Remacle Le Loup, Le château de Hermal, gravure, 1735 – détail.
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Au Moyen Âge...






L'occupation romaine (traces d'un vicus belgo-romain à Ombret) précède l'établissement des Mérovingiens sur la colline du Thier d'Olne, isolée au côté sud-est par une petite vallée et qui domine la Meuse à proximité du gué et du pont romain qui faisait partie de la voie romaine Tongres-Arlon.
Cet endroit constitue une position idéale pour l'exploitation de la plaine alluviale en aval, la récolte des produits de la forêt bordant le plateau condruzien et le contrôle de la navigation sur la Meuse avec possibilité d'en percevoir une taxe dite « tonlieu ».

photo Les fouilles ont permis de déterminer que le Thier d'Olne a été ensuite occupé par les Carolingiens et qu'un important complexe aristocratique y fut construit.

Étant donné l'exceptionnel intérêt de ce site, la colline toute entière a été classée par la Région wallonne. Lire notre page dédiée au Thier d'Olne.

Ci-contre : Vue d'une zone de fouilles en 2003 – coll. BMG


Ce centre domanial dut être abandonné - sans traces de destruction violente - aux environs de l'an mil au profit d'un autre lieu élevé, le rocher d'Engihoul (à Clermont-sous-Huy), sans doute plus propice à la construction d'un bâtiment fortifié, qui permet aussi le contrôle de la Meuse et où l'existence d’un castrum est attesté en 1062. 
Le centre paroissial, lui, fut installé à l'emplacement actuel de l'église Saint-Martin de Hermalle-sous-Huy et l'église de Hermalle avec ses dépendances :
  • l'église de Villers-en-Condroz, actuellement Villers-le-Temple,
  • la chapelle de Neuville-en-Condroz, actuelle église Sainte-Marie,
  • la chapelle de Chantemerle à Halledet-sous-Clermont,
  • la chapelle de Sainte-Barbe-sous-Clermont, devenue l'église Sainte-Barbe aux Houx [Jansen],
de même que la chapelle de Clermont, furent données par Conon de Clermont, comte de Montaigu et de Duras, à l'abbaye de Flône à la condition de célébrer tous les jours une messe en l'honneur de la vierge ; le chapitre Saint-Paul, de Liège, cèda au monastère de Flone ses droits sur l'église de Hermalle cinq ans plus tard. C'était sous le règne de l'empereur germanique Frédéric Barberousse et du prince-évêque Rudolf von Zähringen. [Wauters]

Dans l'église trônait peut-être  


La Madonne de Hermalle-sous-Huy :




photo

Sedes sapientiae de Hermalle-sous-Huy
actuellement aux Musées royaux d'Art et d'Histoire du Cinquantenaire à Bruxelles.

Cette statue austère de 58 cm de haut, caractéristique de la production mosane de la deuxième moitié du XIe siècle (vers 1070) est en aulne polychromé et doré, le bois ayant été « recouvert d’une enveloppe de toile enduite d’une couche de plâtre, peinte à l’encaustique et relevée d’Or » (voir le catalogue de 1878 du Musée royal d’Antiquités, d’armures et d’artillerie de Bruxelles, p.10).  

La Vierge et l'Enfant ont été sculptés dans des pièces de bois séparées. La partie arrière du trône et les mains constituaient des pièces rapportées.  

vue de profil des éléments
d'après BALaT

Depuis le XIe siècle, la statue a reçu huit polychromies.  À l'origine le vêtement était probablement jaune et le voile blanc, le manteau de l'Enfant bleu parsemé de petits cercles rouges, sa robe jaune avec motifs rouges, les cheveux noirs.  
La statue a été traitée en 1951-1952 (paraffinage et dégagement des couches ajoutées après le XIIIe siècle hormis pour le visage de la Vierge où l'on est revenu à l'état original), puis en 1972 avant le prêt de l'oeuvre pour l'exposition Rhin-Meuse.

La vierge de Hermalle, de proportion élancée, ébauche un sourire.

Les Sedes sapientiae – Trône de la Sagesse, en latin – sont des vierges à l'enfant de style hiératique, le Christ étant représenté petit mais adulte, bénissant d’une main et tenant un livre de l’autre, incarnant la sagesse éternelle alors que la Vierge constitue son trône.
Celle de Hermalle-sous-Huy est l'une des plus anciennes conservées en Belgique.  

Le Musée royal d’Antiquités, d’armures et d’artillerie (devenu les Musées d'Art et d'Histoire du Cinquantenaire) l'a acquise en 1861 au collectionneur et homme politique belge Gustave Hagemans ; le catalogue de 1878 indique qu’elle a été « Trouvée au château d'Hermalle, près de Huy  », ce qui a justifié son nom : la Madonne de Hermalle.

Les Sedes provoquent sur les fidèles d’alors un effet sans commune mesure avec celui qu'elles provoquent aujourd'hui. Donnant l'illusion de la présence du personnage représenté, elles fascinent littéralement les croyants – et d'autant plus lorsque certaines constituent des reliquaires.

Pour comprendre cela, il faut se rappeler l'importance et l'influence de la religion 

« Tu ne te feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux au-dessous de la terre »
Exode 20,4
qui limite la production de statues et le fait que la statuaire ne fait pas partie des arts des peuples migrants comme les Germains qui privilégient un art « utilitaire » ciblant les armes, les outils, les bijoux.

Les populations de nos régions n'ont donc pas d'exemples de statues sous les yeux.
Ce n'est qu'au VIIIe siècle que la sculpture va revenir sous forme de bas-reliefs méplats sur couvercles de sarcophages (comme celui de Chrodoara, à Amay).
Au Xe siècle, à époque dite pré-romane ou « ottonienne », la sculpture en ronde-bosse réapparait avec les Sedes Sapientiae et les Christ en croix qui constituent des statues en trois dimensions détachées de tout fond. 



Hermalle-sous-Huy fut probablement l'un des sièges du tribunal malbergique (« tribunal des rois francs, assemblée de sages de deux regions contigües, qui devait régler les conflits de territoire et les « viols de marches » selon le droit oral traditionnel francique » – voir Jean-Jacques Jespers).

Hermalle-sous-Huy fut à coup sûr le siège de l'une des plus anciennes seigneuries de la vallée de la Meuse, qui avait sa cour féodale propre mais relevait de la cour féodale de Liège ; l'histoire du bourg se confond donc avec celle de son château et de ses seigneurs…


Quant au château :

Au XIIe siècle, Hermalle-sous-Huy voit le remplacement du donjon seigneurial en bois par un bâtiment en pierre entouré de fossés, de murs d'enceinte et de tours, dont deux subsistent toujours au centre du village. Il est probable que le donjon lui-même devait ressembler aux tours romanes de la région qui ont résisté au temps - comme celles d'Amay ou de Nandrin - un bâtiment de section carrée, à plusieurs étages, auxquels on accède par un escalier étroit situé dans un des épais murs de façade.

photo de la tour du XIIe s.

Tour du XIIe siècle photographiée en aout 2012
Auteur : Traumrune

Quant aux seigneurs, ils furent, selon le Miroir des Nobles de Hesbaye de Jacques de Hemricourt :

Michel d'Awirs, seigneur de Hermalle, Awir, Chaumont, Engy + épouse inconnue => Hughes d'Awirs

Hugues d'Awirs dit le riche meunier + la soeur du comte de Hozémont => Agnès d'Awirs

Agnès d'Awirs (†1057) + Libert "Suréal" de Warfusée (2e fils de Otto de Warfusée dit Libert le sauret car maigre comme un hareng saur), homme d'église au départ) => Alix de Warfusée

Alix de Warfusée + Raës à la barbe de Dammartin en Gaule (frère du comte de Dammartin en Gaule, mais disgrâcié par le roi de France Philippe et venu s'installer à Huy)  => Libert Suréal II de Warfusée

Libert Suréal II de Warfusée (ca 1116-ca 1165) + épouse non citée  => Otto de Warfusée

Otto de Warfusée + Azéka de Momalle => Thomas de Dammartin de Warfusée dit de Hermalle,

Thomas de Dammartin de Warfusée dit de Hermalle, seigneur de Hermalle + Rusula (†1264) => Henri de Warfusée de Dammartin, dit Henri de Hermalle premier du nom

Henri de Warfusée de Dammartin, dit Henri de Hermalle premier du nom + Agnès  => Louis de Warfusée de Dammartin dit de Hermalle

Louis de Warfusée de Dammartin dit de Hermalle + Oda de Ville => Henri de Warfusée de Dammartin, dit Henri de Hermalle second du nom

Nos recherches sur Michel d'Awirs sont restées vaines jusqu'à ce jour (septembre 2012).  

Divers auteurs ayant d'autre part contesté l'exactitude des écrits de Jacques de Hemricourt, qui se plait à faire frémir d'émotion ses lecteurs par l'histoire émouvante d'Alix et de Raës, nous préférons suivre une ligne généalogique plus crédible, basée sur l'analyse de chartes anciennes et qui tient compte du fait qu'un château de Clermont a bel et bien existé sur le rocher d'Engihoul.  Car d'une part, il fut bien bâti par quelqu'un… et d'autre part il existe de nombreuses mentions des comtes de Clermont qui possédaient des biens à Clermont-sous-Huy, Hermalle-sous-Huy, à Seraing, etc. Nous soulignons ici, en vert, les mentions qui intéressent notre région.

image chronique Nuremberg

Descendance de Charlemagne selon la Chronique de Nuremberg, 1493 - Crédit Schedel1


Le premier d'entre eux fut

Widrich I Comte de Clermont (-circa1062), petit-fils de Wigéric (Wigericus ou Widricus) de Bigdau et fils de Giselbert, donc probable descendant de Charlemagne à la 8e génération (Vannerus) ; il épouse (probablement) Hersende =>
  • Widrich II
  • Ermengarde/Ermentrude (-† après 1091)
  • Mathilde
De deux de ces enfants descendent divers comtes de Clermont (portant parfois le même prénom…) qui ont joué un rôle dans notre région :

Widrich II comte de Clermont (-† après 1062) + [inconnue] => Giselbert  et Hermann

Giselbert comte de Clermont
 (1083-† après 1091), avoué de Nandrin (voir Carré dans la bibliographie). Il donne avec son frère la moitié de l'église de Saint-Symphorien (actuel Patrimoine majeur de Wallonie connu sous l'appellation « église de Saint-Séverin-en-Condroz  »)  à l'ordre de Cluny en 1091 se réservant le droit d'avouerie pour lui et ses successeurs ; il épouse Longarde => une fille qui va épouser con cousin issu de germain Lambert, comte de Montaigu et de Clermont.
Après la mort de Giselbert, vers 1095, la garnison qui occupe le château de Clermont rapine tant les bateliers que la région, ce qui pousse le prince-évêque de Liège a assiéger le château mais en vain ; le prince finira par l'acheter à un prix élevé (multo precio) au beau-fils de Giselbert qui a besoin d'argent pour financer son départ à la croisade.

Ermengarde ou Ermentrude de Clermont (-† après 1091) complète le don de l'église de Saint-Symphorien ; elle se marie deux fois :

1/ avec Gozelon comte de Montaigu (le château de Montaigu était à côté de l'actuel ermitage St-Thibaut à Marcourt, sur la rive gauche de l'Ourthe au nord-est de La Roche-en-Ardenne) => Conon de Montaigu et 4 autres fils

Conon ou Kuno comte de Montaigu (?-1.5.1106) part lors de la première croisade, est envoyé par Godefroid de Bouillon pour la 1ère rencontre avec l'empereur après l'arrivée des croisés à Constantinople en 1096, prend part au siège de Nicée. Il est témoin à la signature de la charte par laquelle, en 1091, l'évêque de Liège Henri de Verdun approuve la fondation de Flône.  Il est nommé avoué de Nandrin après son cousin Giselbert de Clermont ; il a épousé Ida de Fouron, puis Ida de Boulogne
=>  4 enfants :
- Gozelo II de Montaigu accompagne son père à la croisade, est au siège de Nicée, accompagne Robert comte de Flandre pour attaquer Artasia (Artah), y tombe malade et y est enterré
- Henri de Montaigu
- Thibaut de Montaigu
- Lambert comte de Montaigu et de Clermont

Lambert comte de Montaigu et de Clermont (?-† 1140 ou après) a vendu le château de Clermont à Otbert, ce qui lui permet d'accompagne son père à la croisade ; est capturé à Acre en 1098, prend part au siège de Nicée et commande un des corps d'hommes à Antioche. En 1136 par une charte de l'évêque de Liège, il octroie aux moines de Flône le droit de prendre du bois autour de son château ; un des témoins signataires est Herimannus de Harmala (Harmala = Hermalle).
Lambert épouse Gertrud de Louvain (ou [prénom inconnu] de Clermont, fille de Giselbert comte de Clermont) => Conon, Godefroi, Gertrude de Montaigu

- Conon de Montaigu (-† après 1140) Dans une charte de 1140, l'évêque de Liège confirmant les possessions de l'abbaye de Flône, inclut une référence à la donation faite par Lambert le père de Conon (et que Conon confirme) ET par Gislebert d'Esch - ce que confirme aussi Renard, le fils de ce dernier. La forêt de Clermont-sous-Huy appartient donc (au moins) aux deux familles. 

- Godefroi comte de Montaigu et de Clermont, comte de Duras (-1161) confirme en 1157 avec l'accord de Renardus de Harmala (le cousin utérien de Lambert, voir Renard de Hermalle ci-dessous) la donation de bois aux moines de Flône par son père.  Une seconde charte de la même année met les deux hommes sur pied d'égalité quant au don : « Godefridus comes de Durays ET Renardus de Harmala ».
Godefroi a 5 enfants de son épouse Julienne, fille d'Othon II comte de Duras :
- Pierre de Montaigu, chanoine de Saint-Lambert à Liège (-† 1185 ou après)
Cono de Montaigu et Duras (« petit de taille, mais encore plus petit d'esprit et de science selon le chroniqueur Gislebert de Mons ») donne, en 1182, à l'abbaye de Flône l'église Saint-Martin de Hermalle et ses dépendances ainsi que la chapelle Saint-Nicolas dans son château de Clermont à condition de célébrer chaque jour une messe en l'honneur de la Vierge, avec pour témoins ses frères Gilles et Pierre, et l'homme libre Henricus de Harmala.
En 1187, il renonce à la dime qu'il perçoit sur les propriétés de Flône à Hottine avec, à nouveau pour témoin, Henri de Hermalle
. En 1189, il part pour la croisade avec l'empereur d'Allemagne Frédéric Barberousse, l'évêque de Liège Raoul de Zähtingen et une armée de cent mille hommes.  On n'entend plus parler ensuite et son frère Gilles devient le comte de Clermont. 
- Gilles de Montaigu, Duras et Clermont (-lépreux, † avant 1193)
- Gerberge de Montaigu
- Clarissa de Montaigu

2/ avec Fredelon (-27 aout 1083/85) comte d'Esch-sur-Sûre => Giselbert

Giselbert comte d'Esch (-† après 18 mars 1131) En 1131, L'évêque de Liège déclare en 1131 que Giselbert donne l'usage des bois de Clermont à l'abbaye de Flône et que celle-ci paiera un cens à Hermalle (apud Harmalm) ; un des témoins signataires, dont il est précisé qu'ils sont de l'alleu et de la famille du comte, est Fredericus de Harmala.
Giselbert épouse Aelide => Renard 

Renard (Reinard) de Hermalle (ou de Clermont) (-† après 1157), Renier, Renardus de Harmala dans les chartes en latin, ou Reynard porte-étendard de la milice de Liège d'où viendrait le titre de banneret attribué aux seigneurs de Hermalle, confirme comme Conon de Montaigu la donation de bois aux moines de Flône. Une charte du prince-évêque de Liège datée de 1157 établit que Godefroi comte de Duras ET Renard de Hermalle donnent leur forêt de Clermont à l'abbaye de Flône.
Il épouse Lietgarde => Henri de Hermalle, nommément cité avec son épouse dans une charte de 1146 : Heinricus filius domini Reinardi et uxor ipsius Lietgardis, filia quoque Roberti Richiza. À cette époque, deux hommes sont écoutêtes à Hermalle : Robert et Thierry dont le fils, soldat, est aussi ministerialis (administrateur domanial) tandis le mayeur est un certain Nithard [Maquet].

Henri Ier de Hermalle (Henricus de Harmala) (-† après 1187) + Luitgarde => Ruscela

Ruscela de Hermalle(-† 24.1.1264, enterrée à Flône) + Thomas de Warfusée dit de Hermalle =>
  • Henri II de Hermalle, souvent nommé Henri Ier
  • Renier seigneur de la Neuville
  • Sibille de Hermalle qui épouse Guillaume d'Esneux.

Henri II de Hermalle(1242-1275), l'une des 14 personnes qui signent la Paix de Huy en 1271 et qui (en tant que suzerain) conseille à Agnès de Berloz en 1262 de donner l'église de Flône ses biens de Hottine, terres arables, bois et prés, dîmes et cens, demeur et ferme.  Ces biens s'ajoutant à des terres déjà offertes en 1102 par une dame Elimodis et son fils Jean, les abbés de Flône possèdent alors tout le hameau de Hottine [Jansen].
+ Agnès =>
  • Louis de Hermalle
  • Thomas de Hermalle (parfois dit de Warfusée)
  • Lambert dit de Chantemerle,
  • Fastré de Hermalle (parfois dit de Warfusée)
  • une fille qui se marie à Huy avec Jean du Falcon/Fakon/Fanson

Louis de Hermalle (-† 1288) , Chevalier Banneret, Seigneur de Hermalle, qui va s'engager, comme les seigneurs de Beaufort, Clermont, Warfusée, Haneffe et Seraing [Xhayet], dans un pacte d'alliance des villes de Liège, Huy, Dinant et Saint-Trond contre le prince-évêque Henri de Gueldre, pacte signé le 3 février 1271 pour une durée de six ans
+ Oda de Ville en Hesbaye (+/-1242-1270) =>
  • Henri III de Hermalle 
  • 1 fille qui se marie avec Jean de Chantraine lez Warnant
  • 1 fille qui se marie avec le chevalier Jean le Polain de Waroux
Louis et Oda furent  enterrés dans l'église de l'Abbaye de Flône.

Ce dernier Henri, très connu pour ses exploits dans la Guerre des Awans et des Waroux, conflit qui a dévasté la contrée pendant 38 ans, serait donc le troisième du nom. [8] 

Henri III de Hermalle :


En 1296 ou 1297, dans un contexte militaire et diplomatique difficile entre le pape, les rois de France et d’Angleterre et le comte de Flandre, et dans un contexte d’opposition entre le peuple et les prince-évêques de Liège, une histoire de femme aiguise la rivalité entre deux seigneurs : Humbert Corbeau, seigneur d'Awans  et Guillaume de Waroux, les deux plus puissants seigneurs de Hesbaye, par ailleurs cousins au 6e ou 7e degré.
Là débute une guerre qui va ravager la Hesbaye pendant 38 ans et faire plus de 30 000 morts avant de se terminer par La Paix des 12.

Deux partis s’opposent : les Awans et les Waroux qui se livrent à tour de rôle à l’attaque des biens de leurs adversaires : des moulins et brasseries sont détruits, les champs sont ravagés, des châteaux sont attaqués – parfois en vain, parfois avec succès - et parfois incendiés, ce qui constitue un délit grave à l'époque.

Chaque parti rameute sa famille et ses amis et le code d’honneur fait que même si quelqu’un n’est pas impliqué directement dans le conflit, il est obligé de s’y engager. 

Henri III de Hermalle, né vers 1265, nommé chevalier banneret en 1282, est devenu seigneur de Hermalle à la mort de son père en 1288 - soit près de dix ans avant le début de cette guerre.  Il parvient, semble-t-il, à rester à l'écart du conflit jusqu'en 1310.  Mais cette année-là...

Le 25 aout 1310 (ou 1312 selon les chroniqueurs), Henri est au tournoi de Saint-Trond où il a accompagné Thierry de Seraing ; il échange quelques âpres propos avec Guillaume de Jeneffe, seigneur de Waremme, du parti des Awans [Bouille]. Lors de son retour vers Hermalle, Henri tombe dans une embuscade organisée à Mielen par Guillaume et ses gens. Un parent d'Henri (Jean de Fanson) est tué, ses serviteurs s'enfuient, Henri couvert de blessures est laissé pour mort.

Jacques de Hemricourt, qui le décrit comme « de petite taille, mais courageux outre mesure (…) de grand sens et subtilité », raconte qu'il fut 

« si maltraité et si blessé en tant d'endroits qu'ils le laissèrent pour mort, ne donnant plus signe de vie. Ils le tournèrent et retournèrent deux ou trois fois afin d'être bien certains de sa mort.  Puis ils montèrent à cheval et le laissèrent gisant dans le sang et s'en allèrent. Mais Arnould de Gehaing qui haïssait plus mortellement que nul autre le sire de Hermalle et qui se doutait qu'il n'était pas mort, revint sur ses pas, descendit de cheval, et le trouva dans le même état où il l'avait laissé, mais par dépit et rage, il tira son épée et lui levant le pan de son habit, lui enfonça son épée dans le haut du ventre en s'écriant :
« Sire de Hermalle, tu t'étais vanté que je mourrai de ta main, mais ton orgueil est abattu et tu n'as pas tenu parole, car tu es mort de la mienne.  » 
Il remonta à cheval et vint rejoindre les autres et leur conta ce qu'il avait fait ; ce dont plusieurs furent mécontents…
Or vous devez savoir que, de ce dernier fait, le sire de Hermalle ne fut pas grandement blessé, car par hasard (fortune singulière) l'épée avait glissé entre le ventre et le pourpoint, de sorte que la chair avait été peu endommagée, mais Messire Arnould ayant retiré son épée toute ensanglantée, c'était du sang de ses autres plaies, car tout son corps était couvert de sang. » 


Contre toute attente, Henri guérit de ses nombreuses blessures et n'a plus qu'un désir, celui de se venger de son ennemi qui est du parti des Awans.

« C'étoit un homme de grand jugement, riche, & remuant, qui brouilla tellement les affaires par ses intrigues & par son adresse, qu'il retira pour lui hors du service de ceux d'Awans, tous ceux de Haneffe & de Warfusée, qui étoient les plus braves Capitaines de ce parti ; ce qu'il fit à dessein de nuire au Châtelain  » ajoute Hemricourt.

il s'engage donc dans le parti des Waroux (auquel il est lié par son beau-frère Jean le Polain de Waroux)  dont il va devenir le chef.  
La plainte qu'il dépose auprès du mambour (qui était du parti des Awans) n'aboutissant pas, les Waroux décident de faire justice eux-mêmes.
De là découle par exemple le combat de Waremme, le 8 juin 1313, mené par Henri III et après lequel, selon certains, le château waremmien est pillé par les Waroux. Henri a réuni 500 cavaliers et entre 500 et 1000 fantassins alors que Guillaume ne dispose que de 300 cavaliers pour protéger son château, construit dans la seconde moitié du XIIIe siècle, sur une motte renforcée de palissades et entourée de fossés. Pour contrer l'avantage numérique d'Henri, Guillaume fait disposer dans le village ses cavaliers, démontés, en hérisson, protégés par le mur de leurs lances, ce qui est caractéristique de l'art militaire liégeois. [Masson1] Henri fait passer quelques uns de ses hommes par des cours et des jardins pour encercler l'ennemi qui tente de se réfugier dans le château et dans l'église. Le combat se déroule dans les rues du village et une vingtaine de « Waremmiens » sont tués sans qu'on ne mentionne de pertes pour Henri.

Un nouvel évêque est nommé à Liège : Adolphe de la Marck, qui se montre bienveillant pour le parti composé des métiers liégeois, du chapitre cathédral… et des Awans. Les Waroux n'apprécient pas ! En 1314 se déroule donc la bataille d'Hansinelle (en province de Namur) où les forces de l'évêque ne peuvent l'emporter ; cela se conclut par une trève, dit Paix de Hansinelle. La contre-offensive des Waroux se fait politique : il faut obtenir l'appui de l'évêque. Ils lui offrent 40 jours de service militaire gratuit et Henri III obtient l'office de maréchal de l'évêché de Liège contre un « prêt » à Adolphe de la Marck.  

Être maréchal signifiait à l'époque avoir le commandement suprême de l'armée en guerre ou en campagne mais les prérogatives militaires du chef de l'armée s'étendaient aussi à certains domaines civils [Poncelet]. C'est ainsi qu'en 1314, Henri pénètre de force dans l'avouerie de Kanne suite à un meurtre perpétré dans le village [Carré1] et qu'en 1315 il ordonne la décapitation sur un échafaud (selon [Bouille]) ou l'exécute lui-même (selon [Masson2]) de Eustache, Franc homme de Hognoul qui était accusé d'avoir enlevé les chevaux, les chars et les joyaux de la Dame de Warfusée.  
Cette exécution ravive la colère des Awans qui parcourent le pays « en brigands » - selon les termes mêmes de Louis Dieudonné Joseph Dewez.
Henri intervient aussi, sur ordre de l'évêque, pour mettre en arrêt les biens du seigneur de Pesche dont l'épouse a été chassée par son mari pour être d'une famille alliée aux Waroux et qui se voit refuser l'argent nécessaire à son entretien [Bouille].

Les Awans sont à nouveau en rage.
Un soulèvement général étant à craindre, l'évêque quitte Liège, et les Liégeois alliés aux Hutois chassent partout les Waroux, incendient des églises et assiègent le château de Hermalle dont les occupants capitulent après que les mineurs liégeois aient asséché et comblé les douves [Gaier, 1995].
Il ne leur reste alors qu'à creuser des galeries aboutissant sous le mur d'enceinte, de les étayer et de bouter le feu aux bois, provoquant l'effondrement du rempart.
Selon Mélart, le château est ruiné « de fond en comble » [Gorrissen] .
Cela se passait en 1315.

Son château détruit, Henri devient Gouverneur du château de Logne, dans la Principauté de Stavelot, avec le consentement d'Henri de Boulant, Abbé de Stavelot [Hemricourt].

Tous sont épuisés.  La pluie n'a cessé de tomber de la mi-mai à la fin d'aout 1315, provoquant l'inflation des prix des denrées alimentaires et une disette telle que les pauvres gens ne peuvent manger que mauvaises herbes et bêtes mortes - la famine dure jusqu'au mois d'aout 1316 et touche d'ailleurs toute l'Europe. Une épidémie de peste [Kurth] s'ajoute aux malheurs de la guerre.

On conclut donc le 18 juin 1316 la Paix de Fexhe, où Henri III figure parmi les représentants des seigneurs comme Gentilhomme de l'État Noble du pays de Liège & Comté de Looz [Hemricourt].
Cette paix, dont le vrai objet est la correction des malfaiteurs, constitue la base du droit public liégeois. Sans abroger réellement la loi d'escondit - qui permettait à un noble d'échapper à toute sanction simplement en jurant son innocence sur les évangiles alors même que le crime qu'il avait commis aurait été accompli sous les yeux d'un magistrat -, elle lui fait perdre tout pouvoir.

Cette paix n'empêche cependant pas les attaques de reprendre. Un exemple en est l'attaque, en 1323, menée par Arnoul de Jehay, contre la maison  d'un partisant des Waroux à Fize-le-Marsal ; l'homme doit se réfugier dans un local souterrain dont Arnoul fait boucher les entrées d'air par de la terre, provoquant la mort par asphyxie du malheureux.

Des quarantaines ayant expiré le 23 aout 1325, les Waroux défient le châtelain de Waremme en annonçant l’attaque de Jeneffe pour le mercredi suivant et de chaque côté on rassemble ses alliés. 

Henri désire un allié supplémentaire : il a donc invité Lambert de Harduemont, seigneur de Haultepenne et, celui-ci une fois rendu à Hermalle [Hemricourt], l'empêche littéralement d'en repartir en faisant venir des membres de sa famille et en les faisant festoyer.

« Le sire de Hermalle les fêta et les régala de bon vin, et de bonnes viandes, avec recherche et largesse, comme il savait le faire, trois jours entiers.  »

Lambert accepte de devenir un nouvel allié d'Henri, mais veut rentrer chez lui prendre ses armes.

« Le sire de Hermalle fut alors dans une grande angoisse, car il craignait qu'aussitôt que le dit Messire Lambert serait retourné dans son castel de Haultepenne, ses frères et amis ne le détourneraient de cette guerre. 
Il insista donc pour le faire rester avec lui jusqu'à la dite journée qui arrivait dans cinq jours, lui disant qu'il pourrait faire venir ses armes et son cheval de bataille à Hermalle.  Messire Lambert finit par céder à ses prières et se rendit avec lui à la bataille de Dammartin
(…) »

Le 25 août 1325, quelques 350 chevaliers du côté Waroux, menés par Henri III, s'affrontent dans la plaine de Dommartin (près de Huy) contre 270 chevaliers du côté Awans.  Les Awans l'emportent.

Henri y perd la vie sous les coups meurtriers de Arnoul de Jehay.  Lambert y meurt également…



Henri fut enterré « à Hermalle lez Floene » selon Hemricourt, en fait dans dans l'église de l'Abbaye de Flône, près de son épouse Julienne de Haneffe. La pierre portait l'inscription :

« Chy gist noble sgr messire Henri de Hermalle qui trespassat l'an MCCC XXV, XXV jors elle moys daoust. Chy gist demoiselle Jehenne fille le Persant de Haneffe, sa feme, ki trespassat l'an MCCC XVIIII. Chi gist Ailid leur filhe ki fu feme a monsignor Arnulf haut voet de Hesbaing, signor de Lumain, ki trespassat l'an MCCCLVI. »

La bataille de Dommartin fut une sorte d'« ordalie, un jugement de Dieu, à l'échelle de la Hesbaye comme le fut, plus d'un siècle auparavant, à l'échelle de la France, la bataille de Bouvines » [Masson3].  Ce fut le dernier combat d'importance de cette guerre des Awans et des Waroux ; des escarmouches et des attaques se produisirent encore mais limitées en nombre d'hommes, de blessés et de décès.  
Le liégeois Jacques de Hemricourt, né en 1333 et dont la parentèle avait participé au combat, l'a célébrée comme un épisode épique de l'histoire du pays de Liège, comme le témoin d'une chevalerie de grand style. Les gens en ont narré, répété, scandé le déroulement des années durant.
Cinq siècles plus tard, deux hommes publient un Choix de chansons et poésies wallonnes du Pays de Liège, dont les pièces les plus récentes sont antérieures à 1830 [Bailleux].  Leur désir est « de sauver de l'oubli quelques fragments d'un idiôme qui s'éteint peu à peu (…) L'usage du Wallon est de plus en plus abandonné ; son existence même est menacée » écrivent-ils dans la préface. Ce recueil de François Bailleux (avocat, écrivain et cheville ouvrière de la Société liégeoise de littérature wallonne) et Joseph Dejardin (linguiste) lance le premier grand renouveau des lettres dialectales.  
Il s'y trouve un poème dont l'auteur et la date ne sont pas cités mais qui constitue une souvenance du combat dont nous parlons :

Li bataïe di Dommartin 1  

Oh ! vinez cial’, vinez’ houter
Ciss’ rud’ bataïe qui s’a passé
Ad’lez les rog’mâïe, â Frainai 2
Int’ Waroûsis et z-Awantais.
Po v’dire à jusse ous’ qui c’esteût,
J’el pou, ca c’esteut so m’ hâteû :
C’est so Nayô, â champ à l’ creux.

Fât ess’ bin loign’, fât nnès conv’ni,
Qwand ès l’ plèc’ qu’on s’ divreût d’vêrti,
D’ s’aller moudri l’onk l’aut’ po n’ feumme
Qui v’s a mutoi mettou des coines.
Mais vo-m-là sôrti di m’ sujet
A riss’ di m’ fer côper l’ hufflet
Di vî baron Michî d’ Bierset.

L’joû d’Saint biètmé trass’ cint vingt-cinq 3
J’han d’Waremm’ qui fourit wiaime,
Mais cavaïr à tot’ provance,
Reud so l’jerret, sins attimprance,
S’firit ak’dûr’ Dâv’ li morai 4
Lamkiné d’ fiér comme on tonnai.
Hemricourt et Bert di Trognaie
El sûvint à in’ coût’ hapaie.
Tot d’on plein côp, v’là qu’ accorint
Les fis dè sér’ d’Heûr’ li Romain,
Les Surlets d’ Lîge, André d’ Melin,
Les Wonck, les Prout et les Desprez,5
Fontain’, Fooz, Wihogne et Fastré,
Messir’ di Weys, Guiam’ du Rûsson,
Chavâ d’ Viv’gnis, Bert di Clermont,
Li mâhutin Anoul di J’hay,
Boutâr si fré, 6 Wàthî d’ Borset,
Clermont et l’vî Wàkîr d’Awans 7
Deux vîs aveûl’ tot halcottants.

J’ennès dîreû bin jusqu’à d’main ;
Gn’ aveût pus qui d’ paut’ di wassin,
Sins compter l’ tropai d’ cren’quints
Qu’estint po sout’ni l’ cavaï.

Les Waroûsis s’estint ringîs
Après avu brâvmint poûhi.
A leu tièsse ou veyéf Hermalle ; 
Adon v’nint les sér’ di Moumâle,
Warfusaie, Jàspar Vinâmont,
Les Chant’mièle et Julémont,
Linâ Dècerf, Chabot, Damré,
Wâroux, Coireur,8 et les Desprez,
Et jusqu’à màhaitî Servâ 9
Qu’esteut v’nou po k’chessî ses mâs.

A moumint qu’on s’va flabôder,
Si r’pah’ di songue et s’ahorer,
Gerâ d’ Sougnez, Goffin d’ Fetene
Accorint dè costé d’ Fontaine,
D’brislés d’ broûlis et tot ros’lants
D’lez nos cavaïs r’glattihants,
Breyant : « rawârdez, n’ ferez nin !!
« Li princ’ Marchâ v’s aconjuraie
« D’ès r’aller comm’ tos bons Chrustins
« D’vin vos chestais ès vos coulaies. »
J’han d’Waremm’, sins pus les loukî,
I r’toun’ tot hossant les s’pales,
Et s’ dâr’ divin les Wârousis,
Qwèrant po tos costés Hermalle.
Ses oûïes blawtint comm’ l’aloumîre,
Ses côps petint comm’ li tonnîre,
I l’aparçut et vôr’ sor lu.
Hermall’ dè côp si rècrèstaie ;
Mais si ch’vâ qui n’ès poléf pus
Tomm’ moirt â mitan dès l’ trûlaie.
Li pauv’ hermall’ tot crèvinté
Si r’sèche à moiteie sipaté ;
Anoul di J’hay di s’crâw’ di fiér
El ribouh’ jus et l’ tow’ reud moirt.
Chant’mièle a hâs’ dè l’ rivingî,
Afonç’ dissus et sins lignî
D’on còp l’ajerçaie et l’ sitâre
Ad’lez s’ canaïe di fré Boutâr.

On s’ siplinla tot’ li journaie
Et ç’fourit à preume à l’ vespraie
Qui les sér’ di Veye et d’ Berlooz
Ennès r’allint po l’ voïe di Fooz.

Vis dîr’ tot quî qui trèpassa
Sereut trop long ; on l’s èterra
Cinq joûs d’après dè l’ Saint-Biètmé ;
D’hans por zel in’ pater et n’ ave.
Traduction : La bataille de Dommartin.

Oh, venez ici, venez écouter
Cette rude bataille qui s’est passée
Près des rog’mâïe a à Frenay
Entre Warousiens et Awansois.
Pour vous dire exactement où c’était,
Je le peux, car c’était sur ma lisière :
C’est sur Nayo, au champ au calvaire.

Il faut être bien nigaud, il faut en convenir,
Au moment où on devrait se divertir,
D’aller s’entretuer pour une femmelette
Qui vous a peut-être fait cornette.
Mais voilà que je sors du sujet
Au risque de me faire couper le sifflet
Par le vieux baron Michel de Bierset.

Le jour de 1325, à la Saint-Biètmé b
Jean de Waremme qui fut trompé,
Mais chevalier de toute bonne famille,
Au jarret musclé, dans sa frénésie c
Se fit amener Dave le moreau, 
Bardé de fer comme un tonneau d.
Hemricourt et Bert de Trognée e
Le suivirent sans plus tarder. f
Tout à coup voilà qu’accoururent en soutien
Les fils du seigneur d’Heure-le-Romain
Les Surlet de Liège, André de Melin
Les Wonck, les Proest et les des Preit
Fontaine, Fooz, Wihogne et Fastré
Messire de Weys, Guillaume de Russon
Chauvaux de Vivegnis, Bert de Clermont
Le chamailleur g Arnould de Jehay
Butoir son frère, Wathi de Borset,
Clermont h et le vieux Wilkar d’Awans
Deux vieux aveugles tout brandillant i.

J’en dirais bien jusqu’à demain ;
Il y en avait plus que d’épis d'engrain j,
Sans compter la troupe d’arbalétriers
Qui était là pour soutenir les cavaliers.

Les Warousiens s’étaient rangés
Ayant avec vaillance des bourbes traversé k
À leur tête on voyait Hermalle ;
Puis venaient les seigneurs de Momalle,
Warfuzée, Jaspar Vinalmont
Les Chantemerle et Julémont
Léonard de Cerf, Chabot, Damré,
Waroux, Coirleaux l, et les Deprez
Et jusqu’à Servais l’estropié 
Venu traquer son adversité.m

Au moment où on va à tour de bras s’écharper,
Se repaitre de sang et s’égorger,
Gérard de Sougnez et Goffin de Fetène n
Accoururent du côté de Fontaine
Crottés de boue et tout roselants o
Près de nos cavaliers étincelants
Braillant « Attendez, vous ne ferez rien
« Le prince de La Marck vous supplie
De rentrer comme tous bons Chrétiens
Dans vos châteaux et vos familles. » p
Jean de Warem' ne scrute plus leur visage,
Se retourne, ses épaules brimballent, q
Et dans les Warousiens il s'engage
Cherchant de tous les côtés Hermalle.
Ses yeux étincelaient comme l’éclair,
Ses coups pétaient comme le tonnerre
Il l’aperçut et se rua dessus.
Hermalle du coup redresse son cimier ;
Mais son cheval qui n’en peut plus
Tombe mort au milieu de la mêlée.
Le pauvre Hermalle de fatigue tout crevé
Se dégage à moitié écrasé ;
Arnoul de Jehay de son marteau r
Le rabat au sol et le mène raide au tombeau.s  
Chantemerle a hâte de le venger,
Plonge dessus et sans viser
D’un coup l’ajuste et l’écrabouille
À côté de son frère Butoir, la fripouille.

On s’étrilla toute la journée
Et ça ne prit fin qu’à la vesprée
Quand les seigneurs de Ville et de Berloz
S’en retournèrent par le chemin de Fooz.

Vous dire tous ceux qui trépassèrent
Serait trop long ; on les mit en terre
Cinq jours après la Saint-Biètmé ;
Disons pour eux un Pater et un Avé.


La Paix des lignages a mis fin à cette guerre en 1335 mais la situation politique de la région reste peu stable.
Les bourgeois des villes s'opposent sans cesse au prince-évêque et  parfois dans une extrême violence.
Les Hutois assiègent ainsi et rasent le château de Clermont-sous-Huy qu'avait particulièrement aimé l'évêque Adolphe de La Marck et où il a agonisé – cet édifice, situé au sommet du rocher d'Engihoul et qui contrôlait la navigation sur la Meuse, avait déjà été assiégé à la demande des bateliers, en 1095, par l'évêque Otbert et a fait partie de la mense épiscopale jusqu'à sa destruction par les habitants de Huy ; il n'a jamais été recontruit.

Les Hutois brulent ensuite Chokier et sur leur lancée, aidés des Liégeois et des Dinantais, attaquent et saccagent, en 1346, le château de Hermalle « en vengeance de ce que le pays avait été tant infecté et ravagé de la garnison qui s'y était tenue » [Gorrissen].

Le domaine de Hermalle va passer à différentes familles par successions et mariages dont le premier est celui de la fille d'Henri III.


Au XIVe siècle :

Henri III de Hermalle + Juliane de Haneffe (†1308) =>
  • Alix (ou Aélis ou Aleyde) de Hermalle
  • (?) Henri de Hermalle qui serait décédé à la bataille de Baswilre/Baesweiler au nord-est d'Aix-la-Chapelle) en 1371. 

Alix de Hermalle
(ca 1295-1356) + Arnoul (dit de Wassemberg) de Chaumont et de Lummen, dit aussi Arnold II d'Oudenaerde, le 12.10.1318.

Leur mariage se déroule le 12 octobre 1318 au château de Huy et fait l'objet d'un contrat détaillé [Codex-tableaux] :
- La dot comporte 200 livrées de terre (la livrée est une étendue de terre susceptible de rapporter une livre de rente au propriétaire) à percevoir chaque années sur divers biens, dont 30 bonniers (26,15 ha) arables au lieu-dit Malaise daleis Verme (non identifié), 14 bonniers (12,20 ha) à Ombret et 60 bonniers (52,30 ha) de bois situés le long de la Meuse près d'Engis.
- Cette dot peut être utilisée par le mari dès les épousailles et lui appartiendra jusqu'à la fin de sa vie si son épouse Alix décède avant lui sans avoir enfanté. Si cela se produit effectivement, Arnoul jouira de plus de 200 autres livrées de terre perçues sur l'héritage qu'Henri tient de son premier mariage mais le jeune homme ne pourra en bénéficier qu'après la mort de son beau-père.
- En échange, Arnoul donne en douaire à Alix pour la durée de sa vie toute l'avouerie de Hesbaye, Aigremont et son château, Awirs, Fexhe-le-Haut-Clocher, Chaumont et son manoir et encore Ghistoul (actuel Gistoux).  S'ils n'avaient pas d'enfant, le douaire sera restitué au plus proche héritier d'Arnoul mais en laissant à Alix, veuve, une rente de 800 livrées de terre assignée sur ces biens.
- Si les époux décèdent sans descendant(s), l'ensemble de leur héritage revient au plus proche parent, de chaque côté. [Carré2] 

Arnoul, Haut Voué de Hesbaye, s'adresse, en 1321, au prince-évêque de Liège Adolphe de la Marck, pour faire préciser les droitures (priviléges) de la Haute Avouerie de Hesbaye ; l'acte alors rédigé est signé par 62 personnes [Villenfagne] dont Henri III de Hermalle.

Au décès de ce dernier, Arnoul a hérité du titre de seigneur de Hermalle qu'il porte pendant 21 ans puisqu'il décède vers 1346 ; Alix, dame de Hermalle et avoueresse de Hesbaye, est enterrée à Hermalle quelque dix ans plus tard.  Ils n'ont pas eu de descendant mâle mais six filles dont les cinq « puinées » sont nommées dans l'acte du 7 aout 1339 par lequel ils nomment des fondés de pouvoir pour partager après leur décès leurs domaines de Hermalle, Chaumont, etc. entre ces demoiselles.[Codex-tableaux]
  • Jolantha/Yolande de Lummen/d'Oedaenaerde, par qui l'Avouerie passe à son mari Louis de Looz-Agimont
  • Juliane/Julienne de Lummen/d'Oedaenaerde (et non Marguerite comme on le voit parfois dans les arbres généalogiques ! [Codex-tableaux])
  • Élisabeth de Lummen/d'Oedaenaerde décédée jeune,
  • Marie de Lummen/d'Oedaenaerde,
  • Aleyde/Alix/Alice de Lummen/d'Oedaenaerde,
  • Félicité d'Oudenaerde 
Juliane de Lummen (ou d'Audenaerde) 
+ 1/ Jean de Wavre en Brabant cité dans un acte de donation de rente féodale sur les dîmes de Hermalle le 15 juillet 1356 comme « sire de Wavres et de Hermalle » et qui fait relief le 14.5.1357 =>
+ 2/ Guillaume dit ly Ardenois, sire de Spontin.

En 1373, la seigneurie de Hermalle consiste en  château, maison, villes, justices de Hermalle. En 1377, il est précisé : Terre, seigneurie, cens, rentes, hommages, terres, prés, eaux, bois, rentes…


Marie de Wavre en Brabant + [av.1377 Codex-tableaux] Engelbert d'Isle de la Canges dit de Haccourt, sire de Haversin, qui fait relief le 30.6.1381 =>
  • Jean(†1405),
  • Agnès de Haccourt, dame d'Ossogne, et
  • Marie de Haccourt

photo et schéma de la dalle funéraire

N.B. La dalle funéraire d'Englebert de Haccourt (†1415), de Marie de Wavre (†1419) et de leur fils Jean (†1405),
qui se trouvait dans l'église de Hermalle, a été déplacée contre le mur nord de la tour de l'église,
à droite au début du cimetière) lors du renouvellement du carrelage.
Notre illustration présente le décor et la silhouette des trois personnes à gauche,
et la pierre, telle que dressée verticalement dans le cimetière et sur laquelle le Centre de créativité engissois
a recréé symboliquement les incrustations de laiton qui l'ornaient à l'origine.

Le bandeau qui entoure la dalle porte comme texte :
chi giest mesire englebier de hacour chavelier jadis sir de harmale ki trepasat lan M CCCC et XV
chi gist dame marie de waveri son espeuse jadit dame de hermalle ki trepasat lan M CCCC et XIX
chi gist johans leus fies ki trepassat lan M CCCC et V le jour s lulze

Marie, au centre, est représentée portant une coiffe avec guimpe, une cotte (visible aux poignets) et un manteau, un chapelet et une aumônière.
Son mari Engelbert porte armure et manteau, éperons, épée. Un chien est couché aux pieds du père et du fils.
Les trois personnages sont surmontés chacun d'une main bénissante.



Au XVe siècle :

Marie de Haccourt + Charles de la Rivière d'Aerschot (†21.5.1461) qui fait relief le 16.2.1435 =>
  • Englebert de la Rivière (†1440),
  • Raës/Rasse de la Rivière/de Heers,
  • Marie de la Rivière et
  • Aleyde ou Aelid de la Rivière.  
Raes, dit seigneur de Lintre, propriétaire du château de Heers, devint devint un bourgmestre de Liège en 1463 ; fort apprécié selon les uns, tyrannique selon les autres, il fut l'un des trois chefs de l'armée liégeoise à la bataille de Brusthem (à 4 km. de Saint-Trond), le 28 octobre 1467, contre Charles le Téméraire qui remporta le combat et, entre autres sanctions, brula le château de Heers et confisqua les biens de Raës.
Celui-ci dut se réfugier chez le roi de France Louis XI.  Il revint à Liège en mai 1477 et mourut en octobre de la même année. Sa deuxième épouse et veuve, Pentecôte d'Arkel, connue pour son courage héroïque et pour s'être mise à la tête des Hutois aux côté de son époux, ne mourut qu'en 1509.
Le domaine de Hermalle se transmit par la fille Aleyde.

^la dalle funéraire

Ce qui reste, en 2014, de la dalle funéraire de Marie de Haccourt († 29.1.1457) et Charles de la Rivière dans l'église de Hermalle.
Le nom de leur fils Englebert (†1440), décédé en revenant du Saint Sépulcre et enterré à Rhodes, y est gravé pour mémoire.  
Seule Marie, cependant, fut réellement enterrée dans l'église ; son époux fut inhumé au monastère de Saint-Jacques à Liège [Borman]


L'épitaphe complète gravée autour de la pierre était :

Nouble homme Damoisea Charle de la Rivière, Saingour de Heers, de Hermalle, & de Horpalle, qui trépassat l'an M. CCCC…
Chy gist Damoiselle Marie de Haccour son épouse qui répassat l'an M.CCCC.XVII. mois de Janvier XXIX…

Autour de l'effigie du jeune homme :
Memoire de Messire Englebier de la Riviere Chevalier leur fis qui trépassat en revenant de Saint Sepulchre ens le yelle de Roode & fut ensevelis en l'Englise de St. Antoine l'an M.CCCC.XL. le jour sains Lambier.

Dieux aye de son ame mierchis,
Car moult estoit prois & hardis
S'il fut courtois & debonnair,
Graçois en tout ly affair ;
Partant est-ilb chi figureis
Qui jamais ne foit oubliez :

Priez à vraye Roy Jesuchrit
Qui mette nos ames en Paradis.
Amen
 
[Recueil-Bourguemestres]


Aleyde de la Rivière + Guillaume de Corswarem, dit de Momalle d'Emptinnes (échevin et bourgmestre de Liège en 1477, échevin en 1483) [Recueil-Bourguemestres] qui fait relief le 7.11.1464 => Englebert de Corswarem, dit de Momalle
Guillaume «  de Moumale » fut fort apprécié et participa avec son collègue au rétablissement du bon ordre de la ville de Liège. C'est pendant son mandat que le perron de Liège, qui avait été transporté à Bruges sur l'ordre du duc de Bourgogne, fut ramené en grande pompes dans la cité, le 11 juin 1478.

Englebert de Corswarem, dit de Momalle d'Emptinnes, un des nombreux signataires du traité de Maestricht du 5.5.1492 qui ratifiait la Paix de Donchéry, première base de la neutralité liégeoise, + Catherine d'Argenteau de Boulant => Isabelle/Isabeau de Corswarem, dite de Momalle

Isabelle de Corswarem, dite de Momalle qui fait relief le 22.6.1496, † 1539, + Englebert  de Rougrave ou de Salme qui fait relief le 19.9.1501 => Johan/Jean de Salme dit de Héracourt ou Haraucourt

Au Moyen Âge, la population fut taillable et corvéable à merci ; aux XIIIe et XIVe siècle, elle a subi de plus guerres, famine et peste.

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Notes  flèche


[6] Il est intéressant de noter que divers auteurs (dont le Baron de Reinsberg-Düringsfeld) citent un Jean de Hermalle, né en 600.  Ce propriétaire-agriculteur aurait reçu la visite, dans son champ, d'un pèlerin qui lui aurait annoncé qu'il deviendrait évêque.  Incrédule, Jean aurait répondu, en fichant en terre un bâton qu'il tenait « Ce bois sec portera fruits plus tôt que ne s'accompliront tes paroles. » Aussitôt le bâton se couvrit de feuilles, de fleurs qui se transformèrent en fruits (les pommes de Saint-Jean bien connues dans la région).
Jean fut donc nommé par le roi Dagobert évêque de Tongres (après Saint Ébrégise et avant Saint Amand), et fut appelé Jean l'Agneau en raison de la douceur de son caractère et malgré sa grande taille (un de ses tibias de 53 cm de long constitue une relique de l'église de Nassogne). Il mourut le 25 juillet 637 et est toujours vénéré par la population huttoise qui le fête le 25 juillet.   La tradition dit aussi que la mère de Jean de Hermalle aurait fondé le monastère des Dames blanches à Maastricht.  La vie de Jean de Hermalle a été relatée par l'historien et mathématicien Hériger de Lobbes (vers 925-1007) ; Heriger précise qu'il emprunte l'histoire du saint à la tradition : « cujus vitam et gesta, ut auditu tantum et relatione a majoribus et aetale provectioribus accepimus, nos quoque perpaucis absolvamus ». (Gesta, chap. XXIX).
Pour mémoire, le VIIe siècle est nommé le siècle des saints, même si le culte de certains et certaines fut promu par des membres de leur famille soucieux de renforcer les droits d'un sang noble par la légitimité d'un patronage spirituel. Chrodoara, par exemple : elle fut probablement la grand-mère de la célèbre abbesse d'Oeren. Issue d'un célèbre lignage, devenue veuve après avoir eu des enfants, elle se retira dans une fondation pieuse pour y achever ses jours. Peut-être en fut-elle abbesse… Elle mourut en 634 et fut élevée au rang de sainte au VIIIe siècle. On peut admirer son superbe sarcophage, découvert en janvier 1977, dans la collégiale Saint-Georges d'Amay, ville que selon la légende elle fonda sous le nom de Sainte-Ode.  flèche

[7]  Plus de détails sur les fouilles du Thier d'Olneflèche

[8]  Voir la Guerre des Awans et des Waroux, lire le Traité des guerres d'Awans et des Waroux de Jacques de Hemricourtflèche


Notes des auteurs qui ont transcrit le poème wallon sur la bataille de Dommartin :

[1] Voyez Hemricourt, Histoire des guerres d’Awans et de Waroux, à la suite du Miroir des nobles de la Hesbaye. retour au texte

[2] Voyez Bovy, promenades historiques, tome 2, p. 236. retour au texte  

[3] Le dimanche 25 août. retour au texte  

[4] Le cheval moreau, appartenant au seigneur de Dave. retour au texte  

[5] Jean, Ernus et Boynan. retour au texte  

[6] Ces deux derniers étaient frères de Jean de Waremme. retour au texte  

[7] Wilkâr. retour au texte  

[8] ? retour au texte  

[9] Alexandre de Saint Servais quy des deux mains et d’on piet estoit affoleis. V. Hemricourt p. 358. retour au texte  

Note des traducteurs (Nicole Hanot et Philippe Gillet, avec l'aide très appréciée de Lucien Mahin) de ce poème :

[a] Aujourd’hui : Rodge Male = la marne rouge (de sang). Selon Gaïer et C. Masson, l'endroit se serait appelé dès avant la bataille Rochemale. retour au texte

[b] Saint-Biètmé  =  Saint-Barthélémy. C'était un dimanche, jour chômé selon la coutume catholique... sauf pour le déroulement des batailles. retour au texte

[c] En wallon : sans attimprance = impatient [d’en découdre].. retour au texte

[d] Moreau désigne la couleur très noire d’un cheval. Hemricourt précise que Jean de Waremme, l’homme le plus grand et fort de tout le pays, avait emprunté ce destrier au seigneur de Dave car il avait besoin d’une bête puissante, capable de le porter toute une journée, lorsqu’à son propre poids s’ajoutait celui de sa lourde armure. Aucun autre cheval n’aurait pu supporter une telle charge. Le cheval est ici nommé du nom de son propriétaire, Guarnier seigneur de Dave qui, selon Hemricourt, de voulait pas participer à la guerre, mais a pu « prêter » sa bête en soutien à son parent sans pour autant courir de risque personnel.
Le destrier, à l'époque, était protégé d'une armure de fer sommaire généralement dissimulée sous un caparaçon de tissu. On peut se demander si Lamkiné d’ fiér comme on tonnai se rapporte ici au cheval ou au chevalier, même si l'armure de l'animal, au niveau de l'encolure, faisait effectivement penser au cerclage des tonneaux. retour au texte

[e] Robert de Trugnée selon Hemricourt. « Bert » est le surnom attribué indifféremment, selon Jean Haust, aux Albert, Hubert, Lambert, Robert, etc., correspondant à Bébert pour un enfant. retour au texte

[f] En wallon : à int’ coût’ hapaie = après un court moment. retour au texte

[g] Le terme wallon mâhutin est celui qui a posé le plus de problème de traduction.  Il semble composé de () signifiant mauvais et hustin (hutin) renvoyant à hustiner = quereller, houspiller – Hutin est un terme de français signifiant emporté, querelleur ; il a servit de surnom (ex. Louis X de France = Louis le Hutin) avant de devenir nom de famille. Arnoul de Jehay fut décrit dans les textes comme haineux, cruel, vindicatif. retour au texte

[h] Libert Butoir, seigneur de Clermont, selon Claude Gaier et André Joris, Armes et combats dans l’univers médiéval II, De Boeck, & Larcier, Bruxelles, 2004, p.123. retour au texte

[i] Synonyme de oscillant. retour au texte

[j] En wallon : dès paut’ di wassin = des épis de seigle. Pour la rime, nous avons préféré le terme engrain, céréale de la même famille que le seigle, se présentant comme lui en épis, ou plus exactement en épillets, et qui est attesté comme cultivé par les Celtes dans le val mosan (et à Hermalle) dès la période de Halstatt. retour au texte

[k] Autre difficulté de traduction. Pouhî = puiser ; réfléchi, le verbe signifie se mouiller les pieds malgré les souliers ; intransitif, il se traduit par prendre l'eau ; dans l'expression ni va nén la, ça pou(j)he, il signifie embourber.  L'impossibilité de mettre la main sur une carte de l'époque pour déterminer si le lieu du combat était boueux, ni de connaitre les conditions météo des jours précédents oriente notre traduction : pour arriver sur le champ de bataille, les combattants furent obligés de passer des gués (celui de la Meuse pour Henri de Hermalle), des ruisseaux, des terres où stagnent les eaux et les limons. D'autre part, le texte précise que les envoyés du prince-évêque arrivèrent tout crottés… retour au texte

[l] Ce nom est donné par Jean-Pierre Paul Bovy, Promenades historiques dans le pays de Liège, tome II, imp. P.-J. Collardin, Liège, 1839. retour au texte

[m] En wallon k’chessî ses mâs = pourchasser ses maux. Selon Hemricourt, Alexandre de Saint-Servais était estropié des deux mains et d’un pied.  retour au texte

[n] Goffin de Fétine. Ces deux personnes étaient Bourgeois de Liège, Officiers de la justice des fiefs du prince-évêque. retour au texte

[o] Roselant = de couleur rose en ancien français). retour au texte

[p] En wallon : coulaie = coin du feu -> foyer, maison, famille. retour au texte

[q] En wallon hossant les s’pales = haussant les épaules. Brimbaler, qui nous convient pour la musicalité, signifie remuer en faisant du bruit. Pour mémoire, les armures n'étaient pas silencieuses… retour au texte

[r] En wallon s’crâw’ di fiér = sa crosse de fer. Le marteau d’armes, parfois appelé bec-de-corbin en raison de sa ressemblance avec le bec d'un corbeau, était conçu pour le combat rapproché ; le coup pouvait briser les os mais aussi limiter les mouvements en faussant les articulations des armures. retour au texte

[s] En wallon touwer = tuer, abattre ; touweû = assommoir, massue pour tuer les bœufs. Henri III succomba sous ses coups et les bessurs occasionnées par le piétinement des chevaux. retour au texte  








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