prince di nosse payis.
C'èst-in-ome qu'a bin trop d' mèrite,
il èst-inmé di tot [l'] chapite,
dès bordjeûs tot come dès l' nôblèsse ;
lès p'tits, lès grands, tot lî fêt fièsse,
feumes èt èfants qui sont-à l'ouk
brèyèt tirtos vîvât Fèlbrouck.

- S'il èst vrêye qui c'èst lu qu'èst prince,
dihombe-tu vite, va è l' dispinse
èt hape ine botèye di brand'vin,
ca m' fât d'vèrti avou mès djins.
Va houke bin vite mi soûr Marèye,
mi cuzin Djâke èt totes sès fèyes :
dj'a èvèye dè fé on sopé
po fé oneûr à c' binamé.

- Tot 'nn' alant, djèl dirè â curé
afin qu'i fasse vite triboler.
C'èst-ine corwèye po nosse mârlî,
mês dji creû bin qu'i l' f'rè vol'tî,
èt si dj' veû qu'i n' seûye nin contint,
dji lî vou payî di mi-ârdjint,
ca dji n' vou, ma fwè ! rin mèskeûre
po fé oneûr à c' grand sègneûr.
Ça, dj'a èvèye d' fé on feû d' djôye
cial è nosse coûr ou bin è l' vôye ;
dj'a dès tchèrètes èt dès vîs bwès
qui n' valèt rin po fé ôte tchwè;
[Si n-y-a-t-i co dès-ôtes qu'èl f'ront]
èt qui broûl'ront tote leû mohon.
Fèlbrouck èst-inmé è payis,
n'a nouk qui n' vwèreût fé [di] s' mi.

- Matî, fês oûy [tot] çou qu' ti vous
ca dji [t'] lê mêsse po âdjourdou.
Broûle tès tchèrètes èt tès hèrnas,
totes tès wéres èt tès can'tias.
Tant qu'à mi, divins l' djôye qui dj' so,
dji broûl' reû cotrê èt sabots,
po Fèlbrouck, i-n-y-a rin qu' dji n' freû,
dji spîy'reû mès hièles èt crameûs.
Ça, mès-èfants, priyîz l' bon Dièw
afin qu'i lî done ine longue vèye
" et qu'il le conserve en santé",
ca nos-avans on binamé.
Qui Dièw bènike tot li chapite
qu'on avou fêt on prince di mèrite,
qui Diew li vôye ricompinser :
nos t'nans Fèlbrouck, nosse binamé !
D'où viens-tu ? C’est le diable qui t'agite ?
Voilà trois jours que tu es parti !
Tu t' moques bien des bêtes et des gens
une fois que tu es en mouvement,
car tu n'as nul souci du ménage,
tout l’ monde sait bien l' dire au village.
Tu f'rais mieux de rester à ta maison,
car Liège, ça a été ta perdition.

- Ho ! tais-toi, femme, ne médis pas tant !
Braille vivat avec tes enfants.
Je crois, si tu avais été à ma place,
que tu t’ serais moqué du ménage ;
la joie t’aurait fait boire tout comme bibi
de connaitre le prince qu’on a choisi,
car si d’argent j’avais été dépourvu
mes chausses pour une fois j’eusse vendu.

Ho ! Tu n’a jamais vu une telle joie
qu’il y a dans Liège, de par  les voies,
tout le monde gueule vivat de tous côtés.
Ho ! nous avons notre bienaimé,
que Dieu le rende au paradis
près des chanoines qui l’ont choisi.
Il fallait un prince nous donner
ou nous serions tous allés mendier.

Tout l’ monde crie, tout’ les cloches sonnent.
Ce ne sont que vivats qui résonnent
par les tambours, hautbois et clairons,
on n’ s’entend pas parler du fait du canon.
Les tavernes sont si pleines de gens
qu’on n’a pas à boire pour son argent.
Pintes et godets, tout vole en l’air,
je n’ai jamais vu une telle affaire.

Quand on a fait l’ prince d’Oultremont,
on voyait bien d’autres mèches à canon.
C’était comme Chiroux et Grignoux,
on se s’rait presque mordu au cul,
on s’battait de tous côtés
car on était excités,
la joie était mêlée d’une rage
qu’on voyait luire sur les visages.

Pour celui-ci, il n’en va pas ainsi,
car tout le monde est du même parti,
tous comme des frères on s’divertit
et son nom n’est pas contredit.
Il est si aimé des Liégeois
qu’il en f’ra tout ce qu’il voudra ;
pour lui chacun risquerait sa vie
à l’épée comme au fusil.

- Je crois que t’es rond ou bien qu’ t’es con,
car tu ne m’a pas encore dit son nom.
Tu ne dis pas si c’est un tréfoncier
ou bien si c’est un étranger.
Je veux Velbrück ou je n’ veux nul autre,
prend vite la porte, si c’est un autre.
Pour lui, je ne regrette pas le gain
que tu as dissipé sur ton chemin.

- Femme, ton souhait est accompli,
c’est lui le prince de notre pays.
C’est un homme qui a bien trop de mérite,
il est aimé de tout le chapitre,
des bourgeois comme de la noblesse ;
les petits, les grands, tous lui font liesse,
femmes et enfants sont à la rue
et tous crient Vive Velbrück.

- S’il est vrai que le prince c’est lui,
dépêche-toi vite, va à l’abri
et happe une bouteille de brandevin
car il me faut divertir avec mes copains.
Va appeler bien vite ma sœur Marie,
mon cousin Jacques et toutes ses filles :
j’ai envie de faire un souper
pour faire honneur à ce bienaimé.

- En y allant, je le dirai au curé
afin qu’il fasse vite carillonner.
C’est une corvée pour not’ marguiller,
mais je crois bien qu’il la f’ra volontiers
et si j’ vois qu’il n’est pas content,
je le veux payer de mon argent,
car je ne veux pas, ma foi ! être lésineur
pour faire honneur à ce grand seigneur.
Ça, j’ai envie de faire un feu de joie
ici dans la cour ou bien sur la voie ;
j’ai des charrettes et des bois anciens
qui pour faire autre chose ne valent rien ;
[il y en a encore des autres qui le f’ront]
et qui bruleront toute leur maison.
Velbrück est aimé dans le quartier,
Personne n’oserait faire de son nez .

- Mathieu, fais ce que tu as en tête
car pour ce jour je te laisse maitre.
Brule tes charrettes et tes engins,
Tous tes chevrons et tes machins.
Pour moi, dans la joie qui m’enclot,
je brulerais jupe et sabots,
pour Velbrück, il n’y rien que je n’ ferais,
je briserais vaisselle et terrines à lait.
Ça, mes enfants, priez l’ Seigneur
pour qu’il lui donne une vie sans heurts
« et qu'il le conserve en santé »,
Car nous avons un bienaimé.
Que Dieu bénisse tout le chapitre
d’ nous avoir fait un prince de mérite,
que Dieu le voie récompenser :
nous tenons Velbrück, notre bienaimé !


Texte wallon : Maurice Piron, Anthologie de la Littérature wallonne, Mardaga, Liège, 1979.
Traduction en français : Nicole Hanot, avec l'aide de Lucien Mahin.



À cette époque, Hermalle ressemble à ceci :


La fin du siècle connait les aléas de la révolution française (les villageois doivent réquisitionner les grains pour ne pas mourir de faim) et ses conséquences qui concernent dans notre région davantage les ordres religieux (comme celui des chanoines de Flône) que la noblesse : elle garde ses châteaux et ses propriétés mais perd cependant son droit sur les passages d'eau.

En 1795, l'Assemblée nationale française est à bout de liquidités et glisse vers la faillite.  Elle décrète donc la mise en vente des biens du clergé situés dans les territoires actuellement belges qui étaient, en ce temps, rattachés à la France. 

Parmi ceux-ci, on note à Hermalle-sous-Huy la ferme de Hottine qui contenait « 27 bonniers, 8 verges grandes, 17 petites et trois quarts de jardin, houblonnière et prairies ; 76 bonniers, 12 verges grandes et une petite de terre ; 8 bonniers, 13 verges grandes et 3 petites de mauvais bois de raspes et 9 verges grandes, 10 et demie petites d'étang ».  Selon [Clerx], elle fut adjugée au citoyen Paquo (dernier et ex-abbé de Flône) le 12 floréal an V - 1er mai 1797 - pour 68 000 francs, un montant à relativiser étant donné la valeur réelle du papier-monnaie de l'époque. Selon [Jansen], les cinq lots qui la constituaient furent rachetés, sur ordre de Paquô, par cinq de ses chanoines ; une vingtaine d'années plus tard, quatre d'entre eux revendirent leur part à la famille Mouton-Jamotte, le cinquième transmettant son bien au baron de Warzée qui le vendit avec le château de Hermalle à la famille de Potesta. À noter : le chanoine-curé à Hermalle était le citoyen Delroux.

Deux religieux qui officient à Hermalle sont déportés sous le Directoire, le 4 novembre 1798 : le vicaire de Hermalle Michel-Joseph Nizet et le prêtre Richard Piron[PV-Directoire].  Il faut dire que les lois étaient strictes : celle du 12 avril 1796 menaçait d'un an de prison et de déportation en cas de récidive le prêtre qui ferait sonner une cloche !  D'autres prévoyaient la déportation à Sinnamary et à Counanama en Guyane française pour les ecclésiastiques qui troublaient la tranquillité publique, ou qui ne voulaient pas prêter le serment prescrit par la loi…

Les habitants de la région utilisent un crépi composé de chaux additionné de lait et d'alun pour protéger les habitats en bois.

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Notes  flèche


[11] Information sur Pierre-Lambert de Saumeryflèche

[12] Cahiers de l'Urbanisme, Wallonie 1789-1958, Mardaga, Liège, septembre 1999, n° 25-26, p. 77  flèche

[13] Nouvelle biographie nationale, (vol. I, 1988, col. 190-191) établie par l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique (annexe 2)  flèche

[14] L'étude d'Antoine Joseph Raikem était située rue d'Amay, n° 646, au quartier d'Isle, Liège.  flèche

[PV-Directoire] Archives nationales de France, Index du tome VI des Procès-verbaux du Directoire (FIN-Lh), p. 66 sur 135.  flèche



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